Le leu roumain dans la zone d’équilibre
La Banque nationale de Roumanie est intervenue pour stopper la dépréciation du leu, dans un contexte d'incertitudes politiques et économiques générées par les élections présidentielles dans le pays.

Ştefan Stoica, 21.05.2025, 12:27
Le gouverneur de la Banque nationale de Roumanie, Mugur Isărescu, a présenté ce mardi le rapport trimestriel sur l’inflation. Il s’agissait de sa première apparition publique après le second tour de l’élection présidentielle. L’occasion de confirmer que la Banque centrale était intervenue ce mois-ci, après le premier tour de la présidentielle, tant pour stabiliser le taux de change, que pour assurer les paiements budgétaires et des pensions de retraite. Rappelons que le premier tour, remporté par le leader souverainiste d’extrême-droite de l’Alliance pour l’Unité des Roumains, George Simion, a été suivi par la démission du Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu. Ces événements ont accru les incertitudes politiques, avec un impact direct sur le taux de change et la bourse.
Contrôler la pression sur le marché d’échanges
La pression sur le marché d’échanges était forte, vu les sorties de capitaux très élevées. Par conséquent la Banque Centrale est intervenue avec des montants élevés pour soutenir le taux du leu roumain. L’euro, coté depuis longtemps à 4,97 ron, a dépassé les 5,1 ron après le premier tour de la présidentielle. Selon Mugur Isărescu un taux inférieur à 5 ron pour 1 euro était impossible à garder. Il a expliqué qu’une cellule de crise avait été créée au sein du ministère des Finances et que des solutions avaient été trouvées pour limiter la dépréciation du taux de change et assurer la liquidité du marché pour effectuer les paiements budgétaires. Le président de la Banque nationale de Roumanie a évité de parler d’un nouveau seuil psychologique pour le taux de change euro-ron.
Mugur Isărescu : « Je peux parler d’une zone d’équilibre et je pense que nous y sommes arrivés. Nous intervenons, mais nous ne disons ni quand, ni pourquoi ni dans quelle mesure. Je pense que nous sommes là où nous devons être, et probablement nous interviendrons. »
En ce qui concerne l’inflation, la Banque nationale anticipe un taux de 4,6 % à la fin de l’année, supérieur à la prévision précédente de 3,8 %. Pourtant, l’inflation n’est pas le principal problème de l’économie et des finances roumaines, mais le déficit budgétaire, estime Mugur Isărescu :
« L’inflation inférieure à 5 % est un problème, mais pas fondamental. Le principal problème est le déficit public. Comment le corriger, à quelle vitesse ? Quelle est notre crédibilité ? Nous collaborerons avec le nouveau gouvernement et trouverons les solutions optimales pour faire baisser l’inflation progressivement, en nous appuyant sur une réduction durable et progressive du déficit public, sans provoquer de récession économique. »
La Roumanie a terminé l’année 2024 avec un déficit budgétaire de 8,6 % du produit intérieur brut et s’est engagée, lors de discussions avec la Commission européenne, à le réduire à 7 % cette année. L’attraction massive de fonds européens pourrait donner une impulsion considérable aux investissements et stimuler la croissance économique, sans créer d’inflation, dans une situation où éviter une récession cette année sera plus difficile à réaliser, a déclaré le gouverneur de la Banque Centrale.
Selon Mugur Isărescu il est très important de restaurer la confiance du marché.
Eurostat, a reconfirmé que la Roumanie est toujours le pays avec la plus forte inflation de l’Union européenne, avec une augmentation annuelle des prix de 4,9 %.