Un roumain jette en moyenne une portion de nourriture par jour
Lutter contre le gaspillage alimentaire en Roumanie, voilà l'objectif affiché du projet « Gospodar la Obor » à Bucarest
Ion Puican, 22.10.2025, 11:00
Chaque jour, un Roumain jette en moyenne une portion de nourriture. Cela représente plus de 6 000 tonnes de nourriture gaspillées chaque jour en Roumanie, soit 2,5 millions de tonnes par an, l’équivalent de 150 kilogrammes de nourriture jetés par personne. L’Union européenne a appelé à réduire ces pertes de moitié d’ici 2030, et la Roumanie a déjà mis à jour sa législation pour lutter contre ce fléau du gaspillage. Selon les données européennes, 54 % du gaspillage alimentaire provient des ménages, et en Roumanie, la tendance est à la baisse : en zone urbaine, le gaspillage est passé de 10 % en 2016 à 6,5 % en 2020, avec une prévision de seulement 2 % d’ici 2030. Les ménages sont les principaux responsables de ce gaspillage, suivis par les restaurants et les commerces.
Afin de changer les mentalités, l’Association des filières courtes (ALAS) a lancé le projet « Les ménages à la ferme ». L’objectif est simple : créer une communauté dont les membres ne gaspillent rien. Le projet se déroule au marché Obor de Bucarest et dans le parc ornithologique de la capitale. Il comprend des ateliers de cuisine communautaire avec des légumes imparfaits, des séances de compostage, des visites guidées et des campagnes de sensibilisation aux questions environnementales. Un composteur communautaire sera également installé pour que les déchets végétaux puissent nourrir le sol. Marius Tudosiei, fondateur d’ALAS, nous donne plus de détails sur le projet du marché Obor :
« Gospodar la Obor » (Les ménages à Obor) n’est pas né d’une simple coïncidence, mais d’un besoin que nous avons identifié : celui de transmettre une information correcte pour les deux parties, à savoir les producteurs et les consommateurs. Bien sûr, parmi les consommateurs, on compte aussi les restaurants, et le secteur de l’hôtellerie-restauration qui joue un rôle important, ces derneirs représentant chacun une part significative du gaspillage. … Les statistiques parlent d’environ six mille tonnes de nourriture jetées chaque jour. Cela se présente mal, mais je pense que nous pouvons progresser si nous parvenons à mettre en place des projets pédagogiques basés sur notre expérience. Pour les consommateurs, ces résultats sont principalement imputables au moment de faire les courses, où ils effectuent des achats inutiles …»
Un projet né d’un besoin, mais surtout d’une expérience personnelle
Marius Tudosiei nous a également parlé de son expérience personnelle de consommateur qui a donné naissance au projet « Gospodar la Obor » et au composteur installé sur le marché.
« Pour vous donner un exemple, lorsque nous commandons des produits pour Noël et Pâques, qui sont des pics de ventes importants, nous nous basons sur les statistiques des années précédentes, ce qui fait qu’au final, nous ne recevons quasiment rien. Or, la planification est essentielle pour minimiser le gaspillage. Et, pourquoi pas, pour atteindre zéro perte. Le projet « Gospodar la Obor » impliquerait l’installation d’un composteur communautaire… C’est un composteur communautaire, éducatif, en quelque sorte… Le projet « Gospodar la Obor » a débuté comme un projet d’accumulation d’informations et d’interactions. Nous souhaitons établir de bonnes relations avec les clients du marché, afin qu’ils soient en confiance lorsque nous leur proposerons d’apporter leurs restes au composteur… »
Le projet propose d’éduquer le public, mais aussi les producteurs comme nous l’explique Marius Tudosiei :
« J‘ai constatée qu’il existe déjà une pratique très bien établie. On y trouve des espaces avec des légumes à cuire, des tomates pour la soupe, etc., vendus à un meilleur prix. Je pense que cela aide aussi les consommateurs à assimiler l’information différemment et à prendre conscience que, même à la maison, s’ils ont des légumes moins beaux ou moins mûrs, ils pourraient être utilisés avec d’excellents résultats. J’ai parlé d’agriculture raisonnée, avec l’idée de leur transmettre le message suivant « retournons au passé et apprenons de lui ». Ce message peut paraître douteux ou être interprété de manière étrange, mais il suffit de se souvenir de ce que faisaient nos grands-parents et de la façon dont ils savaient gérer chaque ressource dont ils disposaient. En y réfléchissant, on se rend compte que même en appartement, en milieu urbain, la même technique peut être adoptée, et c’est une excellente technique, qui réduit nos coûts et permet de valoriser facilement tous les ingrédients disponibles. Le seul conseil que je donne au consommateur qui va en ville, au marché, dans les magasins c’est « Messieurs, Mesdames, dressez une liste, planifiez ce que vous voulez cuisiner, puis faites vos courses en fonction.» Et cette liste doit obligatoirement contenir des quantités. »
Le projet « Gospodar la Obor » propose de sensibiliser le public et les consommateurs, mais aussi les producteurs roumains. Une démarche essentielle pour réduire le gaspillage alimentaire et retravailler notre rapport à la surconsommation, un fléau qui ne touche malheureusement pas que la Roumanie.