Le courrier des auditeurs du 06.06.2025
Alex répond à vos messages
Alex Diaconescu, 06.06.2025, 12:44
Bonjour et bienvenue à un nouveau Courrier des auditeurs de RRI que je suis ravi d’animer à nouveau. Comment allez-vous ? Comment commence l’été chez vous ? En Roumanie, la société commence peu à peu à se refaire après les élections présidentielles, dernier épisode électoral d’une série qui a commencé il y a une année déjà. Toutes ces élections, municipales et européennes, législatives et présidentielles, mais surtout l’annulation de ces dernières ont provoqué beaucoup d’émotions dans la société roumaine. Et nous attendons toujours que les esprits commencent à se calmer progressivement pour arriver à ce retour à la normale que nous souhaitons tous. Le stress est toujours présent chez tous les élèves, lycéens et étudiants qui commencent, eux, en ce mois de juin la période des examens. Et je peux vous confirmer que les plus stressés sont les parents des dits élèves, lycéens et étudiants.
Les Roumains entre révolte et peur
Et je reste dans l’actualité politique pour répondre à quelques-uns de vos messages et questions. A la veille du second tour des présidentielles, notre ami auditeur Paul Jamet nous a partagé un article du « grandcontinent ». « Un article assez pessimiste qui explique que le Maire de Bucarest a très peu de chances d’emporter l’élection de dimanche … L’article analyse aussi les conséquences pour la Roumanie, pour l’Union européenne et pour l’Ukraine si G. Simion l’emporte », écrivait M Jamet. A ce moment-là, juste avant le scrutin, les auteurs de cette analyse estimaient que face à George Simion, le modéré Nicusor Dan avait encore une chance… mais elle était infime. Eh pourtant… Nicusor Dan a remporté les élections présidentielles avec une marge confortable de près d’un million de voix. Même moi, j’avoue que je ne m’y attendais pas. Ce fut un retour spectaculaire d’un outsider à première vue, aidé en grande mesure par les multiples erreurs du favori, qui s’attendait à remporter l’élection avec le même discours. Et pourtant, continuant par son discours anti-européen, anti-ukrainien et aux accents extrémistes, George Simion a réussi à effrayer une grande partie de l’électorat et notamment de l’électorat qui ne se présente pas aux urnes normalement. Avec une présence un peu plus élevée, Nicusor Dan a remporté largement la finale présidentielle. N’empêche, les partisans du courant nationaliste qui se revendiquent « souverainistes » contestent la légalité des élections présidentielles et dénoncent des ingérences de la part de puissances extérieures et notamment de la France qui aurait soutenu Nicusor Dan. Mais là c’est une toute autre histoire. Meilleures salutations M Jamet et nous vous remercions de votre fidélité.
A l’avenir faudra-t-il supprimer le vote de la diaspora ?
Et je passe maintenant au mail que nous a envoyé un autre auditeur fidèle et ami de RRI, Christian Ghibaudo de France. Vous écrivez : « Comme beaucoup d’auditeurs, je me réjouis de l’élection de Nicusor Dan. Pourra-t-il diriger le pays, avec un Gouvernement stable, il faut le souhaiter. Mais tant que les gouvernements, en Roumanie ou ailleurs ne feront rien pour améliorer la vie des citoyens, et bien ces citoyens seront toujours tentés de se rallier à ceux qui leur promettent des lendemains meilleurs. Quant au vote de la diaspora, c’est souvent problématique pour des pays ou il y a une diaspora importante (comme la Roumanie) ces votes de l’étranger peuvent chambouler les résultats et l’avenir pour les concitoyens au pays. Comme cela s’est passé il y a quelques années en Tunisie ou avec les voix de la diaspora le parti Islamiste a été mis au pouvoir. A l’avenir faudra-t-il supprimer le vote de la diaspora ? »
Vaste question, M Ghibaudo. Dans les pays dont la diaspora est assez importante, celle-ci arrive des fois à décider le résultat d’une élection. Ce fut le cas des élections présidentielles de Roumanie de 2009, décidées par le vote des Roumains habitant à l’étranger et remportées par le président de l’époque Traian Basescu. Tard dans la nuit, son adversaire, le chef de file du PSD, Mircea Geoana a célébré sa victoire pour découvrir le matin, après le dépouillement des urnes de diaspora qu’il avait perdu par une différence infime. Et la Roumanie n’est pas l’unique pays à se confronter à une telle situation, comme vous le constatez vous-même. En effet, l’on peut observer que dans plusieurs Etats, la diaspora