Le photographe Stelian Petrescu
România Internațional, 18.09.2022, 10:08
La photographie a été introduite en Roumanie par les
étrangers qui s’y sont établis pour se répandre ensuite assez rapidement. Après
les années 1850, le marché roumain de la photographie connaît une véritable envolée,
puisque des studios de photographes apparaissent dans presque chaque ville du
pays. Partout l’on trouve des clients désireux de bénéficier de ces nouveaux
services.
Les photographes étrangers ont en fait illustré
l’histoire du pays et produit d’importantes sources documentaires sur les
villes et les gens de l’époque. Carol Popp de Szathmary, Franz Mandy, Franz
Duschek, Adolphe A. Chevallier, mais aussi des Roumains tels Ioan Spirescu et
Iosif Berman ne sont que quelques noms ayant marqué l’histoire de la
photographie en Roumanie.
Un des photographes roumains les plus prolifiques à avoir
produit des clichées et photographies est Stelian Petrescu. Né à Giurgiu en
1874 d’une famille aisée, il est décédé le 23 juillet 1947 à Bucarest. Petrescu
fait des études scientifiques, étant attiré par les sciences dès l’école
primaire. Il se rend à Bucarest à la Faculté de physique et de chimie pour
devenir ensuite professeur au lycée Gheorghe Șincai. Quelques années plus tard,
il part pour l’Allemagne pour faire une deuxième faculté et se spécialiser dans
la géodésie, avant de rentrer en Roumanie en 1901. Il a recommencé à enseigner
à l’Ecole supérieure des métiers de Iaşi. En 1909 il est embauché en tant
qu’ingénieur à la société des chemins de fer, où il travaillera jusqu’à sa
retraite en 1930. Il n’abandonnera jamais son métier de professeur et
enseignera les sciences à Bucarest aussi.
Un des grands événements du début du 20e
siècle, a été l’exposition jubilaire de 1906 à Bucarest. Elle était censée
rendre hommage aux 40 ans de règne de Carol Ier de Hohenzollern-Sigmaringen, qui
a débuté en 1866. Imaginée selon le modèle français et bénéficiant de
l’attention de toutes les institutions intérieures et de la présence internationale,
l’exposition a été l’occasion parfaite pour les photographes de gagner en
visibilité. Y ont participé de grands noms tels Franz Mandy, Adolf Klingsberg, le
propriétaire du célèbre atelier photographique « Julietta » de
Bucartest, Alexandru Antoniu, mais aussi des noms moins connus tels que Marco
Klein, le propriétaire d’un atelier à Brăila, dans le sud-est du pays. Petrescu
y participe aussi et y décroche même le 1er prix et la médaille d’or.
L’historienne Adriana Dumitran de la Bibliothèque Nationale
de Roumanie a étudié la passion de Stelian Petrescu pour la photographie ainsi
que sa présence à l’exposition jubilaire de 1906 : « Il a commencé son activité photographique assez tôt. Un de ses articles est paru en 1985 dans la
Revue scientifique, puis il continue à réaliser des photos tout au long de ses
études universitaires. Sa première grande présence dans le cadre d’une
exposition a eu lieu en 1906, à l’exposition générale roumaine, à laquelle il a
représenté la « Maison des écoles ». Sa présence a également été
signalée par la presse. Il a exposé des photographies de technique militaire,
des paysages de Roumanie, des portraits, des études d’expression, des animaux.
Il a exposé plein de photographies, mais nous ne savons toujours pas exactement
le nombre des photos qu’il a exposées. »
Peu à peu Stelian
Petrescu se construit une renommée et devient un artiste apprécié. Il est
recherché pour des collaborations alors qu’il diversifie ses préoccupations
liées à ses connaissances photographiques.
Adriana Dumitran : « Il a commencé à collaborer avec la Commission des monuments
historiques. Dès 1908, et le lancement du Bulletin de la Commission des
monuments historiques il a publié des photos à plusieurs reprises, au moins
jusqu’à la première guerre mondiale. Il a collaboré avec l’architecte Nicolae
Ghica-Budești et a signé l’illustration de plusieurs volumes. En 1909 il a
illustré un volume d’objets de culte du monastère Probota, ainsi que d’autres
ouvrages visant les monastères de Neamţ et de Secu. Une de ses contributions
les plus intéressantes date de 1910 lorsqu’il a photographié les toiles du
peintre Nicolae Grigorescu pour illustrer une monographie que l’écrivain
Alexandru Vlahuta avait dédié au peintre. »
Stelian Petrescu est pourtant resté un scientifique, ce
qui s’observe dans sa nouvelle orientation photographique. Adriana Dumitran
revient avec des détails : « Sa
passion pour les chemins de fer a été combinée à la photographie. En 1913 il
sort un guide des Chemin de fer, une sorte de guide visuel. A l’époque, la
Roumanie comptait 3 500 kilomètres de chemin de fer qui traversaient tout le
pays. Il a parcouru toutes ces distances, réalisé des clichés, illustré son
guide et chaque point important du réseau de voie ferrée a été illustré avec
ses objectifs historiques et culturels. Ce guide compte plus de 350
photographies. »
Stelian Petrescu a
continué à réaliser des photographies à l’occasion des événements publics. Le
16 octobre 1922, il a immortalisé le passage sous l’arc de Triomphe de Bucarest
du couple royal Ferdinand et Marie accompagnés de leur cortège. Après 1930 et après sa
retraite, il a réalisé des photos publiées ensuite dans des revues techniques.
Il passe à un autre style, le modernisme, avec des intérieurs de halles de
construction de chemins de fer, des segments de moteurs, des roulements et
d’autres pièces utilisées dans le domaine ferroviaire. Il photographie les Usines
Malaxa et sort un album illustrant les véhicules ferroviaires qui y étaient
produites. Il est considéré comme l’un des photographes « de niche »,
auteur de photographies d’une grande valeur documentaire pour l’histoire de
l’industrie roumaine.