Incursion dans l’actualité du marché de l’emploi en Roumanie
Baisse du secteur du BTP/Diminution inquiétante de la capacité d’absorption de la main d’œuvre/Succès de la bourse des emplois/Quels sont les régions avec les salaires les plus élevés ?

Sorin Iordan, 10.06.2025, 10:40
Baisse du secteur du BTP
Au niveau mondial, le marché du BTP est confronté à des défis majeurs, constate le rapport mondial annuel publié par la société canadienne de conseil en immobilier d’entreprise, Colliers. En Roumanie, la recherche indique une baisse significative de ce secteur en 2024 par rapport à 2023. Parmi les principales difficultés figurent le retour des prix des matériaux de construction aux niveaux-record de l’année 2022, mais aussi la pression causée par un déficit budgétaire de près de 9 % du PIB, qui met sous en question la poursuite des grands projets financés de fonds européens. S’y ajoute l’élimination de l’exemption d’impôts pour les travailleurs du bâtiment, ce qui se traduit par des dépenses plus élevées avec les salaires. De plus, le BTP est un des domaines les moins numérisés, ce qui mène à des chantiers moins efficaces, à des immeubles de basse qualité et à des coûts plus élevés. Autre problème important : le manque de main d’œuvre qualifiée, puisque les travailleurs sont insuffisamment préparés pour ce domaine d’activité. Une des causes en est le fait que les sociétés roumaines du bâtiment investissent très peu dans la formation des salariés, soit seulement 0,1 % du profit. A comparer avec une moyenne de 1 % en UE.
Diminution inquiétante de la capacité d’absorption de la main d’œuvre
Voici un autre défi à relever par l’économie roumaine : une diminution inquiétante de la capacité d’absorption de la main d’œuvre et à une hausse du nombre de personnes actives qui migrent pour travailler ailleurs, affirme l’économiste et sociologue Ciprian Bădescu, chercheur de l’Institut de recherche de la qualité de la vie de l’Académie roumaine. Selon lui, entre 2010 et 2023, les montants que les Roumains partis à l’étranger ont envoyé en Roumanie ont augmenté de 15,6 fois, soit de 641 millions d’euros à une dizaine de milliards d’euros. De l’avis de M Badescu, même si les montants envoyés depuis la Roumanie par les migrants étrangers qui y travaillent ont augmenté de 88 millions d’euros en 2010 à 1,4 milliards en 2023, le décalage entre les sommes qui entrent en Roumanie et celles qui en sortent ne fait que croître, ce qui montre que l’économie roumaine est de moins en moins attrayante tant pour les travailleurs autochtones, qu’étrangers. Parmi les causes qui ont entraîné cet état de choses figure le décalage entre le pouvoir d’achat, la capacité de compensation par des bénéfices sociaux et le niveau d’imposition. En fait, selon Ciprian Badescu, de 2010 à 2023, la Roumanie a reculé à la dernière position du classement des économies les plus attrayantes en Europe Centrale et de l’Est.
Succès de la bourse des emplois
Plus de 8 000 personnes ont trouvé un emploi à la bourse des emplois, organisée par l’Agence nationale d’occupation de la main d’œuvre à la fin mai 2025, dans 67 villes à travers la Roumanie et à Bucarest, la capitale. Près de 19 000 employeurs y ont proposé une trentaine de milliers d’emplois. Les jobs les plus recherchés ont été ceux de travailleur sans qualification, agent de sécurité, chauffeur et courrier. L’offre a inclus des emplois pour les diplômés d’université, y compris pour les ingénieurs de différentes branches : managers, économistes, analystes, spécialistes et conseillers en banque. La majorité des emplois étaient basés dans la capitale, Bucarest, mais aussi à Constanta (sud-est), dans les départements de Mehedinti (sud-ouest), Ilfov (sud), Bihor, Cluj (nord-ouest) et Tulcea (sud-est). Parmi personnes ayant trouvé un emploi à cette occasion figurent aussi des réfugiés d’Ukraine, qui ont eu à choisir parmi 140 offres. A noter aussi que début avril 2025, les autorités roumaines ont rapporté un taux de chômage supérieur à la barre des 3%.
Quels sont les régions avec les salaires les plus élevés ?
Enfin sachez que le département de Brasov, dans le centre de la Roumanie, a grimpé en 6e place nationale pour ce qui est du salaire moyen net du mois de mars 2025, selon la direction départementale des statistiques. Avec une hausse de près de 10 % par rapport au mois précédent, le salaire net moyen dans le département de Brasov a atteint les 5 368 lei (1 060 euros). Le classement est mené par Bucarest, avec un salaire net moyen de 7 599 lei (1 500 euros). La capitale est suivie par les départements de Cluj (nord-ouest) et Timiş (ouest), tous les deux avec plus de 6 000 lei (près de 1 200 euros), puis par Ilfov (sud) et Sibiu (centre). Dans le département de Braşov, où près de 206 000 employés sont enregistrés, le salaire moyen net dans l’industrie et le BTP était de 5 678 lei (un peu plus de 1 100 euros), tandis que dans les services et l’agriculture, il était inférieur à la moyenne nationale. Le nombre de personnes en activité à Braşov a augmenté de près de 700 par rapport à février 2025 et de plus de 3 100 par rapport à mars 2024. (trad. Alex Diaconescu)