Irina Margareta Nistor
Eugen Cojocariu, 24.08.2021, 19:21
Nous avons interrogé
Irina Margareta Nistor sur le cheminement qui l’a menée là : « Si on
aime beaucoup une langue, comme le français, et si on aime le cinéma, cela nous
fait entrer dans un film où il ne nous adviendra que de bonnes choses. C’est
comme un très beau film, que nous prenons tous plaisir à regarder. »
Alors que toute
sa carrière s’est faite dans le cinéma, Irina Margareta Nistor n’est pas
diplômée d’une école de film. Elle nous explique son parcours universitaire :
« D’un côté, je n’ai pas pu passer l’examen en cinéma, car on n’organisait d’examen
d’entrée pour la section de critique de film que tous les deux ans. D’un autre
côté, ma mère était professeure de français, j’ai donc choisi de faire langues
étrangères, et j’ai aussi opté pour l’anglais. C’est très important d’être
diplômée en langues étrangères, cela permet de découvrir le monde et les films
autrement. Et ça ouvre des débouchés ! Sans parler d’autres langues, je
crois que j’aurais eu plus de difficultés à sortir du chômage, à un moment
donné. »
La Voix, que
tous les Roumains connaissent, nous a expliqué comment elle perçoit le fait
d’être reconnue par des millions de personnes. Irina Margareta Nistor : « J’ai
reçu énormément de compliments. J’ai l’impression que c’est un pays avec une
mémoire très vive, si 30 ans après, les gens se souviennent encore de moi.
D’accord, je comprends, ils étaient jeunes à l’époque, et peut-être qu’une
partie d’entre eux se rendaient compte des manques qu’ils subissaient. J’ai
récemment reçu un message sur Facebook qui m’a beaucoup flattée et qui disait :
si un extraterrestre venait me voir et me demandait ce qu’est le cinéma, je lui
dirais de regarder Irina Nistor dans les yeux quand elle parle de films avec
tant de passion. J’ai trouvé ça très beau, car j’aime vraiment le cinéma. Là,
par exemple, j’ai très hâte d’entrer dans la salle voir le film. J’ai beaucoup
apprécié le fait de recevoir cette décoration juste avant le début d’un
festival de film. »
Pour Irina
Margareta Nistor, les récents succès des réalisateurs roumains dans les
festivals internationaux s’inscrivent dans une évolution tout à fait
naturelle : « Si on leur pose la question, ils ont tous eu des modèles,
et qui sont souvent les mêmes. Il s’agit de Lucian Pintilie, d’Alexandru Tatos,
de Liviu Ciulei, de Stere Gulea. Le point de départ est là. Et je crois aussi qu’ils
ont eu un désir très fort d’inventer quelque chose de nouveau et de mettre la
Roumanie sur les cartes. Avant, on détestait vraiment quand, dans un programme
de cinéma, on passait de la Pologne à la Russie, en occultant complètement la
Roumanie. »
Nous avons également
demandé à Irina Margareta Nistor quel genre de film réussit aux réalisateurs
roumains contemporains : « Ils réussissent très bien les films à
prix, les films de festivals. Mais j’aimerais vraiment qu’ils réussissent les
films et populaires et à prix. Je vais vous donner l’exemple le plus évident.
En plus, ça me rend très fière, car il a reçu lui aussi la même médaille. Il
s’agit de Radu Mihăileanu, qui a réalisé « Le Concert ». Le film a
gagné quelques Césars et puis c’est un film qui guérit toute dépression. Je le
recommande à chaque fois que quelqu’un me demande ce qu’on peut regarder pour
tout oublier. »
Nos
félicitations vont à Irina Margareta Nistor pour cette récompense. La Voix
cinéphile est toujours, et avec enthousiasme, à nos côtés. (Trad. Elena Diaconu)