Quatre motions de censure contre le Gouvernement roumain
A Bucarest, le gouvernement se confronte à pas moins de quatre motions de censure déposées par l’opposition ultranationaliste et populiste.
Ştefan Stoica, 04.09.2025, 14:02
L’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), l’opposition ultranationaliste et populiste du Parlement roumain tente à nouveau de renverser par motion de censure le gouvernement pro-européen de la coalition formée du Parti social-démocrate, du Parti national libéral, de l’Union Sauvez la Roumanie et de l’Union démocrate magyare de Roumanie. La première tentative de destituer le gouvernement a eu lieu lors de l’adoption par engagement de la responsabilité gouvernementale du premier paquet de mesures censées réduire le déficit budgétaire excessif de la Roumanie. Cette première motion a été rejetée et le paquet de mesures est entré en vigueur au 1er août.
Quatre motions de censure
Désormais, l’AUR propose quatre motions de censure, relatives à 4 des 5 projets de loi que le gouvernement compte faire adopter toujours par l’engagement de sa responsabilité. Ceux-ci visent des changements au sein des systèmes fiscal, sanitaire et judiciaire, ainsi que de l’administration des entreprises d’Etat et des principales autorités de régulation. L’AUR ne conteste toutefois pas les modifications à la loi qui réglemente le régime de retraite des magistrats, qui limitent les montants et augmentent progressivement l’âge du départ à la retraite dans le système judiciaire.
Critiques majeures contre le gouvernement
Dans ses quatre motions, l’opposition dénonce les abus législatifs et les mesures d’austérité adoptées par le gouvernement en engageant sa responsabilité, c’est-à-dire sans aucun débat, ni consultation publique et aussi en l’absence d’un vote du Parlement. « Le gouvernement a épuisé toutes les ressources politiques et fait preuve de son incapacité de gouverner », déplore l’AUR. Conformément à ce parti qui se déclaré souverainiste, au lieu d’un débat transparent, l’actuel pouvoir a préféré s’attribuer le droit de dicter des lois à son gré, défiant la logique de la démocratie et le principe de la séparation des pouvoirs de l’Etat. A son avis, cette pratique ne fait que transformer le Parlement en une annexe formelle et, par conséquent, le peuple roumain est dépourvu de son droit fondamental à la représentation. Dans le texte de la motion, les populistes ultranationalistes accusent l’Exécutif de nuire à l’économie, aux entreprises d’Etat, aux institutions autonomes et au secteur sanitaire.
Un paquet de mesures extrêmement nuisible
Ils affirment aussi que le maintien de l’impôt minimum sur le chiffre d’affaires étouffé les petites entreprises, alors que les multinationales bénéficient de différents mécanismes de déduction. En même temps, la majoration de l’impôt sur les transactions boursières ne fera que détruire le marché autochtone des capitaux, alors que l’introduction d’une taxe supplémentaire sur les transporteurs augmenterait les coûts, tout en réduisant la compétitivité. Enfin, de l’avis des élus de l’AUR, la motion à l’encontre du projet visant la gouvernance d’entreprise des compagnies publiques illustre clairement que l’Etat roumain serait en situation de désavantage par rapport à ses propres compagnies. Et pas en dernier lieux, les ultranationalistes estiment que la réforme des institutions de régulation dans les domaines financier, de l’énergie et des télécoms est entièrement fausse. Enfin, le quatrième projet attaqué par motion de censure, celui qui vise la Santé, contient des mesures par lesquelles on fait des économies au budget de l’Etat tout en sacrifiant les patients, accusent les populistes.
Aucune chance de faire passer les quatre motions
A noter que la coalition gouvernementale elle-même n’est pas non plus épargnée de tensions, en raison de l’ajournement du projet portant réforme de l’administration publique locale. Et pourtant, les analystes politiques n’accordent aucune chance aux motions de censure de l’opposition nationaliste.