Des déficits jumeaux très élevés pour la Roumanie
Etat-membre de l’Union Européenne affichant le déficit budgétaire et de compte courant les plus élevés de l’espace communautaire, la Roumanie approche sa cible de déficit pour 2026, affirme le chef de l’État

Sorin Iordan, 01.10.2025, 11:34
Le président est optimiste
La Roumanie approche sa cible de déficit budgétaire pour l’année prochaine, telle qu’elle a été fixée avec la Commission européenne, a déclaré le président roumain, Nicusor Dan. Selon celui-ci, grâce aux mesures déjà prises à par l’Exécutif de Bucarest, le déficit devrait baisser de 8,4 % en 2025 à environ 6,5 % en 2026, pour approcher donc la cible assumée de 6 %. L’optimisme du chef de l’État survient dans le contexte où le PIB de la Roumanie s’est majoré de 1,2 % au deuxième trimestre de cette année, comptant pour la deuxième croissance la plus importante de l’Union européenne aux côtés de la Croatie. Pourtant, le taux d’inflation avait atteint les 9,9 % en août dernier, soit un niveau trois fois plus élevé que la moyenne européenne. Tout cela, à un moment où le pays doit aussi gérer les effets de la guerre menée par la Russie en Ukraine voisine.
Quelques élements qui influent sur le déficit
Dans ce contexte, la directrice exécutive de l’Association Roumaine des Banques, Gabriela Folcut, précise que la Roumanie affiche les déficits jumeaux les plus élevés, c’est-à-dire le déficit budgétaire et celui de compte courant. À son avis, à part la manière dont l’argent public a été utilisé, il y a aussi trois autres facteurs structurels qui mettent leur empreinte négative sur l’évolution du déficit budgétaire.
Gabriela Folcut : « Le taux élevé de l’économie grise au sein du PIB, à savoir 26 % du PIB. On observe néanmoins un appétit des entreprises pour la numérisation, mais en même temps, l’on recense 41 % d’entreprises roumaines qui ne versent pas les salaires sur une carte bancaire. Le deuxième aspect qui fragilise la situation économique de la Roumanie qui est, de mon point de vue, un autre élément structurel, c’est celui lié à la capacité des entreprises de se développer. À cela s’ajoute la démographie ».
Les PME, majoritaires en Roumanie
La directrice exécutive de l’Association Roumaine des Banques explique aussi que, selon les données publiées par la Commission européenne, 99,8 % des entreprises de Roumanie sont des PME, qui embauchent deux tiers de la main-d’œuvre, générant 60 % de la valeur ajoutée. Madame Gabriela Folcut précise aussi que la productivité des PME autochtones est à 70 % plus réduite que celle des grandes compagnies et se situe en-dessous de la moitié de la moyenne européenne, alors que le nombre des insolvabilités est à la hausse.
Si les entreprises roumaines n’optimisent pas rapidement leur processus d’activité, elles courent le risque de quitter le marché, met en garde à son tour l’entrepreneur Cosmin Raileanu. À son avis, ces entreprises peuvent externaliser certains services et, dans le contexte actuel, les sociétés qui ne mettent pas au premier plan le client et la valeur qu’elles apportent sur le marché courent le plus grand risque de disparition.
Cosmin Raileanu : « Les contextes dont on parle peuvent être les taxes, les impôts, les crises, les pandémies, les mouvements politiques armés, bref tout ce qui se passe autour de nous. Et l’on a constaté qu’à un moment donné, on apprend de temps en temps que X a fermé boutique, qu’un autre a vendu son affaire ou qu’un troisième est parti à l’étranger. Tout cela se passe parce qu’ils ne font pas suffisamment de confiance dans leur activité ».
Un représentant du FMI en visite à Bucarest
Dans ce contexte, mardi, le directeur exécutif du Fonds monétaires international, Jeroen Clicq, a affirmé que la Roumanie se dirigeait dans une bonne direction quant à son processus de consolidation fiscale, exprimant aussi le soutien de son institution à la poursuite des réformes initiées par l’Exécutif de Bucarest. Le responsable du FMI a été reçu par le premier ministre roumain Ilie Bolojan, qui, a souligné que les mesures d’austérité prises, bien que critiquées par la population, étaient indispensables pour atteindre la stabilité fiscale et pour réduire les déséquilibres et les iniquités sociales. (trad. Valentina Beleavski)