Christian Ghibaudo (France) – La sècheresse en Roumanie
Les grandes périodes de sécheresse en Roumanie et leurs conséquences
România Internațional, 11.09.2020, 14:13
Les analyses climatiques de l’Administration nationale de météorologie sur la Roumanie sur un siècle indiquent une hausse de la température, accompagnée par une baisse des quantités annuelles de précipitations. Ainsi, la moyenne annuelle de température de l’air s’est accrue de 0,8° C entre 1901 et 2012, par exemple. La sècheresse sévit surtout dans le sud et le sud-est du pays. Ici, les effets des changements climatiques ont un impact négatif important sur l’agriculture. Parmi tous les facteurs de calamité sur la production agricole, c’est la sècheresse qui a les effets les plus destructeurs. Les causes de ce phénomène ont trait au climat et aux interventions humaines, soit l’utilisation irrationnelle des terrains et des ressources d’eau, les pratiques agricoles inappropriées, les défrichements, la pollution de l’air et du sol. Dernièrement, les périodes de sécheresse sont devenues plus fréquentes.
On distingue la sècheresse météorologique, caractérisée par la baisse des précipitations en dessous des niveaux normaux. La sècheresse atmosphérique se produit lorsqu’une période longue de temps est dépourvue de précipitations. Cela entraîne une baisse importante des réserves d’eau dans le sol et c’est alors que la sècheresse pédologique s’installe. L’association de ces phénomènes génère la sècheresse agricole, qui fait que les récoltes soient partiellement ou complètement compromises. Les mois les plus secs sont juillet et août, mais aussi septembre et octobre, surtout dans des régions de plaine.
En général, la sècheresse se produit à des périodes de 10-15 ans, alternant avec des années de grosses quantités de pluie. Selon l’Administration nationale de météorologie, les années 1907, 1924, 1928, 1934, 1945, 1946, 1948, 1953, 1982, 1983, 1992, 1993, 2000, 2001, 2002, 2003, 2007 et 2012 ont enregistré des déficits pluviométriques. L’année agricole 1945-1946 est considérée la plus sèche du XXe siècle, avec une sècheresse particulièrement sévère et intense, mais aussi avec des conséquences désastreuses sur l’agriculture. La sècheresse de 2012 a été considérée la plus grande en une cinquantaine d’années. Les phénomènes météorologiques extrêmes et leur intensité font diminuer la production agricole avec des taux allant de 30-50%.
Les sècheresses prolongées ou celles qui se produisent dans des années successives déterminent de multiples effets négatifs, d’ordre écologique, économique et social, qui affectent la qualité de la vie des communautés humaines. Du point de vue écologique, le dessèchement peut produire la dégradation des terrains agricoles et la réduction du potentiel biologique du sol. Au plan économique, ce phénomène extrême affecte la production agricole et met en danger la sécurité alimentaire de la population. Bien entendu, la sècheresse engendre une réduction du cheptel, la baisse de la production d’électricité générée par les centrales hydrauliques, des difficultés de ravitaillement en eau des localités etc. Du point de vue social, la sècheresse génère la pauvreté, notamment parmi les populations rurales, elle met en danger les activités humaines, affecte l’état de santé de la population et détériore les relations interhumaines.
Selon les fermiers et les spécialistes, en Roumanie, la sécheresse pédologique de cette année, générée par les températures caniculaires, est la plus forte depuis une dizaine d’années. Elle a affecté 1,1 millions d’hectares de cultures agricoles, surtout celle de blé, à hauteur de 80%. Elle s’est manifestée notamment dans les départements de Constanta (sud-est), Tulcea (est), Botoşani (nord), Ialomiţa (sud), Timiş (ouest) et Buzău (est). 34.000 fermiers seront dédommagés par l’Etat. Cette année, le gouvernement alloue 850 millions de lei (175 millions d’euros) de dédommagements aux fermiers pour la sècheresse. Actuellement, la Roumanie dispose de 322.000 ha irrigués, contre 3 millions du temps du communisme.
Selon les études scientifiques élaborées par l’ONU, la FAO et les experts roumains, la sècheresse engendre l’aridité et même la désertification. L’Administration nationale de météorologie est d’avis que les tendances de hausse de la température et de baisse des précipitations se poursuivront au XXIe siècle. Ainsi, sur le long terme, la température moyenne en Roumanie pourrait croître de 3-4° entre 2061-2090 par rapport à la période 1961-1990. Les spécialistes prévoient aussi une réduction des quantités annuelles de précipitations les mois d’été. C’est pourquoi la Roumanie vise à atteindre 1 million d’hectares de cultures irriguées.