L’essor des réformes a été tempéré
L’adoption du deuxième paquet de mesures fiscales censées réduire le déficit a été reportée. C’est ce qu’à décidé la Coalition gouvernementale de Roumanie. Pourquoi ?
Mihai Pelin, 24.07.2025, 14:47
La pomme de discorde : le programme Anghel Saligny
La coalition gouvernementale a décidé de tempérer l’essor des réformes et de reporter pour la mi-août l’adoption du deuxième paquet de mesures fiscales et budgétaires, qui inclut entre autres, la réforme des entreprises d’Etat. D’ici là, tous les projets d’investissements locaux seront analysés individuellement, tel qu’a souhaité et obtenu le PSD lors des négociations avec leurs partenaires au sein de la coalition. Les sociaux-démocrates ont réussi à imposer leurs arguments visant la poursuite du programme dans le cadre de la réunion de la coalition, affirme le leader du parti, Sorin Grindeanu. La pomme de discorde portait le nom d’Anghel Saligny, le fameux ingénieur qui a projeté le pont qui enjambe le Danube à Cernavoda, à la fin du 19e siècle. C’est également le nom d’un programme visant à moderniser les communautés locales par le biais d’investissements gouvernementaux dans l’infrastructure : routes départementales et locales, alimentation en eau courante, stations de traitement des eaux usées et élargissement des réseaux de distribution du gaz.
Certaines compagnies d’Etat rapportent des profits, d’autres des pertes.
Par ailleurs, les compagnies stratégiques de l’Etat qui agissent sur un marché concurrentiel devraient être traitées différemment a souligné le vice-premier ministre Tánczos Barna, qui a évoqué les géants énergétiques Nuclearelectrica et Hidroelectrica, les deux qui rapportent des profits. Evoquant une corrélation des salaires des cadres de direction et des salariés aux performances, il a évoqué aussi le cas de la société de transport ferroviaire CFR, qui devraient selon lui recevoir les compensations que touchent les compagnies ferroviaires partout dans le monde. Et le ministre des transports et de l’infrastructure, Ciprian Şerban, a annoncé que les directeurs généraux de CFR réduiront leurs indemnités de 10 %. Par ailleurs, chez CFR Infrastructură, la société qui gère l’infrastructure ferroviaire roumaine, la décision a été prise de réduire l’horaire de travail à quatre jours par semaine, pour un nombre limité d’employés, sans affecter la sécurité routière. Dans le cas de l’opérateur ferroviaire national CFR Călători, les dépenses injustifiées seront réduites par le biais d’une série de mesures, notamment la suspension de certains trains et le non-octroi d’heures supplémentaires et de jours fériés, a également déclaré Ciprian Şerban.
Les syndicalistes menacent de déclencher les grèves
Les principales confédérations syndicales ont mis en garde le gouvernement et annoncé qu’elles pourraient déclencher une grève générale visant à faire tomber l’exécutif et bloquer de la rentrée scolaire, si les mesures d’austérité attendues dans les semaines à venir confirment que l’équilibre du déficit budgétaire reposera exclusivement sur les épaules de la grande majorité de la population. Les syndicats de l’éducation annoncent que, malgré leurs vacances, leurs membres organiseront des manifestations la semaine prochaine, notamment contre l’augmentation du salaire minimum, qui entraînerait, selon eux, la suppression de 15 000 postes d’enseignants, même si le ministre de l’Education nationale Daniel David a contredit cette perspective. Les syndicalistes ont pourtant réussi d’inclure des représentants dans les groupes de travail chargés des grandes orientations de la réforme. Concernant le deuxième paquet de mesures visant à réduire le déficit budgétaire, Bogdan Hossu, dirigeant de Cartel Alfa, a déclaré que la réforme des entreprises publiques nécessitait une analyse législative beaucoup plus approfondie, car nombre de solutions proposées par le gouvernement risquaient d’être annulées par la Cour constitutionnelle. De son côté, le président du Bloc national syndical, Dumitru Costin, a souligné que l’État devait cesser d’agir de manière discrétionnaire et imprévisible, pour collaborer d’une manière efficace avec les acteurs économiques.