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Intégrer les migrants en Roumanie. Les défis.

Les actes de violence dans la rue contre les travailleurs étrangers font de plus en plus la une de l’actualité. Dans le même temps, le problème de l'entrée illégale des étrangers reste un sujet tout aussi brûlant, sans aucune stratégie de la part des autorités visant à réduire ce phénomène.

Foto: Mathias Reding / Unsplash
Foto: Mathias Reding / Unsplash

, 12.11.2025, 12:44

Une stratégie abandonnée

 

En juillet 2025, la mairie générale de Bucarest a proposé une stratégie d’inclusion des migrants dans la capitale, visant à les intégrer progressivement par des mesures concrètes, allant de l’accès aux services publics à l’intégration par le travail et l’éducation, en passant par des cours de roumain gratuits, la lutte contre la discrimination et la participation civique. Cependant, à la suite d’une vague de haine sur les réseaux sociaux, en particulier dans les groupes Telegram de type néo-fascistes, cette stratégie, pourtant pertinente, a été temporairement retirée. Radu Stochiță, chercheur et militant syndical en Roumanie, évoque les inconvénients à long terme du manque d’intégration des étrangers :

« Si ces personnes souhaitent rester en Roumanie et que nous ne parvenons pas à les intégrer, cela va poser problème sur le long terme. Et par intégration, je ne pense pas à une « roumanisation» forcée,  mais je fais plutôt référence à une intégration facilitée par la compréhension de l’autre. Il faut les aider à comprendre le cadre juridique en Roumanie et le fonctionnement des institutions, comment les choses se passent dans nos écoles, nos hôpitaux, etc bref, le fonctionnement de la société roumaine dans son ensemble, la façon dont nous menons notre vie. Cela permettrait, d’une part, d’éviter le phénomène de la ghettoïsation, lorsque les migrants ont tendance à se réfugier au sein leurs propres communautés. Ce phénomène ne concerne pas forcément la première génération de migrants. Mais si la deuxième, puis la troisième génération, qui naissent ou arrivent plus tard, souhaitent s’établir ici, elles n’auront plus autant besoin d’interagir avec la communauté roumaine que la génération précédente. Pour vous donner un exemple : à l’heure actuelle, ceux qui souhaitent s’acheter du riz ou tout ce dont ils ont besoin, se rendent dans les magasins en ville. Ils dépendent donc de l’interaction avec la société roumaine. Mais les générations suivantes n’auront plus les mêmes besoins et ces nouvelles communautés pourraient se refermer sur elles-mêmes, car elles auront sans doute leurs propres magasins. C’est ce que nous avons observé en Grande Bretagne. Par conséquent, si nous ne parvenons pas à les intégrer, nous assisterons à la naissance de communautés assez fermées, au sein desquelles l’accès sera beaucoup plus difficile par la suite pour pouvoir leur offrir des services. »

 

L’argument économique en faveur de l’insertion

 

Radu Stochiță  présente un deuxième argument en faveur de la nécessité de l’intégration, un argument d’ordre économique lié aux retraites et aux problèmes que la Roumanie pourrait rencontrer dans les années à venir avec le système public des retraites. On explique. En 1966, dictateur Nicolae Ceaușescu avait émis un décret qui interdisait l’avortement et la contraception afin de stimuler une croissance démographique accéléré. Eh bien, les nombreux enfants nés une fois ce décret mis en place sont aujourd’hui des Roumains à la retraite ou qui approchent l’âge de la retraite. Pourtant, après la chute du communisme en décembre 1989, la Roumanie a aussi connu une véritable chute de sa démographie. Par conséquent, les enfants nés après 1989, soit les adultes actifs d’aujourd’hui, ne sont pas suffisamment nombreux pour couvrir les futures retraites. Plus encore, les nouvelles générations ne font que diminuer. On s’attend donc à une situation difficile dans un avenir très proche, lorsque les cotisations des adultes actifs au système public des pensions de retraites ne suffiront pas pour couvrir tous les retraités. Dans ce contexte, intégrer des travailleurs étranger dans le système roumain des cotisations, pourrait aider à combler ce vide.

 

L’insertion culturelle

 

Radu Stochiță propose aussi une 3e approche pour l’intégration des migrants au sien de la société roumaine :

« Un autre aspect, tel que je le vois, est d’ordre culturel. La culture n’est pas quelque chose de statique. La culture roumaine n’est pas immuable, c’est un corps très fluide que chacun d’entre nous influence et manipule chaque jour. Une culture interagit avec les autres cultures, elle interagit avec les médias écrits, audiovisuels, elle s’adapte au fil du temps et ne cesse de changer. Et nous pouvons également observer cela dans les interactions avec les migrants qui, clairement, vont changer et influencer la culture roumaine. Et j’en suis ravi, car c’est le cours normal des choses. Nous allons peut-être reprendre certains aspects de leur culture, deux ou trois mots ou expressions peut-être, ou bien un plat que nous allons adapter à nos exigences locales, ou bien il s’agira simplement d’un respect mutuel, dans lequel les deux coexistent sans interagir. Mais je pense que ce sera plutôt un bénéfice culturel tant pour eux que pour nous. »

 

L’accès aux soins médicaux, un problème

 

Un autre problème signalé par le chercheur et directement lié à l’absence d’une stratégie d’intégration cohérente est le manque d’accès aux services de santé publique. Bien que les travailleurs étrangers contribuent dans la même mesure au budget de l’État, à la sécurité sociale, aux retraites et à la santé, très peu d’entre eux ont vraiment recours au système médical.

 

Radu Stochiță : « Lorsqu’ils y ont recours, c’est souvent dans des situations d’urgence. Mais le plus souvent ils tentent de le contourner, d’éviter la manière logique dont fonctionne le système de santé public roumain, qui commence par la médecine primaire, c’est-à-dire en passant d’abord par le médecin généraliste. Ils n’y recourent en fait qu’en cas d’urgence, dans des situations très graves. Pratiquement, ils n’ont aucun contact avec la médecine générale ou les services ambulatoires spécialisés ».

 

D’ailleurs, économiquement parlant, le fait qu’une personne tombe gravement malade une seule fois, parce qu’elle n’a pas été traitée initialement, de façon préventive, puis en ambulatoire, tout cela entraîne des coûts de traitement plus élevés pour l’État, explique notre invité. Pour remédier à cette situation, il faudrait mieux informer les migrants au sujet du système sanitaire roumain et les aider à s’en servir de manière adéquate, pour pouvoir en bénéficier pleinement.

Une chose est sûre, le phénomène de la migration est nouveau en Roumanie et tant la société, que l’Etat que les migrants eux-mêmes sont encore en train s’adapter a cette nouvelle situation. (trad. Charlotte Fromenteaud)

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