Les visites papales en Roumanie
Les visites en Roumanie du Saint pape Jean-Paul II en 1999 et du pape François en 2019 ont été des événements religieux, mais aussi des repères historiques.

Ion Puican, 04.05.2025, 10:50
En 2025, les fêtes de Pâques orthodoxes et catholiques ont été célébrées simultanément le dimanche 20 avril. Par ailleurs, le récent décès du Pape François, auquel s’ajoutent la transition et la réflexion ouvertes au sein de l’Église catholique, rappellent à l’opinion publique les moments significatifs durant lesquels la Roumanie s’était attiré l’attention entière du Vatican. Les visites en Roumanie du Saint pape Jean-Paul II en 1999 et du pape François en 2019 ont été des événements religieux, certes, mais aussi des repères historiques pour le dialogue œcuménique, pour la reconstruction de la mémoire collective et pour la réaffirmation des valeurs communes des Églises catholique et orthodoxe. Dans une Europe marquée actuellement par des divisions et des incertitudes, ces instants d’ouverture et de solidarité acquièrent un sens particulier, devenant des exemples de réconciliation et de coopération dans un esprit profondément humain et chrétien.
Le pape Jean-Paul II a été chaleureusement accueilli par les autorités roumaines
Le Saint pape Jean-Paul II a effectué une visite historique en Roumanie du 7 au 9 mai 1999, devenant ainsi le premier Souverain pontife à se rendre dans un pays majoritairement orthodoxe depuis le Grand Schisme de 1054. Cette visite fut un symbole de réconciliation et de dialogue entre les deux grandes braches du christianisme. Lors de son voyage à Bucarest, le pape Jean-Paul II a été chaleureusement accueilli par les autorités roumaines et par le Patriarche Teoctist de l’Église orthodoxe roumaine. La participation aux services religieux a constitué un événement spécial, le Souverain pontife ayant assisté à une messe orthodoxe, geste sans précédent dans l’histoire des relations interconfessionnelles.
Le regretté pape François s’est lui-aussi rendu en Roumanie
Deux décennies plus tard, du 31 mai au 2 juin 2019, le regretté pape François s’est lui-aussi rendu en Roumanie, visite déroulée sous la devise « Marchons ensemble! ». Un voyage pastoral et œcuménique ayant mis en lumière l’engagement du Souverain pontife en faveur de l’unité et de la solidarité. Durant sa visite, le pape François a eu des entretiens officiels avec des dignitaires roumains et il a officié des messes dans plusieurs localités du pays: la Sainte Liturgie dans la cathédrale catholique Saint Joseph de Bucarest; une messe dédiée à la communauté ethnique hongroise à Șumuleu Ciuc (centre), à laquelle ont également participé plusieurs dizaines de milliers de pèlerins; à Iași (nord-est) et à Blaj (centre), où il a officié la cérémonie de béatification de sept évêques grecs-catholiques martyrs, victimes du régime communiste, dont il a ainsi reconnu la souffrance et la foi. Cette visite a été particulièrement appréciée pour les messages d’unité, de paix et de soutien au dialogue inter-religieux, contribuant à la consolidation des relations entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe de Roumanie.
35 années de relations diplomatiques entre la Roumanie et le Vatican
George Bologan, l’ambassadeur de Roumanie près le Saint Siège et l’Ordre souverain et militaire de Malte, a donné davantage de détails sur les visites papales et les relations de la Roumanie avec le Saint Siège: Nous marquons cette année trente-cinq ans depuis la reprise des relations diplomatiques, conformément aux décisions convenues par la Roumanie et le Saint Siège en 1990. Nous avons eu le privilège de vivre des moments historiques, tels que la visite du pape Jean-Paul II, première visite d’un Souverain pontife en terre orthodoxe, ainsi que la visite apostolique du pape François. Quand nous parlons du Saint Siège, nous regardons l’histoire dans les yeux, pour ainsi dire. Nous nous souvenons de la correspondance des Souverains pontifes avec les princes régnants des Principautés roumaines, qui commence au début du XIVème siècle, mais aussi des pas concrets faits par la Roumanie de l’entre-deux-guerres pour établir des relations diplomatiques modernes le 1er juin 1920, à une époque où Bucarest avait besoin de partenaires et d’amis qui soutiennent la reconnaissance internationale du jeune État. Malgré un aspect technique trop peu compris par le grand public, l’œcuménisme pourrait en fait produire de nombreuses conséquences concrètes dans la société. L’État le soutient afin d’assurer un équilibre entre tous les segments de la société. Ce même œcuménisme nous exhorte et même nous oblige à pratiquer, bon gré mal gré, une politesse minimale et un respect nécessaires dans la vie quotidienne, sur nos lieux de travail, dans nos relations avec les voisins, et ainsi de suite. Mais le dialogue est également important pour que le christianisme ne perde pas de sa valeur. Le dialogue interconfessionnel est aussi un exercice d’acceptation des autres et de transmission de connaissances. Les deux visites pontificales de 1999 et de 2019 ont purifié l’air respiré par la société roumaine, ayant rempli les rues de Bucarest et d’autres localités de la joie chrétienne d’être unis dans la diversité. »
Les deux papes ont été accueillis en Roumanie avec émotion et enthousiasme
Ces visites papales restent des repères symboliques pour l’histoire récente des relations diplomatiques entre la Roumanie et le Saint Siège, ainsi que pour les efforts de rapprochement interconfessionnel. Elles sont des preuves d’une volonté commune de réconciliation, d’ouverture et d’unité, qui surmonte les barrières dogmatiques en s’appuyant sur les valeurs universelles de paix, de respect mutuel et de solidarité. Les deux papes ont été accueillis en Roumanie avec émotion et enthousiasme, ce qui a affirmé le profond désir de la société roumaine de participer activement à un dialogue spirituel et culturel mondial. Dans un contexte marqué par des changements rapides, des divisions idéologiques et des défis identitaires, les leçons enseignées par ces moments historiques gardent leur relevance, nous rappelant que le dialogue authentique et le respect entre les religions ne sont pas que des gestes symboliques, mais aussi des pas concrets vers un monde plus empathique et plus solidaire. À travers ces épisodes importants, la Roumanie a affirmé sont rôle de pont entre traditions, cultures et spiritualités, contribuant activement à la mise en place d’une Europe plus unie et plus consciente de ses racines. (Trad. Ileana Ţăroi)