La Roumanie renforce sa posture militaire et sa sécurité aérienne face aux menaces régionales.
Les drones qui pénètrent illégalement dans l'espace aérien roumain seront désormais anéantis
Bogdan Matei, 20.05.2025, 12:08
Le président intérimaire de la Roumanie, Ilie Bolojan, en fin de mandat, a promulgué lundi deux lois majeures visant à consolider la défense nationale et à renforcer la sécurité du territoire en période de paix. La première législation encadre la conduite des missions militaires sur le sol roumain en dehors de tout état d’urgence, de guerre ou de mobilisation. Elle permet à certaines unités de l’armée roumaine, selon les besoins opérationnels, d’être temporairement transférées sous diverses formes d’autorité, en coordination avec les commandements militaires étrangers opérant en Roumanie. La seconde loi, dédiée au contrôle de l’usage de l’espace aérien, établit un nouveau cadre institutionnel et opérationnel pour prévenir l’utilisation illicite de cet espace par des avions, des drones ou tout autre appareil volant, en définissant clairement les responsabilités des autorités civiles et militaires.
Un bouclier légal contre les incursions aériennes
Ce nouveau dispositif législatif s’inscrit dans un contexte de sécurité régionale de plus en plus instable. L’usage accru de drones russes contre les infrastructures ukrainiennes, notamment dans les ports fluviaux d’Izmail et de Reni, proches de la frontière roumaine, a accru l’inquiétude à Bucarest. Ces attaques ont provoqué à plusieurs reprises la chute de débris sur le territoire roumain, déclenchant des alertes RO-ALERT dans le delta du Danube et réveillant en pleine nuit les habitants de la région. À Galati, le bruit d’explosions venues du port ukrainien de Reni a été perçu comme un exercice militaire, tant la proximité est grande. Face à cette réalité, les autorités roumaines ont jugé urgent de se doter d’un cadre législatif apte à encadrer les réponses civiles et militaires aux menaces aériennes non conventionnelles.
Condamnations diplomatiques et enjeux géopolitiques
Les développements sécuritaires dans le sud-est de l’Europe ont également suscité de vives réactions sur la scène diplomatique. Les représentants étrangers en poste à Bucarest ont condamné avec fermeté « les attaques répétées de la Russie contre des innocents et des infrastructures civiles, notamment des silos à grains dans les ports ukrainiens », dénonçant « des violations flagrantes du droit international » et leurs répercussions sur « la sécurité alimentaire et la navigation en mer Noire ». La présidence roumaine et le gouvernement ont, de leur côté, accusé Moscou de vouloir entraver les exportations céréalières ukrainiennes, essentielles pour l’approvisionnement de nombreux pays. Les frappes russes dans le delta du Danube visent, selon Bucarest, à perturber gravement l’équilibre commercial et humanitaire mondial, dans une région historiquement sensible, marquée par l’annexion soviétique de la Bessarabie en 1940.