Le rapport QX : radiographie de l’éducation et de la recherche en Roumanie
Ce document, s’appuie sur une logique innovante : à travers une série de questions pertinentes (Q), le système éducatif et scientifique roumain peut être préparé à affronter l’inconnu (X) de demain. Le rapport propose un cadre réformateur fondé sur trois piliers : les données factuelles, les meilleures pratiques européennes et internationales, et les analyses critiques du ministre de l'Education lui-même.

Roxana Vasile, 04.06.2025, 11:00
Un nouveau rapport stratégique intitulé « Rapport de diagnostic sur l’éducation et la recherche en Roumanie. Réalisations actuelles et implications pour les réformes futures dans ce domaine » a été présenté par le ministre intérimaire de l’Éducation et de la Recherche, Daniel David. Ce document, rapidement surnommé Le Rapport QX, s’appuie sur une logique innovante : à travers une série de questions pertinentes (Q), le système éducatif et scientifique roumain peut être préparé à affronter l’inconnu (X) de demain. Le rapport propose un cadre réformateur fondé sur trois piliers : les données factuelles, les meilleures pratiques européennes et internationales, et les analyses critiques du ministre lui-même. Ces réformes, explique Daniel David, pourraient structurer durablement le système éducatif et scientifique du pays, tout en étant adaptables selon les orientations politiques — qu’elles soient de gauche, du centre ou de droite.
L’enseignement pré-universitaire : un système à réinventer
Le diagnostic posé sur l’enseignement pré-universitaire est sans appel : inefficacité structurelle, taux d’abandon scolaire préoccupants, analphabétisme fonctionnel élevé et compétences médiocres chez les diplômés. Autant d’indicateurs que le ministre considère comme des menaces pour la sécurité nationale. Le socle éducatif obligatoire — de la maternelle au lycée — devrait viser la transmission de huit compétences clés permettant aux élèves de s’intégrer sur le marché du travail, de poursuivre des études supérieures, d’être des citoyens responsables et de mener une vie épanouie. Pour y parvenir, une révision en profondeur des programmes s’impose. Daniel David ministre intérimaire de l’Éducation et de la Recherche explique :
« Le programme scolaire, les méthodes pédagogiques et les manuels sont les éléments structurants à revoir. Il faut enseigner moins, mais mieux — de manière plus ciblée, pour développer les compétences essentielles. Nous devons repenser la charge horaire afin qu’elle reste alignée sur la moyenne européenne, car une surcharge ne se justifie que si elle produit des résultats exceptionnels, ce qui n’est pas notre cas. Il faut également sortir de la logique figée « cours-ici, leçon-là ». La législation prévoit déjà que 25 % du temps d’une matière soit consacré à des activités de remédiation ou d’application concrète, mais cette orientation est rarement mise en œuvre. Or c’est précisément ce qui nous pénalise dans les évaluations internationales comme PISA. »
L’enseignement supérieur : vers une adaptation continue
Le système universitaire roumain, dans sa forme actuelle, ne permet pas de garantir une formation évolutive en phase avec les mutations rapides du marché de l’emploi et les avancées scientifiques. L’enseignement supérieur doit non seulement produire des diplômés immédiatement opérationnels, mais aussi capables de se réinventer au fil de leur vie professionnelle. Daniel David, ministre intérimaire de l’Éducation et de la Recherche détaille:
« Un enseignement supérieur performant forme des diplômés de licence, master, doctorat qui doivent non seulement répondre aux attentes du marché de l’emploi, notamment dans les filières professionnelles comme la médecine, l’ingénierie ou les arts, mais aussi être en mesure de transformer ce marché, d’en créer de nouveaux. Au-delà de l’enseignement, le rôle de l’université est également de produire une recherche de haut niveau. Et ce n’est malheureusement pas à la hauteur de notre potentiel. Nous manquons cruellement de diplômés qualifiés, notamment dans les professions médicales. »
Le lien entre université et innovation est encore trop ténu. Le secteur Recherche-Développement-Innovation (RDI) n’atteint pas ses objectifs et reste sous-dimensionné face aux enjeux contemporains.
Recherche et innovation : un potentiel encore sous-exploité
Malgré sa position démographique — sixième pays de l’UE —, la Roumanie produit peu de connaissances, et encore moins de qualité, issues de sa propre pensée scientifique. Daniel David, ministre intérimaire de l’Éducation et de la Recherche, déplore que le système national de recherche reste morcelé, peu coordonné, inefficace dans l’allocation de ses ressources, et vulnérable à la fuite des talents :
« Il est devenu presque embarrassant de répéter chaque année que nous visons 1 % du PIB pour la recherche publique et 1 % supplémentaire du secteur privé, pour atteindre les 2 % recommandés. En réalité, nous en sommes loin. Je comprends que nous traversons des crises, mais sans financement adéquat et prévisible, il est illusoire de penser à une recherche sérieuse. Ce n’est pas un secteur que l’on peut mettre sur pause. Que faire d’un laboratoire de biotechnologie si les fonds sont coupés ? Le budget n’est pas une faveur, c’est une nécessité minimale pour que nos engagements soient tenus. »
Le rapport appelle à repenser l’architecture du système Recherche -Développement – Innovation (RDI) en clarifiant les rôles de ses acteurs, en éliminant les chevauchements et en promouvant une production scientifique compétitive à l’échelle internationale. Une réforme qui implique aussi un meilleur financement des chercheurs, afin qu’ils puissent contribuer à des innovations technologiques et culturelles ayant un réel impact. Le Rapport QX esquisse une vision ambitieuse pour l’éducation et la recherche en Roumanie. Mais sa mise en œuvre suppose une constance politique à moyen et long terme, au-delà des changements de gouvernements. Pour relever les défis du XXIe siècle, le pays devra investir intelligemment dans le savoir, tout en le plaçant au cœur de son développement économique et social.