Un accord fragile au sein de la coalition roumaine au pouvoir
Les discussions sur les réformes se poursuivent au sein de la coalition gouvernementale à Bucarest.
Daniela Budu, 17.11.2025, 12:22
La semaine dernière, de longues et intenses négociations ont animé la coalition gouvernementale à Bucarest. À leur issue, les partenaires de coalition ont annoncé être parvenus à un compromis portant sur la réduction des dépenses salariales dans l’administration centrale et locale. Le Premier ministre roumain Ilie Bolojan a précisé que le troisième paquet de mesures fiscales et budgétaires serait présenté dans les prochains jours. Ce texte, qui doit être adopté par le Parlement selon la procédure de responsabilité gouvernementale, prévoit notamment des réductions de personnel et des coupes ciblées dans les dépenses publiques. Dans l’administration locale, les suppressions de postes se feront progressivement, sur la base d’une formule proportionnelle au nombre d’habitants. Du côté de l’administration centrale, l’exécutif table sur une réduction d’environ 10 % de la masse salariale, accompagnée d’un transfert de compétences vers les collectivités territoriales.
Réforme sensible des pensions spéciales : un terrain d’affrontement
Mardi, la coalition se réunira à nouveau, cette fois pour examiner deux dossiers épineux : les retraites des magistrats et le plan de relance économique, deux réformes plusieurs fois reportées. Les négociations de ces derniers jours n’ont pas permis d’aboutir à un compromis sur les pensions spéciales, en dépit de l’appel du président Nicuşor Dan à réunir autour de la table dirigeants de coalition et représentants de la justice. Selon des sources politiques citées par Radio România, la coalition envisage une période de transition d’au moins dix ans pour l’application des nouvelles règles et un niveau de pension correspondant à 70 % du dernier salaire. Les magistrats, eux, réclament une transition encore plus longue et des pensions fixées à 65 % du dernier salaire brut. Dans ce contexte, Ilie Bolojan a annoncé qu’il transmettrait à nouveau au gouvernement une version révisée du projet de réforme, la première ayant été rejetée par la Cour constitutionnelle. Le texte sera ensuite soumis pour avis au Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Le Premier ministre a averti que la bonne foi institutionnelle se mesurerait aussi à la rapidité de la réponse du CSM. Une adoption rapide est cruciale : sans réforme d’ici la fin du mois, la Roumanie risque de perdre 231 millions d’euros prévus dans son Plan national de relance et de résilience (PNRR).
Un PNRR révisé, entre objectifs sauvegardés et arbitrages difficiles
Après plus d’un an de tractations, la Roumanie a obtenu jeudi l’aval de Bruxelles pour la version révisée de son Plan national de relance et de résilience, lors de la réunion de l’ECOFIN. Le nouveau cadre financier représente plus de 21,4 milliards d’euros, dont la moitié a déjà été versée à Bucarest. Le solde devrait être débloqué d’ici la fin de l’année prochaine. La révision a conduit à supprimer les investissements devenus irréalisables, à intégrer de nouveaux projets et à transformer certains financements performants de prêts en subventions. Le PNRR repose sur six demandes de paiement, dont trois ont déjà été déposées par la Roumanie.