La semaine du 6 au 10 septembre
Daniela Budu, 11.09.2021, 13:31
Crise gouvernementale à Bucarest
Avancée par l’Union Sauvez la Roumanie-PLUS (ancien partenaire au pouvoir) et l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR, l’opposition nationaliste), la motion de censure contre le gouvernement dirigé par le libéral Florin Cîţu, a été lue jeudi, en séance plénière du Parlement de Bucarest. Ciblé sur des sujets tels les investissements, la santé, l’éducation et l’infrastructure, le document affirme que la Roumanie a à sa tête un gouvernement qui manque de soutien parlementaire et un premier ministre intéressé uniquement par la compétition interne à son propre parti politique. Les débats et le vote auront lieu après que la Cour constitutionnelle se soit prononcée sur la saisine formulée par le premier ministre, Florin Cîţu, quant à l’existence d’un conflit juridique de nature constitutionnelle entre l’Exécutif et le Législatif au sujet de la motion de censure. Le président de la Chambre des députés, le libéral Ludovic Orban, en compétition avec Florin Cîtu pour la direction du PNL, considère que la décision de reporter le calendrier des débats et du vote est profondément anticonstitutionnelle. La présidente du Sénat, Anca Dragu (de l’USR-PLUS), affirme que les libéraux usent de touts les subterfuges pour empêcher les débats et le vote sur la motion de censure. Monsieur Cîtu a déclaré qu’en cas de décision favorable de la Cour constitutionnelle, il exigerait la démission des présidents des deux Chambres du Parlement. Rappelons-le, l’USR-PLUS a avancé une motion de censure et réclamé la démission du premier ministre, après que celui-ci a révoqué de ses fonctions le ministre USR de la Justice, Stelian Ion. Ultérieurement, tous les ministres USR PLUS ont démissionné, tandis que les secrétaires et les sous-secrétaires d’Etat, les préfets et les sous-préfets en ont été révoqués.
Visite en Suisse du chef de l’Etat roumain
En visite officielle en Suisse pour marquer les 110 années de relations diplomatiques bilatérales, le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a déclaré au sujet de la crise politique roumaine, que la situation n’était pas si préoccupante. Lors des pourparlers avec son homologue suisse, Guy Parmelin, Klaus Iohannis a rappelé que la Confédération helvétique était dixième au classement des investisseurs étrangers en Roumanie et qu’il espérait bien que les investisseurs suisses continuent à s’intéresser à notre pays. Le leader de Bucarest a tenu à remercier son homologue suisse pour le soutien de Berne à l’adhésion de Bucarest à l’Organisation de coopération et de développement économiques, OCDE. Pour sa part, le président suisse a rappelé que les deux pays partageaient de nombreux points de vue. D’autres sujets à l’agenda des discussions : l’éducation, la cybersécurité, la recherche et l’innovation.
Réunion annuelle de la diplomatie roumaine
Les travaux de la Réunion annuelle de la diplomatie roumaine ont eu lieu trois jours durant à Bucarest, aussi bien en présentiel qu’à distance. Les principaux thèmes de débat ont été les actuels défis sécuritaires, la résilience dans le contexte pandémique et le renforcement de la coopération entre les pays européens. Les participants se sont également penchés sur le rôle de la Roumanie dans la perspective de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, ainsi que sur la réforme consulaire déroulée au niveau du Ministère roumain des Affaires Etrangères depuis le début de l’année. Les invités spéciaux de cette réunion ont été le chef de la diplomatie grecque, Nikos Dedias, et la secrétaire générale de l’OSCE, Helga Schmid. Le ministre roumain des Affaires Etrangères a mis en évidence l’émergence de nouveaux défis de sécurité dans la région et dans le monde, l’occasion pour son homologue d’Athènes de réitérer l’importance de la solidarité face aux menaces transnationales. La secrétaire générale de l’OSCE a quant à elle affirmé que la diplomatie plurilatérale restait l’unique solution viable pour une gestion efficace des actuels problèmes de sécurité. Parmi les invités de Bucarest, notons aussi la présence du chef de la diplomatie moldave, Nicu Popescu. La République de Moldova, tout comme les pays du voisinage oriental de la Roumanie, continue à subir différentes pressions de l’extérieur, a tenu à préciser le ministre roumain, Bogdan Aurescu. Son homologue de Chişinău a expliqué que son pays était depuis quelques années déjà confronté à une hausse de la corruption, parallèlement à un affaiblissement de la force de l’Etat et de ses institutions, d’où une baisse de la résilience, y compris face aux conséquences de la pandémie.
La Roumanie, en proie à la quatrième vague pandémique
Le nombre de nouveaux cas de contamination, rapportés par la Roumanie cette semaine, a dépassé la barre des 2000 cas en 24 heures. Le bilan des décès s’est également alourdi, tandis que le nombre de personnes dépistées positives et hospitalisées dans des unités de Réanimation est à la hausse. Les experts affirment que le pays est touché par la quatrième vague pandémique et recommandent à la population de respecter les mesures sanitaires et de se faire vacciner. Pourtant, les Roumains ne s’empressent pas à se faire immuniser contre la Covid-19. A l’heure où l’on parle, seulement 31% d’entre eux sont entièrement vaccinés, soit 5,2 millions de personnes. Selon l’Institut national de santé publique, plus de 80% des cas de coronavirus, identifiés la semaine dernière, étaient des personnes non vaccinées. D’ailleurs, une majorité écrasante, denviron 93%, des décès provoqués par linfection au nouveau coronavirus concerne des gens non vaccinés, tandis que 5% des victimes étaient partiellement vaccinées. Les autorités ont affirmé faire des efforts pour augmenter le nombre de lits dans les unités de réanimation-soins intensifs, parallèlement à la mise en place de plusieurs centres de vaccination mobiles, notamment à la campagne et dans les campus universitaires. Les enfants roumains se préparent pour une nouvelle année scolaire. Prévue le 13 septembre, la rentrée se fera en présentiel et les cours seront dispensés dans les salles de classe tant que le taux d’incidence reste en dessous de 6 cas pour mille habitants. N’empêche, le gouvernement roumain a décidé de prolonger l’état d’alerte de 30 jours, sans mettre en place de nouvelles restrictions sanitaires. Jeudi, le Comité national pour les situations d’urgence a mis à jour la carte des pays en zone rouge, en provenance desquels les voyageurs seront obligés d’observer une période de quarantaine à leur arrivée en Roumanie. Y feront exception les personnes vaccinées. La Bulgarie est passée au rouge, tandis que l’Allemagne est passée du vert au jaune.
(Trad. : Ileana Ţăroi, Ioana Stăncescu)