« Monica Lovinescu – la voix qu’on nous a donnée »
L'ancienne résistante et journaliste roumaine Monica Lovinescu est mise à l'honneur dans une exposition éponyme à la casa Mița Biciclista de Bucarest.
România Internațional, 31.01.2024, 14:03
L’ancienne résistante et journaliste roumaine Monica
Lovinescu est mise à l’honneur dans une exposition éponyme à la casa Mița Biciclista de Bucarest. En se basant sur des archives de
l’ancien régime communiste et des documents personnels, cette exposition nous
présente la vie de celle qui incarnait la voix de Radio Europa Liberă des
années 1960 jusqu’à la chute du régime en 1989. Un récit qui surpasse les
frontières radiophoniques, et livre l’histoire d’une femme engagée pour son
pays et la lutte pour la liberté.
Fille du célèbre écrivain roumain,
Eugen Lovinescu, Monica Lovinescu était promise à un grand destin. Etudiante
parisienne, metteuse en scène puis résistante et journaliste notable, sa vie
fut aussi riche que mouvementée. Ennemie officielle du gouvernement roumain,
mais secrètement écoutée et adulée par la population, Monica Lovinescu a
contribué à diffuser l’information au sein d’un pays où la liberté d’expression
était confisquée. De 1961 jusqu’à la chute du régime dictatorial en 1989, la
journaliste a permis à ses compatriotes de se tenir informés de l’état du monde
au-delà du rideau de fer depuis son appartement parisien.
Son œuvre continue de vivre au XXIème
siècle et a récemment reçu un second souffle. Depuis novembre 2023, la vie
méconnue et mouvementée de Monica Lovinescu est dévoilée dans une exposition
éponyme à la Mița Biciclista de Bucarest. Plus
de 30 ans après la fermeture d’Europa Liberă, la voix iconique de la radio est
rattachée pour la première fois à une personne physique, dont on découvre
l’histoire au fil des pièces que l’on traverse. Cette exposition se
présente comme un double récit qui mêle des éléments personnels de la vie de
Monica Lovinescu à des éléments de contexte historique. La visite est
agrémentée de reconstitutions d’époques, comme un appartement roumain des
années 50, et un autre des années 80. On retrouve également des extraits
audiovisuels d’époque, ainsi que des courriers personnels privés hérités de
Monica Lovinescu elle-même. Enfin, on retrouve des documents déclassifiés de
l’ancienne milice roumaine, la Securitate, tels que des photos de filage et des
transcriptions téléphoniques.
Cette œuvre participe à un travail de
mémoire important pour la Roumanie. Pour la Mița Biciclista, il s’agit de la deuxième exposition accueillie depuis sa
réhabilitation en centre privé en 2022. En attendant de trouver un repreneur
pour l’exposition, la mémoire de la journaliste continuera au moins de vivre au
travers d’une statue érigée en son honneur en décembre dernier, dans le
quartier Cotroceni de Bucarest. Initialement prévue jusqu’au 30 décembre
l’exposition a été prolongée jusqu’au 4 février, victime de son succès.
Alan
Le Cunff est allé à la rencontre de Sabine Schneider, membre de l’association
ARCEN et coordinatrice de l’exposition. Voici son reportage, pour Radio
Roumanie Internationale.