Une histoire d’amour de 6000 ans : les amoureux de Gumelnița
Le
Musée national d’histoire de la Roumanie, le MNIR, accueille l’exposition « Une histoire d’amour de 6000 ans : les amoureux de
Gumelnița » qui présente des pièces préhistoriques célébrant le sentiment
humain le plus complexe : l’amour. Nous nous sommes entretenus avec la
muséographe et commissaire de l’exposition Andreea Bîrzu.
Ion Puican, 07.03.2023, 13:02
Le
Musée national d’histoire de la Roumanie, le MNIR, accueille l’exposition « Une histoire d’amour de 6000 ans : les amoureux de
Gumelnița » qui présente des pièces préhistoriques célébrant le sentiment
humain le plus complexe : l’amour. Nous nous sommes entretenus avec la
muséographe et commissaire de l’exposition Andreea Bîrzu.
Les
hommes préhistoriques étaient-ils amoureux ? Andreea Bîrzu :
« Il
semble qu’ils l’étaient. Oui, en fin de compte, l’amour est universel. Je ne
vois pas pourquoi il n’aurait pas existé aussi pendant la préhistoire. Je
voudrais parler d’une pièce de cette époque, du Néolithique pour être plus
précise. C’est une pièce découverte sur le site archéologique de Gumelnita, en
Olténie, dans le sud de la Roumanie, près du Danube. C’est un artefact unique,
notamment pour sa forme. C’est une paire de statuettes anthropomorphes, c’est-à-dire
qui imitent la silhouette humaine. Elle est tout à fait spéciale, une des rares
pièces de ce genre qui ont été découvertes, de celles qui représentent un
couple homme-femme dans l’art néolithique de l’Europe du sud-est. Quelques
autres pièces représentant des couples ont été découvertes mais leur forme
diffère de celle de la pièce que nous exposons. Par exemple, une pièce
intéressante de ce point de vue a été découverte à Sultana. C’est un site
archéologique qui relève de la culture de Gumelnița et se trouve aujourd’hui
dans le département de Calarasi. La pièce que nous exposons est en argile, elle a été modelée à la main
par les artisans, décorée avec des incisions et des perforations, cuite pour
être plus résistante, puis peinte en rouge et blanc, les pigments ne sont plus
visibles que sur quelques parties des statuettes. Il est difficile de dire
comment ces statuettes étaient utilisées, quelle était leur fonction. On parle
d’une œuvre qui a plus de 6000 ans et qui appartient à une civilisation dont on
ne sait que très peu de choses. Une société humaine spécifique et complexe, la
civilisation de Gumelnita que l’on connait surtout au travers de ses céramiques
absolument singulières, certaines peintes à la graffite, d’autres en or. C’est
une civilisation qui s’étendait sur tout le territoire roumain actuel, en
particulier en Munténie et en Dobrogée mais aussi sur l’actuelle
Bulgarie. »
Andreea
Bîrzu nous a décrit la pièce exposée au MNIR et est revenue pour nous sur les
motivations de l’exposition :
« Revenons à l’artefact
que nous exposons au Musée national d’histoire de Roumanie. C’est une
découverte unique, représentant une des créations originales de cette
civilisation. Ce qui attire particulièrement l’attention c’est la manière dont
les deux personnages sont dépeints et l’affection qu’il en émane. Les corps
sont collés et ont une base commune. On remarque que le bras gauche de la
statuette féminine tient d’une certaine manière la statuette masculine par la
taille et le bras droit du personnage masculin se trouve dans le dos du
personnage féminin, la prenant par les épaules dans un geste de tendresse et de
protection. Nous avons décidé d’exposer cette œuvre pendant le mois où on
célèbre l’amour, avec la saint Valentin et la fête roumaine de Dragobete. Cette
exposition est accessible au public jusqu’à la fin du mois, du mercredi au dimanche. »
De
quoi réfléchir à la permanence des sentiments…(trad. Clémence Lheureux)