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La situation des édifices historiques de Bucarest

Mis à rude épreuve par la nationalisation durant l’époque communiste, rétrocédés aux anciens propriétaires après 1989, mais souvent délaissés par ceux-ci, faute de financement ou d’intérêt, les immeubles de patrimoine de la capitale roumaine, Bucarest, confèrent à la ville un air désolant, et représentent un facteur de risque potentiel pour les habitants. Faute de travaux de restauration, une bonne partie de ces immeubles se dégradent et peuvent s’écrouler à tout moment, en cas de séisme majeur. Il s’agit notamment de plusieurs édifices somptueux dont une grande partie date de la deuxième moitié du XIXème siècle et la première partie du XXème et qui n’ont jamais bénéficié de la moindre consolidation.

La situation des édifices historiques de Bucarest
La situation des édifices historiques de Bucarest

, 13.07.2022, 05:22

Mis à rude épreuve par la nationalisation durant l’époque communiste, rétrocédés aux anciens propriétaires après 1989, mais souvent délaissés par ceux-ci, faute de financement ou d’intérêt, les immeubles de patrimoine de la capitale roumaine, Bucarest, confèrent à la ville un air désolant, et représentent un facteur de risque potentiel pour les habitants. Faute de travaux de restauration, une bonne partie de ces immeubles se dégradent et peuvent s’écrouler à tout moment, en cas de séisme majeur. Il s’agit notamment de plusieurs édifices somptueux dont une grande partie date de la deuxième moitié du XIXème siècle et la première partie du XXème et qui n’ont jamais bénéficié de la moindre consolidation.

Les efforts des dernières années, consentis aussi bien par l’administration locale que par les propriétaires, ont été considérés insuffisants par les experts et la société civile, affirme Ștefan Bâlici, à la tête de l’Institut national du Patrimoine. « On est toujours dans un scénario qui associe le statut de monument historique à quelque chose de négatif. On pense aux édifices de patrimoine comme à des problèmes potentiels. Tant que l’on ne dispose pas d’instruments efficaces et suffisamment connus de la société pour pouvoir remédier à cette situation, le patrimoine restera un problème. On ne pourra qu’assister à sa démolition, à son abandon ou à sa disparition. Bien sûr qu’une fois en place, le statut de monument historique – et d’ailleurs, tout le centre-ville de Bucarest est classé monument historique – implique des restrictions. Notamment, il est interdit de le faire démolir et on ne peut pas intervenir n’importe comment. On doit suivre tout une démarche administrative pour obtenir toute sorte de certificats qui impliquent de sommes importantes. Du coup, il faudrait aider les propriétaires à travers des programmes de soutien ou bien il faudrait tout simplement financer ces travaux. »

D’autres villes telles Timisoara et Oradea ont réussi à identifier des solutions administratives et mènent depuis plusieurs années d’impressionnants travaux de restauration et de consolidation des immeubles historiques. Certes, à Bucarest les problèmes sont beaucoup plus amples, puisque son patrimoine, bien plus riche, s’étend sur un périmètre plus large. Selon le Professeur Radu Văcăreanu de l’Université technique de Constructions de Bucarest, en Roumanie, on n’a pas une image claire de la situation à laquelle on se confronte, puisqu’on ignore aussi bien le nombre exact d’immeubles en péril en cas de séisme que les coûts des travaux potentiels. Radu Văcăreanu :« Je me souviens qu’à un moment donné, on a essayé de voir à combien se monteraient les efforts de consolidation des bâtiments vulnérables de Roumanie. Et il y en avait pour 13 à 14 milliards d’euros. Si on y ajoute la même somme pour assurer l’efficacité énergétique des immeubles en question, on finira par en avoir pour 27 milliards d’euros. Or, même si le Père Noël arrive et qu’il nous offre 27 milliards d’euros, on ne pourra jamais mettre en place de tels projets vu la capacité limitée d’intervention de l’appareil administratif et des sociétés du bâtiment. En admettant que ces sociétés ont l’argent nécessaire, est-ce qu’elles auraient la force de mettre en place de tels projets ? Bien sûr que non. Voilà pourquoi on doit prioriser, mais pour cela, il faut connaître la gravité des problèmes auxquels Bucarest se confronte. On a examiné un peu le risque sismique de la capitale et il y a deux aspects à prendre en considération : d’abord, assurer la sécurité des ceux qui habitent des immeubles à risque. Et puis, un deuxième aspect dont on doit tenir compte c’est, bien évidemment, limiter les dégâts. »

