Une explosion du nombre d’accidents dans les dernières années
Les trottinettes électriques permettent de se déplacer à moindre coût, rapidement et facilement, c'est pourquoi leur nombre a considérablement augmenté ces dernières années en Roumanie. Mais selon la police, le nombre d'accidents de trottinette a explosé, avec plus de 1 500 accidents au cours des sept premiers mois de 2025, contre un peu plus de 1 300 pour l’ensemble de l’année 2024.
Roxana Vasile, 01.10.2025, 11:15
Récemment un adolescent est décédé en Roumanie après avoir perdu l’équilibre sur sa trottinette et être tombé sur la chaussée. Dans un parc, un enfant de 3 ans a été violemment percuté par un jeune à trottinette, ce dernier a continué son chemin après l’accrochage, comme si de rien n’était. Un enfant de 12 ans est tombé d’un pont alors qu’il se déplaçait en trottinette. Un homme est tombé dans le coma après être tombé de sa trottinette, alors qu’il ne portait pas de casque. Une femme est décédée après qu’une trottinette passée au rouge l’a violemment percutée sur le passage piéton. Les cas d’accidents graves impliquant une trottinette n’en finissent plus de grossir les rubriques nécrologiques.
Et pourtant, les trottinettes électriques permettent de se déplacer à moindre coût, rapidement et facilement, c’est pourquoi leur nombre a considérablement augmenté ces dernières années en Roumanie. Mais selon la police, le nombre d’accidents de trottinette a explosé, avec plus de 1 500 accidents au cours des sept premiers mois de 2025, contre un peu plus de 1 300 pour l’ensemble de l’année 2024. 80 % de ces accidents sont à imputer aux conducteurs de trottinettes, qui se sont blessés eux-mêmes ou ont blessé d’autres personnes. En 2024, 9 personnes sont décédées à la suite d’accidents de trottinette. Cette année ce sont déjà 7 personnes qui sont mortes dans un accident impliquant une trottinette. On compte également 1 353 personnes blessées au cours de l’année dernière et 1 618 cette année. Et les chiffres sont en nette progression, bien qu’une loi réglementant de manière minimale la circulation des trottinettes électriques dans le pays ait été adoptée en 2020. En effet, entre 2016 et 2019, 192 accidents de la route impliquant des conducteurs de trottinettes électriques avaient été enregistrés en Roumanie, faisant un mort, 37 blessés graves et 156 blessés légers.
Un encadrement juridique déficient
Pourquoi y a-t-il tant d’accidents impliquant des trottinettes électriques ? Cătălin Codescu, le président de l’Association des victimes des accidents routiers, décrit des pratiques problématiques.
« Le problème tient au manque d’équipement de protection. Mais aussi au non-respect des règles de circulation, au fait que les conducteurs de trottinette roulent sur la chaussée comme si c’était normal, ce qui est très grave. Comme les trottinettes sont très mobiles, elles sont utilisées tant sur les zones réservées aux voitures que sur les trottoirs et elles entrent donc en conflit à la fois avec les piétons et les voitures. C’est pourquoi il y a un risque élevé pour les piétons et un risque d’accident incluant des voitures. »
Titi Aur est pilote de rallye et expert en conduite défensive. Selon lui, il n’y a pas de sécurité routière en Roumanie. Il pointe la responsabilité de deux évolutions techniques, le téléphone portable et la trottinette électrique, dans l’explosion du nombre d’accidents causant des morts et des blessés graves : le téléphone car il déconcentre les conducteurs, la trottinette parce que son usage n’est pas suffisamment réglementé. Cătălin Codescu, le président de l’Association des victimes des accidents routiers, pointe deux problèmes majeurs concernant les trottinettes électriques.
« En premier lieu, il y a le fait qu’aucun cours de sécurité routière n’est exigé pour conduire une trottinette. De nombreux conducteurs de trottinette sont mineurs et n’ont pas de permis de conduire, ils ont entre 14 et 18 ans et ignorent tout de la législation routière. Ou alors ce sont des adultes qui n’ont pas le permis. Ainsi, tous nos efforts pour améliorer le cadre législatif sont vains puisque les conducteurs ne sont pas formés. Il faut que les gens qui utilisent ce type de mode de déplacement aient des notions de sécurité routière ! Le deuxième problème concerne l’assurance. Il faudrait a minima une assurance responsabilité civile automobile qui protège les tiers lésés pouvant être blessés. L’idéal serait d’avoir une combinaison d’assurances : une assurance accident pour les conducteurs de trottinette, pour couvrir leurs propres blessures, et une assurance responsabilité civile pour couvrir les dommages causés aux tiers. »
Interdire ou réglementer ?
Conformément à la législation en vigueur en Roumanie, les trottinettes électriques ne peuvent être conduites que par des personnes âgées d’au moins 14 ans. Entre 14 et 16 ans, les utilisateurs sont tenus de porter un casque de protection. Après 16 ans, le casque est seulement recommandé. Il est également interdit de transporter des passagers : la trottinette électrique est destinée à une seule personne. Les trottinettes doivent circuler uniquement sur les pistes cyclables et, en l’absence de telles pistes, sur le côté droit de la chaussée, si la vitesse maximale de la trottinette ne dépasse pas 25 km/h. Il est également interdit de circuler sur le trottoir s’il n’y a pas de piste spécialement aménagée. Mais qu’en est-il de la réalité ?
En réalité, les conducteurs de trottinette électrique roulent en général sans casque ni autre type de protection. La vitesse maximale de 25 km/h est très souvent dépassée et le mode de conduite particulièrement dangereux. Ils changent brusquement de direction, sans vérification préalable, ou circulent de manière chaotique non seulement sur la chaussée, mais aussi sur les trottoirs. A Buzău, le maire, Constantin Toma, a pris des mesures pour réduire les accidents causés par les trottinettes électriques.
« À la suite de plusieurs accidents, dont un mortel il y a deux ans dans un parc de Buzau, nous avons pris la décision d’interdire l’utilisation des trottinettes dans les parcs les samedis et dimanches. Nous travaillons actuellement sur un projet qui sera soumis à un débat public et que nous approuverons en octobre, afin d’interdire l’accès des trottinettes tous les jours, dans tous les parcs de la ville et dans la zone centrale et piétonne. C’est bien que les gens se rendent au travail en trottinette, et beaucoup d’habitants de Buzău le font, mais il ne faut pas en arriver à cette situation extrême où tous les enfants, y compris ceux de moins de 14 ans, ont une trottinette et que les enfants de 18 ans se rendent obligatoirement à l’école avec leur voiture personnelle ou celle de leurs parents. Si vous êtes un enfant et que vous n’avez pas de trottinette, si vous avez 18 ans et que vous n’avez pas de voiture, vous êtes déjà un paria ! Je ne parle même pas de ces trottinettes G3, G4… je ne les connais pas… qui peuvent atteindre 80 km/h. Elles constituent un véritable danger public ! »
Il n’existe pas de statistiques claires indiquant combien de trottinettes électriques impliquées dans des accidents sont des véhicules privés et combien sont des véhicules de location. Cependant, en raison du danger qu’elles peuvent représenter, certaines grandes villes – Brașov, Timișoara, Constanța ou, plus récemment, Piatra Neamț – ont décidé d’interdire celles qui peuvent être louées. Alors que la circulation routière et la pollution de l’air constituent des défis majeurs pour de nombreuses villes, la décision d’interdire les trottinettes plutôt que d’essayer d’en réglementer l’usage peut sembler à contre-courant.