Ensemble pour la sécurité des femmes
Des marches de solidarité envers les femmes victimes de la violence ont eu lieu dimanche dans plusieurs villes de Roumanie.

Daniela Budu, 20.10.2025, 11:40
Des milliers de personnes ont participé dimanche à Bucarest et dans d’autres villes de Roumanie à des marches de solidarité envers les filles et les femmes, victimes de la violence. Sous le titre „Ensemble pour la sécurité des femmes”, la marche s’est voulu un appel à la lutte contre toutes les formes de violence auxquelles les femmes sont soumises. Les participants ont rappelé le nombre élevé de femmes, tombées dernièrement victimes de la violence physique, sexuelle, verbale, des femmes humiliées, contrôlées ou terrorisées par leurs partenaires.
La Roumanie réclame une modification de la loi pour mieux sanctionner la violence conjugale
Ils ont demandé au Parlement de modifier l’actuelle législation afin de mieux évaluer les risques de féminicide et de sanctionner les violences qui les précèdent. De plus, ils ont revendiqué la reconnaissance du mariage forcé en tant que délit distinctif et ils ont réclamé des programmes d’éducation pour l’égalité des genres dans les écoles de Roumanie.
Carmen Gendelon, à la tête de l’Association Ades Dulcis, affirme qu’aucune femme ne devrait se confronter à la violence: La violence contre les femmes est une question qui nous concerne tous, un problème social très grave, et donc, nous nous bataillons pour que chaque femme soit en sécurité, qu’elle soit chez elle ou dans la rue. Les femmes, qu’elles soient roms ou non, jeunes ou âgées, méritent de se sentir en sécurité, aussi bien à la maison, chez elles, que dans la rue et au sein de leur communauté. La violence ne choisit pas l’origine ethnique ou le statut social. C’est pourquoi nous sommes solidaires et nous disons tous, à l’unisson que cette question nous préoccupe.
36000 plaintes enregistrées en 2024
Selon les données, 40 femmes ont été tuées ces 8 derniers mois par leurs anciens ou actuels compagnons, et presque 450 femmes ont été assassinées par un membre de leur famille au cours des dix dernières années. Rien qu’en 2024, la police a enregistré plus de 36.000 plaintes de la part des femmes qui dénonçaient différents faits d’agression. Aux dires des spécialistes, le nombre de femmes victimes de la violence est beaucoup plus grand que les statistiques ne le montrent et les ONG viennent le confirmer : plus de 40% des femmes roumaines affirment avoir été victimes d’un fait d’agression physique, de menaces, de violence sexuelle et presque une femme sur deux avoue avoir subi un acte d’agression de la part de leur conjoint.
Une commission spécialisée mise en place au Parlement
Le Réseau pour la prévention et la lutte contre la violence contre les femmes réclame des instruments juridiques plus efficaces, des places dans des refuges sûrs et accessibles, ainsi qu’un soutien psychologique et juridique gratuit accordé aux victimes. L’Agence nationale pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes a mis à la disposition des victimes de la violence domestique une ligne téléphonique gratuite permettant de signaler les cas d’agression conjugale, de traite des êtres humains, de discrimination sexiste ou multiple. Par ailleurs, le mois dernier, le Parlement a mis en place une commission spécialisée dédiée à la lutte contre la violence domestique et le féminicide, intitulée « une Roumanie sans violence ». Composée de membres de la Chambre des députés et du Sénat, aux côtés d’experts et de membres des ONG, la commission a pour principale mission d’analyser la législation actuelle, de proposer des amendements visant à renforcer la protection des victimes et d’examiner la possibilité de mettre en place une définition juridique claire du féminicide.