Des divergences dans le système judiciaire
Nouvelles manifestations contre les anomalies de la justice en Roumanie.
Bogdan Matei, 12.12.2025, 13:11
En 2017 des centaines de milliers de roumains sont descendus dans les rues pour manifester contre le fait que Liviu Dragnea, le leader de l’époque des sociaux-démocrates, essayait de passer des ordonnances d’urgences visant à subordonner la justice et freiner la lutte contre la corruption. Plus tard, Liviu Dragnea a lui-même été condamné à la prison ferme précisément pour des actes de corruption, et donc obligé de quitter le Parti Social Démocrate. Par ailleurs, selon les médias de Bucarest, l’indépendance de la justice s’est transformée en une dictature des magistrats dont les décisions, qu’il s’agisse de celles de la Cour Constitutionnelle ou des tribunaux de province, ont fait s’effondrer la confiance de la société dans le système. Aujourd’hui, les Roumains descendent de nouveau dans les rues, non plus pour défendre les représentants du système judiciaire, mais pour protester contre leur arrogance, suffisance et cynisme. Selon les organisateurs des manifestations une enquête des médias a prouvé comment la corruption a pris le contrôle du système, avec l’aide tacite des politiciens qui ont voté les lois sur la justice.
« Il faut dire que la situation est devenue intolérable, et que maintenant les politiciens qui souhaitent soutenir un état de droit, ainsi que les représentants honnêtes de la Justice doivent résoudre ces problèmes. Ce qui se passe dans la justice nous affecte tous. Tout comme la corruption affecte la vie publique chaque jour » affirment les manifestants.
Ils réclament non seulement la révocation de la juge Lia Savonea, présidente de la Haute Cour de Cassation et de Justice, mais aussi la démission de la direction du Parquet national anticorruption, et celle du ministre libéral Catalin Predoiu, lequel dirige aujourd’hui le Ministère de l’Intérieur, et qui était à la tête du ministère de la Justice quand les faits ont été dénoncés par les médias. Les manifestants exigent aussi la réévaluation des compétences du Conseil Supérieur de la Magistrature, ainsi que des nouvelles lois visant à éliminer des délais permettant le report des procès jusqu’à leur prescription.
Réactions des magistrats soutenant l’investigation des média
Presque 200 procureurs et juges faisant partie de la majorité des tribunaux importants ont signé une lettre de soutien pour les magistrats qui avaient dénoncé les anomalies dans le système. Ils ont montré qu’il ne s’agissait pas de cas isolés mais de problèmes systémiques. « La vérité et l’intégrité ne doivent pas être punies mais protégées » ont transmis les magistrats qui ont signé une lettre ouverte.
En revanche la Section des Juges du Conseil Supérieur de la Magistrature affirme que l’enquête médiatique fait partie d’un plan bien mis au point qui vise à déstabiliser le pouvoir judiciaire par la destruction de la confiance dans le système de la justice et dans ses leaders.
La direction de la Cour d’Appel de Bucarest dénonce quant à elle un lynchage médiatique et une diabolisation par la manipulation.