Photographies de la collection Iosif Berman
En Roumanie, l’art photographique s’est développé durant
la deuxième moitié du 19e siècle. Iosif Berman a activé dans un
domaine fondamental pour la presse : la photographie pour les journaux
d’actualités. La photographie a eu un impact majeur sur le développement de la
presse puisqu’elle a progressivement remplacé le graphique au cœur de
l’actualité. Et la photographie de Berman illustre pleinement le talent de
l’auteur et la diversité des instantanés immortalisés. A l’époque, les
photographes tentaient de tout illustrer, l’esprit encyclopédique et
l’attraction de la réalité étant les qualités de tout bon photographe qui se
respectait.
Steliu Lambru, 02.10.2022, 10:37
En Roumanie, l’art photographique s’est développé durant
la deuxième moitié du 19e siècle. Iosif Berman a activé dans un
domaine fondamental pour la presse : la photographie pour les journaux
d’actualités. La photographie a eu un impact majeur sur le développement de la
presse puisqu’elle a progressivement remplacé le graphique au cœur de
l’actualité. Et la photographie de Berman illustre pleinement le talent de
l’auteur et la diversité des instantanés immortalisés. A l’époque, les
photographes tentaient de tout illustrer, l’esprit encyclopédique et
l’attraction de la réalité étant les qualités de tout bon photographe qui se
respectait.
Berman est né en 1890 à Burdujeni, en Bucovine, dans le
nord de la Roumanie actuelle et est décédé en 1941 à Bucarest. Né d’une famille
juive, son père a lutté dans la guerre d’Indépendance de la Roumanie en 1877 -
1878 pour laquelle il a été décoré. Son oncle, le frère de son père, est
pourtant tombé sur les champs d’honneur. Il a terminé le lycée dans la ville de
Suceava et souhaitait de tout son cœur devenir photographe. Mais il est devenu
bien plus qu’un simple photographe. Il a été photojournaliste et photographe
officiel de la Maison Royale de Roumanie, soit la fonction la plus haute à
laquelle un artiste photographe pouvait prétendre. Il a également fait partie
de l’équipe d’étudiants en sociologie dirigés par Dimitrie Gusti, partie étudier
les campagnes du monde rural dans les années 1930, un des projets culturels et
scientifiques les plus vastes de la Roumanie de l’entre deux guerres.
La Journaliste Adina Stefan possède une collection
impressionnante de photographies signées par Iosif Berman, qui lui fut offerte
par Luiza Berman, l’une des filles du photographe. Adina Ștefan a répondu à une
question que les historiens se posent au sujet de la formation de l’artiste,
puisqu’il n’y a pas de témoignage écrit sur la jeunesse d’Iosif Berman.
« Tout le
monde se demande où il a appris ce métier et l’art photographique en général
avant de venir à Bucarest ? Dans sa région d’origine, en Bucovine, qui
faisait à l’époque partie de l’Empire austro-hongrois, les photographes,
surtout Juifs, étaient assez nombreux. Ils remportaient des prix importants à
l’occasion des expositions à Paris par exemple. Ils rentraient chez eux pour
continuer à faire leur métier et évidemment ils pouvaient enseigner les secrets
du métier à d’autres. Et Berman n’a pas perdu de temps. Qui plus est, il était cultivé :
il parlait français et allemand et avait aussi un talent particulier pour le dessin. »
Le talent d’artiste photographe de Berman a été
rapidement reconnu et des quotidiens importants tels qu’ « Adevarul »
/ « La vérité » et « Dimineata » / « Le matin »
lui ont proposés du travail. Il a travaillé aussi pour des institutions
étrangères de presse telle les prestigieuses « Associated Press » et « New
York Times », tout comme « Scandinavian Newspaper Press ». A
l’instar de nombreuses célébrités, Berman avait lui aussi un surnom qui résumait
sa qualité la plus importante : « l’œil » du photographe. Adina
Ștefan.
« Tous ceux qui connaissent l’époque et
l’activité de Berman savent très bien ce que disait de lui le poète et
journaliste Geo Bogza, son collègue dans les rédactions des journaux Adevarul
et Dimineata. On l’appelait « l’homme aux mille yeux ». On dit qu’après
un déplacement sur le terrain, en rentrant à la rédaction avec son équipe -
reporter, photographe et chauffeur – il demandait souvent à ses collègues :
avez-vous observé cela ? Et souvent c’étaient des détails que les autres
n’avaient même pas remarqué. Et ces détails étaient extrêmement importants pour
l’illustration des articles. »
En feuilletant l’album « Iosif Berman. Maitre du
photoreportage roumain pendant l’entre deux guerres » publié par la
Bibliothèque nationale de Roumanie en 2013, le lecteur pourra constater la
grande diversité et vitalité de l’œuvre de Berman. La section « Bucarest,
saisons » inclut des photographies uniques et des paysages du quotidien
bucarestois, qui illustrent le développement de la capitale roumaine à
commencer par les années 1880. En effet, la vaste majorité des photographies de
cet album ont été réalisées dans la capitale roumaine. Les bâtiments
emblématiques de Bucarest ont été immortalisés par Berman quelques années après
leur construction, alors que d’autres ont été photographiés durant le
chantier. Les grands boulevards :
Kiseleff et l’Avenue de la Victoire ne manquent pas. Pourtant, les personnes
restent les principaux sujets de l’objectif de l’appareil photo de Berman.
L’animation de la rue, les monuments publics et même les façades des rédactions
où il a travaillé, Adevarul et Dimineata, transportent le lecteur dans une
autre époque.
Iosif Berman
s’est également intéressé à la vie des gens simples. Il a également cherché à
immortaliser les quartiers des gens défavorisés, les rues non-pavées et les
inondations durant les pluies, la présence des animaux domestiques, les
vêtements des pauvres. Mais dans cet univers de la périphérie, on peut observer
certains loisirs, des images de bazars, de brasseries, de marchés et d’autres
espaces publics. La présence de la civilisation est observable aussi dans les
quartiers périphériques, par la présence des bus appartenant à la société de
transport publique.
L’art d’Iosif Berman est également présent dans ses
photos. L’autoréférence est une pratique utilisée aussi dans d’autres arts,
dont l’art photographique. Rien qu’un exemple : les photos des façades des
rédactions Adevarul et Dimineata en tant que référence à sa propre profession
de photojournaliste. Il choisit aussi de photographier un photographe dans le
parc Cismigiu et les deux hommes, une femme et un chien se trouvant devant l’objectif
pour former une véritable image iconique. Egalement iconique, l’instantané dans
lequel deux photographes « ambulants » comme les appelle Berman,
photographiaient la rue à l’aide de mini-appareils photos.