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Fusion forcée du PCR et du PSD en février 1948

Les régimes communistes en Roumanie entre 1945 et 1989 ont entraîné la dissolution et la disparition des autres partis politiques du pays

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, 18.03.2024, 12:27

Instauration du premier gouvernement communiste

L’instauration du premier gouvernement dirigé par le parti communiste le 6 mars 1945 s’est rapidement traduite par la mainmise des communistes sur les moindres aspects de la société roumaine. Suivant en cela le grand frère soviétique, le Parti communiste roumain a déclenché sans tarder une vague de terreur ciblant d’abord les forces politiques démocratiques. Pour parvenir à leurs fins, les communistes n’ont pas lésiné sur les moyens. Aussi, certains partis démocratiques se sont vus mettre hors la loi et leurs leaders arrêtés, alors que d’autres partis, de gauche surtout, ont été mis en situation de devoir rejoindre de force le camp des communistes. Ce fut bien le sort du parti social-démocrate.

Les débuts du Parti Social-Démcrate de Roumanie

Fondé en 1893 sous la titulature de parti social-démocrate des ouvriers de Roumanie, il s’est agi de la première force politique ouvrière, de gauche, de Roumanie. Son successeur, le parti social-démocrate roumain, fondé en 1910, rebaptisé parti socialiste en 1918, avait soutenu activement l’union de la Transylvanie au royaume de Roumanie après la fin de la Grande Guerre, ainsi que les grands desseins nationaux du pays. Toutefois, en 1921, après l’arrivée au pouvoir des communistes en Russie et l’apparition du Komintern (la 3e Internationale communiste), le parti socialiste roumain se scinde en une aile radicale, qui adhère au Komintern, et une aile modérée, qui jettera en 1927 les bases du parti social-démocrate. Dans l’entre-deux-guerres, les deux frères ennemis sont demeurés sur des positions irréconciliables. Les sociaux-démocrates demeurent attachés aux institutions démocratiques et à la défense des intérêts nationaux, alors que les communistes suivent de près la ligne antinationale tracée par les agents du Komintern et n’hésitent pas à recourir à l’insurrection et au terrorisme. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 30 août 1944, l’Armée rouge occupe le pays, alors que le parti communiste roumain devient le bras politique interne de l’armée d’occupation. Une occupation qui perdurera après la fin de la guerre et qui mènera à la destruction du système démocratique et à l’instauration de la dictature communiste avant la fin de l’année 1947. Au congrès convoqué au mois de février 1948 le parti social-démocrate roumain allait se mettre à la remorque des communistes.

Les souvernis d’Elena Gugian, conservés par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine

La journaliste Elena Gugian a adhéré au parti social-démocrate à 19 ans, en 1944. Son père, ouvrier, était membre du parti depuis sa création, en 1927.  Elena Gugian allait faire partie de l’organisation des femmes sociaux-démocrates et sera élue secrétaire du parti dans ses relations avec la presse, tout en travaillant à la publication « L’ouvrière », organe de presse du parti, fondé en 1930.

Dans l’interview qu’elle donna en 2000, et conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Elena Gugian clamait que la mise à mort du parti social-démocrate avait été concoctée depuis Moscou, décidé d’en finir avec ces alliés incommodes des communistes, et cela dans tous les pays satellites.

Elena Gugian : « Le processus de fusion avait débuté en 1946, alors que le parti social-démocrate roumain était le parti social-démocrate le plus important d’Europe après celui d’Allemagne. L’URSS avait d’ailleurs très vite procédé à la fusion forcée des sociaux-démocrates et des communistes en Allemagne de l’Est. Deux années plus tard, Moscou décide de répliquer l’opération dans tous les Etats d’Europe centrale et de l’Est devenus des Etats satellites de Moscou. C’était fait pour que les sociaux-démocrates ne fassent plus de l’ombre aux communistes. Aussi, en février 1948, notre tour est venu. Au mois de juin, les sociaux-démocrates hongrois et tchécoslovaques allaient disparaître. Au mois d’août les Bulgares. Enfin, au mois de décembre, les Polonais. C’en est ainsi fini de la social-démocratie dans ces pays. »  

La procédure utilisée par les communistes

Dans tous les cas, la fusion a été réalisée par l’absorption des sociaux-démocrates dans le parti communiste, et cela sans négociations. Elena Gugian détaille dans son interview la procédure que les communistes utilisaient pour arriver à leurs fins.

« Chez nous, les communistes ont démarré leur opération de charme avec notre organisation des jeunes, puis avec l’organisation des femmes, enfin avec l’ensemble du parti. J’avais assisté, en qualité de journaliste, aux discussions qui portaient sur la fusion entre les deux partis et qui ont été menées entre les jeunesses communiste et social-démocrate. Les réunions se déroulaient à notre siège, et la personne désignée à mener ces soi-disant négociations de la part des communistes a été Nicolae Ceausescu, qui allait devenir le futur chef de l’Etat en 1965. »   

Nicolae Ceausescu menait les négociations

Elena Gugian se rappelait l’image qu’avait laissée le futur dictateur communiste auprès de ses camarades :

« Nicolae Ceauşescu se pointait et débitait sans faute la litanie qu’il avait sans doute apprise par cœur au préalable. Il s’en suivait une séance de questions-réponses. Simplement, il ne répondait jamais aux questions, il récitait tout simplement, encore une fois, ce texte appris par cœur. Parfois, Anton Manea, notre leader, lui coupait la parole, lui demandait des explications, ou lui suggérait une autre issue à un problème ponctuel. Que nenni. Cela ne marchait pas. Ceaușescu reprenait la même tirade, à la virgule près. L’on avait envie de le jeter par la fenêtre ou de se défenestrer soi-même. »  

La fusion entre le parti communiste et le parti social-démocrate donnera naissance au parti ouvrier roumain. Il ne s’agissait toutefois que d’un simple changement de nom, censé entretenir l’illusion d’une fusion réelle. Les leaders sociaux-démocrates qui se sont opposée à la fusion forcée et à la disparition de leur partiseront jetés en prison où beaucoup périront, à l’instar de son président Constantin Titel-Petrescu. D’autres membres, telle Elena Gugian, refuseront de fouler aux pieds leurs principes et de rejoindre le nouveau parti ouvrier. (Trad Ionut Jugureanu)

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