Ion Iliescu, « petit père » de la nation à l’héritage contesté.
Le politologue Sergiu Miscoiu, professeur à l'université Babes-Bolyai de Cluj explique quelle était la vision politique d'Ion Iliescu et comment ses mandats ont marqué l'histoire du pays.
Alex Diaconescu, 18.09.2025, 15:10
Nous parlons toujours histoire récente sur les ondes de RRI avec le politologue Sergiu Miscoiu, professeur à l’Université Babes Bolyai de Cluj. Et le sujet d’aujourd’hui est l’héritage contesté de l’ancien président roumain Ion Iliescu. Rappelons-le, Ion Iliescu est décédé en début août, à l’âge de 95 ans d’un cancer du poumon. Ses funérailles d’Etat ont été particulièrement discrètes, ce qui est assez étonnant vu qu’au début des années ’90 il était l’homme politique le plus apprécié du pays – d’ailleurs il a remporté les premières élections présidentielles du pays avec 85% des voix. A l’époque Ion Iliescu était le politicien qui bénéficiait du taux de popularité le plus élevé de Roumanie. Et pourtant, une partie de la population roumaine ont contesté Ion Iliescu dès son arrivée au pouvoir. Sa réaction et son implication dans les événements de l’été 1990, allaient marquer fortement l’image du pays et son avenir. Dans une précédente émission sur RRI nous avons présenté le parcours politique d’Ion Iliescu à l’époque communiste, et son évolution du jeune activiste issu d’une famille très modeste jusqu’à son arrivée parmi les cercles les plus élevés du pouvoir – c’est-à-dire membre du Comité central, sa marginalisation et enfin son rôle déterminant dans la révolution anticommuniste roumaine de 1989. Une fois le régime renversé, Ion Iliescu est devenu le leader de la Roumanie. Et pourtant, il se confrontait aussi à un véritable mouvement de contestation, qu’il a écrasé non seulement à l’aide des forces de l’ordre mais en utilisant aussi les ouvriers des plusieurs usines bucarestoises et les mineurs de la Vallée du Jiu. Une action suite à laquelle la Roumanie a perdu énormément.
L’homme fort du début des années 1990 a dû à nouveau traverser un désert de 1996 à 2000 lorsqu’il s’est retrouvé en Opposition. Mais le pays avait subi des changements radicaux et son deuxième mandat a été très différent du premier. Ion Iliescu a changé la Roumanie mais finalement la Roumanie a changé Ion Iliescu. Et pourtant pour la vaste majorité des Roumains, les années 1990 constituent une décennie perdue, durant laquelle le pays a failli entreprendre les réformes et les transformations entreprises par d’autres pays de l’ancien bloc communiste. Les conséquences de ce décalage sont visibles de nos jours encore.