Motions de censure et manifestations
Les réformes fiscales et budgétaires annoncées par le gouvernement de Bucarest ne cessent de causer des mécontentements et des protestations au sein de la population. De son côté, l’opposition parlementaire enchaîne les motions de censure.
Leyla Cheamil, 16.09.2025, 13:26
Une nouvelle motion de censure
Le Sénat roumain a rejeté lundi la motion simple déposée par l’opposition contre le ministre de l’Éducation, Daniel David. Selon l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR, dans l’opposition ultranationaliste, à l’origine de la motion), « le système éducationnel national risque de s’effondrer à la suite des décisions aberrantes et destructives prises par le gouvernement » de la coalition formée du Parti Social-Démocrate, Parti National Libéral, l’Union Sauvez la Roumanie et l’Union Démocrate Magyare de Roumanie, « l’avenir de cette nation étant ainsi condamné à la médiocrité et au chaos ».
« Sous la direction du ministre David, le système national est soumis à des mesures d’austérité brutales, appliquées par des méthodes mensongères, manipulatrices et qui ignorent les besoins réels des élèves, des parents et des enseignants », indiquait encore le document signé par 38 sénateurs de l’opposition. A leur avis, la raison invoquée pour les mesures adoptées, à savoir la réduction du déficit budgétaire de la Roumanie, n’apporte, selon le Conseil fiscal, qu’une économie de 0,02 % du PIB.
Le ministre Daniel David se défend
Présent au débat de la motion, le ministre de l’Education Daniel David n’a pas hésité de présenter ses contre-arguments. Il a précisé qu’aucun enseignant titulaire de son poste n’avait perdu son emploi suite aux mesures prises par l’Exécutif. Il a cependant admis que l’Education nationale était confrontée à de sérieux problèmes, depuis de nombreuses années, des problèmes systémiques en fait.
« Lorsqu’un système éducatif obligatoire transforme 50 % des enfants dont l’intelligence et la créativité sont comparables à celles des pays occidentaux en zones d’analphabétisme fonctionnel, là, il s’agit d’un problème systémique », a mis en garde le ministre.
Présent au Sénat pour soutenir le ministre de l’Education, le premier ministre libéral Ilie Bolojan a déclaré, à son tour, que les décisions relatives au paquet de réformes ne relevaient pas nécessairement du ministère de l’Éducation, mais de la coalition gouvernementale, et qu’elles tenaient compte de la situation réelle de la Roumanie.
Des réformes vivement contestées
Pour rappel, les mesures fiscales et budgétaires visant à réduire le déficit énorme de la Roumanie, le plus important de l’Union européenne, ont récemment conduit l’opposition à déposer 4 motions de censure contre le gouvernement d’Ilie Bolojan. On pouvait toutefois s’attendre à ce que le Parlement, où la coalition gouvernementale détient près des trois quarts des sièges, les rejette. Les réformes engagées jusqu’à présent par l’Exécutif de Bucarest concernent l’éducation, la santé, la fiscalité, le système judiciaire et la réorganisation des entreprises publiques. Et elles ne cessent de susciter le vif mécontentement des salariés du secteur public, qui ont déjà procédé à des manifestations de protestation et aux grèves.
Les manifestations se multiplient
Par exemple, lundi, plusieurs milliers d’employés de l’administration publique ont manifesté à Bucarest contre les mesures de réduction des effectifs annoncées par l’Exécutif. Ils estiment que la décision unilatérale prise par le gouvernement engendrera des blocages dans le secteur public. De leur côté, les enseignants critiquent l’augmentation de leur charge hebdomadaire de travail, la baisse du tarif horaire, la fusion de certains établissements scolaires et l’augmentation du nombre maximum d’élèves par classe. Après les manifestations organisées par les fédérations syndicales de l’Education nationale pendant les vacances d’été, le 8 septembre, le jour même de la rentrée scolaire en Roumanie, a été marqué à Bucarest par une ample protestation et une grande marche des enseignants à travers la capitale. (trad. Valentina Beleavski)