Or, vu le contexte, une question s’impose : qu’est-ce que la municipalité a fait concrètement pour remédier à cette situation ? Edmond Niculușcă, ancien représentant de l’Office pour les consolidations auprès de la Mairie de Bucarest, s’attarde aussi bien sur la situation dans le passé que sur le Programme de restauration récemment adopté par la mairie. « L’Office en charge des opérations de consolidation est une institution nouvelle. Lorsque j’ai assumé ce mandat il y a huit mois, j’ai été surpris de constater qu’aucun des 90 salariés n’était ingénieur spécialisé en structures du bâtiment et cela en dit long sur la situation. Il est vrai, aucun programme de financement n’existe en ce moment. Mais ce n’est pas l’état financier de la municipalité ni de l’Office en charge des consolidations qui provoque cette situation. La mairie se confronte à des problèmes majeurs en termes de finances, mais tel n’est pas le cas pour notre établissement. Le programme municipal de restauration visera tous les immeubles historiques, situés dans des zones de protection des monuments, et d’autres sites classés. Il prévoit des financements remboursables en 25 ans reposant sur des garanties immobilières. Conformément à plusieurs critères, les Bucarestois s’inscriront pour bénéficier de ce programme qui épaulera les propriétaires et les associations de propriétaires durant l’élaboration des projets de consolidation-restauration, mais aussi en matière d’obtention des avis et des autorisations, autant de démarches très compliquées. Le taux de cofinancement de la part de la mairie varie de 50 à 75 %. C’est le premier programme de financement visant les monuments historiques de Bucarest. »

Côté attitude des propriétaires, elle varie en fonction de leurs profil et intérêts. Une pratique assez répandue par le passé était de délibérément laisser à l’abandon des immeubles inscrits au patrimoine architectural pour qu’ils perdent leur statut de monuments historiques, afin de pouvoir les démolir et finalement exploiter le terrain. Mais il y a aussi des propriétaires qui pour différentes raisons s’avèrent réticents à l’idée d’une consolidation. Aux dires d’Edmond Niculuşcă, dans tous ces cas, la principale responsabilité incombe aux autorités. « Certaines associations de propriétaires ne souhaitent pas faire consolider leurs immeubles. Dans ce cas, les travaux trainent, les projets expirent parce que les propriétaires ne se mettent pas d’accord. Nous, en tant qu’administration publique, nous sommes tenus de dresser un procès-verbal mentionnant le fait que les propriétaires assument le risque et que l’autorité n’a pas pu intervenir pour réduire le risque sismique dans le cas de l’immeuble en question. Certes, dans certains cas, les propriétaires refusent tout projet, mais ce discours généralisateur selon lequel les travaux de consolidation ne se font pas à cause des propriétaires est entièrement faux. Ceux qui ont refusé la consolidation l’ont fait à cause du manque de transparence des autorités. Ils n’ont pas compris quels sont les coûts, ce qu’ils doivent payer ce qu’ils ne doivent pas payer, pourquoi certains coûts sont tellement élevés et surtout combien vont durer les travaux. »

A présent, la liste officielle des immeubles bucarestois à risque sismique classés dans la première catégorie inclut 349 immeubles, mais les associations civiques et les experts en BTP affirment qu’en réalité, leur nombre serait beaucoup plus grand à cause des retards enregistrés dans l’évaluation des immeubles, une opération sous-dimensionnée par rapport à l’étendue du patrimoine bucarestois. (Trad. Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

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