Des mesures à impact social
A Bucarest, les enseignants ne cessent de protester contre les mesures d’austérité qui concernent le système éducationnel roumain. Le système sanitaire est aussi concerné par des modifications
Ştefan Stoica, 26.08.2025, 11:25
Les enseignants protestent
Tout de suite après l’adoption, par le gouvernement de Bucarest, du premier train de mesures fiscales et budgétaires censées réduire le déficit de la Roumanie qui est le plus élevé de l’UE, les enseignants roumains sont descendus dans la rue pour dénoncer l’impact néfaste de ces décisions sur le système de l’éducation nationale. Cela fait plusieurs semaines déjà qu’ils manifestent tous les jours et leurs syndicats ne semblent point prêts à diminuer la pression sur l’Exécutif et surtout sur le ministre de l’Education, Daniel David. Ce lundi encore, 150 professeurs et instituteurs manifestaient devant le siège du ministère de l’Education de Bucarest, c’était la 17e journée de protestation.
Passons donc en revue quelques-unes de leurs principales sources de mécontentement. D’abord, dans une tentative de réduire les dépenses, il a été décidé de fermer les écoles ayant moins de 500 élèves pour les fusionner avec d’autres établissements scolaires. Par conséquent, le nombre minimum et maximum d’élèves dans une classe a été modifié pour permettre d’avoir un collectif plus nombreux. De même, aux termes de la nouvelle loi, les enseignants se verront augmenter de deux heures le nombre d’heures didactiques dispensées par semaine. Alors que les tarifs de paiement horaire ont été diminués.
De son côté, le ministre de l’Education, Daniel David, précise que la vaste majorité des classes ne sont pas concernées par ces modifications, car les nouvelles décisions visent principalement les collectifs réduits. Les lycées sont également moins concernés. Bien qu’il affirme comprendre les conditions de crise, le ministre explique aussi que le nombre maximum et minimum d’élèves dans une classe ne peut être fixé que selon le principe de la rationalité, alors que les changements proposés s’alignent en fait sur plusieurs repères européens et internationaux ou encore sur différentes pratiques nationales récentes.
La rentrée scolaire pourrait être perturbée
Les professeurs ne se laissent pourtant pas convaincre par ces propos et n’ont pas l’intention de baisser les bras. Bien au contraire, ils se disent prêts à boycotter la rentrée scolaire prévue le 8 septembre prochain, tel est leur mécontentement face à la baisse de leurs revenus, à la suppression de milliers de postes, à la hausse du nombre d’élèves dans une classe et, somme toute, face à la baisse de la qualité de l’éducation en Roumanie. Le ministre Daniel David s’attend lui aussi à ce que la rentrée soit perturbée cette année. Il affirme pourtant que l’Education a été visée par le premier train de mesures d’austérité budgétaire, justement parce que la nouvelle année scolaire devait commencer avec les nouvelles règlementations en vigueur, et assure que personne ne veut nuire à l’Education nationale.
L’impact des mesures sur les système sanitaire
La Santé est un autre domaine visé par les modifications fiscales et budgétaires, notamment en matière de contributions à la sécurité sociale et à l’assurance maladie. A commencer par le mois de septembre, environ 650 000 Roumains sans revenus pourraient perdre leur assurance maladie. Pour éviter cette situation, ils doivent déposer une déclaration aux Fisc et payer une contribution annuelle, démontrant leur statut de co-assuré. Les personnes touchées d’une maladie chronique – telles les cancers, le diabète, les affections cardio-vasculaires, orthopédiques, rénales ou les maladies rares, le SIDA, la tuberculose etc – bénéficieront toujours de traitements, de dispositifs et matériaux sanitaires et de services médicaux accordés dans le cadre des programmes en vigueur, quel que soit leur statut en matière d’assurance maladie. L’assurance maladie sans contribution annuelle reste en vigueur aussi pour les enfants âgés de moins de 18 ans, les jeunes de 18 à 26 ans, à condition d’être élèves ou étudiants, pour les jeunes de moins de 26 ans inclus dans le système de protection sociale, les femmes enceintes, les personnes handicapées et les retraités touchant des revenus inférieurs à 3 000 lei (600 euros). (trad. Valentina Beleavski)