Le gouvernement de Bucarest prépare le 2e paquet de mesures fiscales
Objctif : réduire le déficit budgétaire.

Corina Cristea, 21.08.2025, 13:10
9,3 % du PIB – la valeur du déficit public de la Roumanie en 2024
Cela fait déjà 5 ans que la Roumanie est concernée par une procédure de déficit excessif. Et désormais, c’est l’heure où les mesures pour le réduire ne peuvent plus attendre, car en cas contraire, Bucarest court le risque de se voir suspendre l’allocation de fonds européens. 9,3 % du PIB – était la valeur du déficit public de la Roumanie en 2024, la plus grande de l’UE, et beaucoup supérieure à la cible de 7,9 % assumée par les autorités. Cependant, Bucarest n’a pas pris de mesures efficaces pour remédier à la situation, constate la Commission Européenne qui a demandé à la Roumanie de présenter d’ici le 15 octobre prochain un plan efficace pour réduire son déficit.
Le premier paquet de mesures d' »austérité » est entré en vigueur le 1er août
Un premier pas dans cette direction a déjà été fait par le gouvernement dirigé par le libéral Ilie Bolojan, qui a récemment engagé sa responsabilité sur un premier paquet de mesures dites « d’austérité » comportant entre autres la hausse de la TVA et de plusieurs accises, la collecte de l’assurance de sécurité sociale auprès des retraités touchant une pension supérieure à 3 000 lei (600 euros), le gel des dépenses publiques en matière de salaires et de pensions de retraites, ou encore la réduction du financement des partis politiques. Le gouvernement a aussi surmonté avec succès une première motion de censure déposée à son encontre par l’opposition populiste du Parlement de Bucarest. Les mesures de ce premier paquet sont entrées en vigueur le 1er août et suscitent déjà le vif mécontentement des syndicats.
Le 2e paquet de mesures fiscales
N’empêche, l’Exécutif prépare un 2e paquet de mesures visant à réduire le déficit budgétaire, toujours en engageant sa responsabilité, la procédure la plus rapide pour faire adopter un acte normatif, mais aussi la plus risquée. Parmi les mesures envisagées mentionnons : une taxe sur le profit des compagnies multinationales, une autre sur les colis extra-communautaires ou encore sur les revenus issus des locations à des fins touristiques, tout comme plusieurs changements visant le fonctionnement des sociétés commerciales.
Le ministre des Finances, Alexandru Nazare précise : « Les messages les plus importants du 2 paquet fiscal visent à renforcer la collecte, à décourager les pratiques agressives d’optimisation fiscale et les optimisations fiscales en général, à nettoyer le milieu des affaires de ce que l’on appelle les sociétés inactives, il y en a plus de 460 000 datant de différentes périodes, certaines d’il y a 10 ans même, et qui nous empêchent de faire une administration correcte et à protéger les contribuables corrects. Nous nous sommes engagés devant nos partenaires à réduire le déficit et à avoir une trajectoire crédible et nous avons donc besoin de telles mesures, justement pour transmettre les messages corrects »
Risque d’incapacité de paiement
D’ailleurs, le risque pour l’Etat roumain d’atteindre l’incapacité de paiement cet automne est très grand en l’absence de ces mesures, a mis en garde, à son tour, le premier ministre Ilie Bolojan. C’est pourquoi l’Exécutif a décidé d’engager sa responsabilité sur ce 2e paquet, le plus probablement la semaine prochaine. Il reste encore à clarifier plusieurs aspects et à mettre au point les derniers détails, précise le président du Sénat roumaine, le libéral Mircea Abrudean, qui s’est dit sceptique quant à la possibilité pour les partis de la coalition gouvernementale (Parti Social-Démocrate, Parti National Libéral, Union Démocrate Magyare de Roumanie, Union Sauvez la Roumanie) de voter une nouvelle motion de censure.
Ces remarques surviennent après que le PSD a fait part de ses objections concernant plusieurs mesures du 2e paquet, notamment celles concernant les investissements financés par le Plan National de Relance et de Résilience et par le programme de modernisation des infrastructures routières, de distribution de l’eau et du gaz « Anghel Saligny ».
Dans l’opposition, le leader des sénateurs de l’Alliance pour l’Union des Roumains, Petrişor Peiu, a fait savoir que son parti allait déposer une motion de censure contre le gouvernement, s’attendant à ce que les parlementaires d’autres partis la soutiennent. (trad. Valentina Beleavski)