La Roumanie, partenaire essentiel dans les efforts de dissuasion et de défense de l’OTAN
La Roumanie pourrait offrir un système de défense antiaérienne Patriot à l'Ukraine
Alex Diaconescu, 15.05.2024, 14:46
Le renforcement de la présence militaire de l’OTAN sur le flanc Est de l’Alliance et de l’Europe est un des piliers des mesures alliées de dissuasion. L’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et l’invasion suivie par la guerre en Ukraine constituent des évènements qui ont déterminé les dirigeants de l’OTAN à repenser leurs stratégies de défense collective. La Roumanie occupe une place prépondérante dans le cadre de l’Alliance, puisqu’elle constitue une véritable ancre dans le sud du flanc Est et un Etat riverain de la mer Noire, région d’importance stratégique pour la sécurité européenne et euro-atlantique. Aux sommets de l’OTAN de Madrid et de Vilnius, en 2022 et 2023, la Roumanie a inscrit à l’agenda le problème de la consolidation de la présence de l’OTAN dans le bassin de la mer Noire.
La présence avancée de l’OTAN inclut actuellement 8 groupes de combat multinationaux, mis en place par les nations-cadre et renforcées par la contribution d’autres alliés. Ceux-ci sont déployés dans les 3 Etats baltes et en Pologne, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie et Roumanie, couvrant ainsi l’intégralité du flanc Est. En Roumanie, le groupe de combat est mené par la France en tant que nation-cadre, avec les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg en tant que contribuables. A présent, le groupe de combat a la force d’un bataillon mais devrait augmenter jusqu’au niveau de brigade pour compter jusqu’à 4 000 militaires. Egalement en Roumanie, l’OTAN compte aussi plusieurs structures de commandement : le commandement du Corps multinational sud-est à Sibiu, dans le centre, et celui de la division multinationale du sud-est, à Bucarest, ainsi que l’unité d’intégration des forces de l’OTAN dans la Capitale.
La Roumanie est un partenaire essentiel dans le développement des efforts de dissuasion et de défense de l’Alliance sur le flanc Est par le fait qu’elle accueille le bouclier antimissile de Deveselu, dans le sud et qu’elle contribue au renforcement de la sécurité en mer Noire. Un tel exemple d’implication est le début des travaux d’élargissement de la base militaire de « Mihail Kogălniceanu» dans le département de Constanța (sud-est), qui pourra accueillir 10 000 militaires de l’OTAN. C’est un projet qui coûtera au gouvernement quelque 2 millions et demi d’euros. A présent, la Roumanie accueille quelque 5 000 militaires étrangers.
Il faut constituer un groupe naval permanent de l’OTAN
Le besoin de constituer un groupe naval permanent de l’OTAN dans le bassin de la mer Noire est de plus en plus souvent évoqué. La Roumanie, la Bulgarie et la Turquie devraient identifier une solution commune pour assurer la sécurité en mer Noire. La mer Baltique sert de modèle, puisqu’elle est pratiquement devenue un véritable « lac de l’OTAN » après l’adhésion de la Suède et de la Finlande. La consolidation des relations entre l’OTAN et l’Ukraine et parfois même l’acceptation de l’Ukraine au sein de l’OTAN pourraient offrir de nouvelles possibilités de renforcer le bassin de la mer Noire.
La Roumanie pourrait offrir à l’Ukraine un système de défense antiaérienne Patriot
Le fait que la Roumanie a la plus longue frontière terrestre avec l’Ukraine a aussi mis en exergue le rôle et la position de la Roumanie dans le cadre de l’OTAN. Au sujet du soutien à son voisin, la Roumanie pourrait céder à l’Ukraine un de ses systèmes de défense aérienne Patriot. C’est une hypothèse qu’a énoncée le président roumain, Klaus Iohannis, dans le cadre de sa visite aux Etats-Unis. Mais une telle décision ne peut être adoptée que suite à des consultations dans le cadre du Conseil suprême de défense de la Roumanie. Le pays dispose de quatre systèmes de ce type, dont seulement un est actuellement opérationnel, les trois autres étant en train d’être déclarés opérationnels. Si une telle décision est adoptée, l’Ukraine se verra offrir un de ces trois systèmes.
« Il y a tout un débat sur qui pourrait offrir à l’Ukraine des systèmes Patriot. La Roumanie dispose de tels systèmes et la question nous a été posée. Le président Joe Biden a lui aussi évoqué cette éventualité et je suis ouvert à toute proposition. Je devrais toutefois consulter le Conseil suprême de défense de la Roumanie et identifier ce que nous pouvons offrir et évidemment ce que nous pouvons recevoir en échange parce qu’il est inacceptable que la Roumanie se voit dépourvue de défenses antiaériennes », a déclaré M Iohannis.