arrive à se radicaliser et à voter pour des partis extrémistes. Finalement, à mon avis, il est très difficile de ne pas permettre à la diaspora de voter. D’abord, notons qu’actuellement l’électorat de ce que l’on appelle généralement « la diaspora » est un des plus divers. Il y a des Roumains qui ont émigré pour toujours, il y a déjà des électeurs roumains nés à l’étranger et qui ne comptent plus rentrer en Roumanie, tout comme il existe des travailleurs saisonniers roumains qui font périodiquement des aller-retours entre l’Occident et la Roumanie. Le sujet du vote de la diaspora est difficile en Roumanie et susceptible de susciter de vives émotions. Pour une grande partie des Roumains qui vivent à l’extérieur des frontières nationales, le vote est l’unique lien avec leur pays, par le biais duquel ils peuvent toujours changer, en bien – espèrent-ils – l’avenir de la Roumanie. Et puis, une grande partie des Roumains de l’étranger soutiennent leurs familles restées en Roumanie, y construisent des maisons et comptent toujours y rentrer pour mieux vivre dans leur pays d’origine. Grâce à Internet, d’autres suivent attentivement l’actualité politique et les débats dans la société et arrivent à les connaitre mieux que ceux des pays où ils se trouvent. Et tout comme le public roumain, les Roumains qui résident au-delà des frontières nationales sont soumis à la désinformation et à la guerre hybride sur les réseaux sociaux. Quelle serait la solution ? Et bien, il faudrait que les hommes et femmes politiques de Roumanie écoutent aussi l’opinion de la diaspora, s’impliquent dans la solution des problèmes des communautés roumaines surtout d’Europe et de pays tels la France, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie. Voilà pour la diaspora roumaine et son droit de s’impliquer activement dans les décisions prises en Roumanie.
Nouveautés sur les mesures anti-tabac en Roumanie
Par ailleurs, dans le même email, M Ghibaudo, vous évoquez aussi le fait qu’à partir du 1° juillet, en France, « il sera interdit de fumer sur les plages, dans les parcs et aux abords des écoles. Cela s’ajoutera aux autres restrictions sur l’interdiction du tabac. Personnellement, toutes ces restrictions, ne me toucheront pas puisque je ne fume pas. Mais maintenant, ou en est l’usage du tabac en Roumanie ? Plus flexible qu’en France ou pas ? », s’interroge notre auditeur.
Eh bien en Roumanie, la législation anti-tabac a été révisée en 2016 et elle interdit de fumer dans tout espace public fermé. Il est donc interdit de fumer dans les restaurants et les discothèques, dans les écoles et les hôpitaux, au travail et même aux abords des aires de jeux pour les enfants et des écoles. Cette année de nouvelles restrictions seront introduites dans la ville de Cluj, ville le centre-ouest de la Roumanie, où il sera interdit de fumer dans les arrêts de bus et de tram, dans les parcs publics et à l’intérieur de toute facilité sportive, dont les stades. A l’occasion des événements publics en plein air, il sera permis de fumer dans des espaces délimités. Et selon l’opinion générale, de telles mesures pourraient être appliquées ensuite à échelle nationale.
Quel est le pays préféré des Roumains pour les vacances d’été?
Et nous passons enfin à un sujet estival avec Naghmouchi Nouari d’Algérie qui souhaite savoir quel est le pays préféré des Roumains pour les vacances d’été. Il est difficile de nommer une seule destination préférée des Roumains, puisque le marché est toujours très dynamique et que beaucoup de Roumains n’ont pas encore fait de réservations. D’autres utilisent des plates-formes alternatives et n’achètent pas leurs séjours auprès des agences de voyage. Mais, selon la presse roumaine, qui cite des tour-opérateurs nationaux, les destinations les plus prisées par les Roumains cette année sont des pays méditerranéens tels l’Italie, la Grèce et l’Espagne. En même temps, des destinations telles l’Egypte, la Tunisie et Chypre sont de plus en plus populaires parmi les Roumains, alors que la Turquie compte toujours parmi les destinations préférées des familles roumaines. Les professionnels du secteur constatent aussi un changement dans les préférences des Roumains qui ne sont plus tellement passionnés des vacances tout compris à la mer et choisissent aussi de combiner loisirs avec expériences culturelles, historiques et d’aventure. Et c’est sur ce message que je mets fin au courrier des auditeurs d’aujourd’hui. A très bientôt !
