La semaine du 9 au 15 janvier 2023
Daniela Budu, 15.01.2023, 11:13
La Roumanie touchée par grippe, le coronavirus et la
pénurie de médicaments
Dernièrement, le système
sanitaire roumain est impacté par une recrudescence des cas de grippe et de
coronavirus, notamment du dernier variant signalé depuis quelques jours en
Roumanie aussi. Les experts prévoient que le pic de la grippe sera atteint dans
les semaines à venir avant que les infections respiratoires ne s’inscrivent sur
une pente descendante à partir de la mi-février. La flambée des cas de grippe
intervient dans le contexte de la reprise, le 9 janvier, des cours d’école qui
ont rouvert leurs portes en plein état d’alerte épidémiologique. Dans le
contexte d’une majoration de nombre de cas de grippe, de plus en plus de pharmacies
sont en rupture de stocks de certains médicaments tels le paracétamol,
l’ibuprofène ou les antibiotiques. A l’issue d’une série d’entrevues avec les
producteurs et les distributeurs de médicaments, tout comme avec les
représentants de l’industrie pharmaceutique, le ministre de la Santé, Alexandru
Rafila, est sorti sur le devant de la scène pour rassurer la population qui,
dit-il, ne doit pas craindre une crise des médicaments antithermiques ou
anti-inflammatoires.
« A la différence d’autres
pays européens qui se confrontent dernièrement à des ruptures
d’approvisionnement en paracétamol, la Roumanie ne traverse aucune crise, ni de
paracétamol, ni d’ibuprofène. Cette pénurie n’existe pas chez nous, puisque
nous avons nos propres fabriques qui produisent ces médicaments aussi bien sous
leur forme destinée aux enfants que sous celle conçue pour les adultes ».
Pour leur part, les producteurs
de médicaments se sont engagés à continuer d’approvisionner les pharmacies. En
revanche, la situation s’avère plus compliquée dans le cas des patients
oncologiques. Le président de la Fédération des personnes atteintes d’un
cancer, Cezar Irimia, a déclaré qu’aux dires des patients, sept médicaments à
usage oncologique sont en rupture de stock depuis le début de l’année. En
réplique, le Ministère de la Santé affirme qu’il s’agitseulement de trois médicaments qui manquent
sur les rayonnages et dans les tiroirs des pharmacies, dont deux se trouvent
dans les dépôts.
Des mesures économiques et un record de déficit commercial
Dans une tentative de ralentir
l’inflation et de mettre un terme à la majoration des prix, la Banque centrale
roumaine a majoré le taux directeur à 7% par an. Les experts de la BNR estiment
que cette mesure débouchera sur une baisse de l’inflation, plutôt légère durant
le premier trimestre de l’année en cours et plus significative ultérieurement,
de sorte que l’indicateur ne dépasse pas les 10 pourcents d’ici l’été.
Pourtant, la nouvelle hausse du taux d’intérêt clé entraînera, le plus probablement,
une majoration des taux fixés par les banques commerciales, notamment dans le
cas des crédits. N’empêche, les spécialistes affirment qu’une baisse anticipée
de l’inflation serait un signe que la majoration des taux d’intérêt touche à sa
fin.
De l’avis de l’analyste
économique, Dragos Cabat, il est important que le taux directeur poursuive sa
tendance à la hausse afin que l’inflation atteigne un plafond avant de
s’inscrire sur une pente descendante. Dragos Cabat :
« Il est important que la
Banque continue cette tendance ascendante de son taux directeur, car c’est
de cette manière qu’elle entraînera le plus rapidement possible, un
ralentissement de la croissance de l’inflation. C’est ce qu’il y a de plus
important pour l’économie roumaine, à l’heure où l’on parle ; plus
important que la croissance économique ou les mensualités bancaires qui
concernent quelque 600.000 Roumains affectés, bien évidemment, par cette
majoration du taux d’intérêt.»
Après deux ans de pandémie et
une année de guerre à ses frontières, le déficit de la balance commerciale de la
Roumanie s’est envolé, en se montant à 31 milliards d’euros durant les onze
premiers mois de l’année dernière, soit un déséquilibre record, selon l’Institut
national de la Statistique. L’analyste économique, Constantin Rudnitchi
précise :
« Nous avons un record
unique dans l’histoire du pays, du partiellement à la période
inflationniste qu’on traverse aussi bien en Europe que dans le monde. Donc, on
a une valeur à la hausse des importations. Mais, en dehors de ça, la
Roumanie se confronte à une réalité problématique, à savoir le fait que le
niveau de ses importations reste extrêmement élevé, tandis que la production
intérieure et les exportations ont du mal à répondre aux besoins de l’économie
nationale ».
Dans ce contexte, le
Gouvernement de Bucarest cherche à s’emprunter aussi bien sur le marché interne
qu’externe, pour combler aussi bien à un déficit budgétaire d’au moins 160
milliards de lei, soit 32 milliards d’euros, estimé pour cette année qu’à une
dette plus ancienne qu’il faudrait refinancer.
Des discussions bilatérales
Les discussions
roumano-ukrainiennes portant sur la Loi des minorités nationales récemment
adoptée et promulguée par Kiev se poursuivent. Les ministres des Affaires
étrangères des deux pays, Bogdan Aurescu et Dmitro Kuleba, se sont entretenus
par téléphone à ce sujet mercredi, après qu’un dialogue similaire a eu lieu la
semaine dernière entre les présidents Klaus Iohannis et Volodimir Zelenski. La
loi a suscité l’inquiétude des autorités bucarestoises, car les représentants
de la communauté roumaine en Ukraine n’ont pas été consultés lors de la
rédaction du document, qui a été adopté sans l’avis de la Commission de Venise.
Fin 2022, les autorités roumaines ont fait parvenir à leurs homologues
ukrainiens une liste de prévisions stipulées par la dite loi et qui ont un
impact négatif sur les Roumains d’Ukraine. Cette semaine encore, le ministre
roumain des Affaires Etrangères s’est entretenu par téléphone avec son
homologue suédois, Tobias Billstrom au sujet de l’adhésion roumaine à
Schengen. Selon le MAE de Bucarest, le responsable de Stockholm a réitéré
le soutien de son pays à l’intégration de Bucarest à l’Espace de libre
circulation. LaPrésidence suédoise est
prête à s’impliquer activement et à tout mettre en œuvre pour aider Bucarest à
atteindre son objectif, en identifiant des solutions concrètes, basées sur un
dialogue constructif avec toutes les parties concernées. Pour sa part, le
ministre Bogdan Aurescu a mis en lumière l’importance de la coordination par la
présidence suédoise d’un dialogue entre tous les partenaires européens
impliqués dans ce dossier. Un dossier extrêmement important pour la Roumanie,
comme l’on a précisé lors de la cérémonie de lancement de la présidence suédoise
de l’UE, organisée cette semaine, à Bucarest.