La traductrice Lora Nenkovska, invitée aux ateliers FILIT
La dernière traduction en bulgare d'un livre roumain, signée par Lora Nenkovska, est celle du roman « Le vent, l'esprit, le souffle » (« Vântul, duhul, suflarea ») d'Andreea Răsuceanu
Corina Sabău, 11.11.2023, 10:45
Produit de la collaboration
entre le Musée national de la littérature roumaine Iaşi et le Mémorial Ipoteşti
– Centre national d’études Mihai Eminescu, les ateliers FILIT, arrivés à leur
neuvième édition, ont précédé, comme à l’accoutumé, le Festival international
de littérature et traduction Iași – FILIT. Lora Nenkovska, agrégée de langue et
de littérature roumaine à l’université « Kliment Ohridski » de Sofia,
est aussi une excellente traductrice bulgare de littérature roumaine et une
participante de longue date aux ateliers FILIT. Au micro de RRI, elle a donné
son avis sur ces ateliers, dont le but affirmé est de soutenir la coopération
culturelle, la mise en lumière du patrimoine et de la création contemporaine à
une échelle internationale.
Avant tout, j’oserais dire
que ce genre d’événements est vital pour nous, traducteurs. Il est très
important que nous puissions nous rencontrer et parler de nos projets et de nos
questions professionnelles. La traduction est un apprentissage permanent, un
processus qui ne s’arrête jamais, tout comme ma carrière universitaire ;
nous sommes une sorte d’étudiants qui ne cessent jamais d’apprendre. Et c’est
un choix personnel, le fait d’apprendre, de chercher, de lire. En ce qui me
concerne, j’aime me connecter à ce que font mes collègues étrangers, chacun ayant
son propre goût en matière de littérature, aux traductions qu’ils sont en train
de réaliser, aux nouveautés qu’ils ont découvertes, car c’est ainsi que nos
échanges deviennent particulièrement intéressants. En plus, ce que j’aime
beaucoup dans ces ateliers c’est que nous avons aussi droit à des conférences
passionnantes, comme celles tenues récemment par des écrivains et des critiques
littéraires tels Bogdan Crețu, Doris Mironescu, Florin Bican, Ioana Both, Radu
Vancu. Le contenu de ces présentations intéresserait, je crois, tout un chacun
qui lit ou étudie la littérature roumaine. La plupart de ces conférences, qui
ont été plutôt théoriques, ont voulu nous faire mieux comprendre, plus en
profondeur, la littérature roumaine. Bogdan Crețu nous a parlé du prince
encyclopédiste Dimitrie Cantemir, un sujet que j’ai beaucoup apprécié, car
j’aime énormément le livre de Cantemir « La Licorne aux portes de l’Orient ».
Il est donc vital pour moi de me connecter aux préoccupations professionnelles
de mes collègues, d’échanger des opinions, de parler des livres que nous traduisons,
des dernières parutions de littérature roumaine. Nous sommes, si vous voulez,
une petite société internationale qui parle roumain et discute de la
littérature roumaine.
Lora Nenkovska a traduit en bulgare des œuvres de Matei
Vișniec, Petru Cimpoeşu, Mircea Eliade, Dan Lungu, Claudiu Komartin, Elena
Vlădăreanu, Simona Popescu, Ioan Es. Pop, Max Blecher, Andreea Răsuceanu. Depuis
quelques années, elle a aussi traduit des extraits de romans écrits par les
autrices nommées aux Prix Sofia Nădejde de la littérature féminine. Lora
Nenkovska a également parlé sur RRI de sa passion pour la littérature roumaine
et de l’accueil favorable de la part du public bulgare: Ma rencontre avec la littérature roumaine a
été un pur hasard. Je suis arrivée en Roumanie en 2003, par le biais
d’une bourse d’études. A l’époque, j’étudiais des langues des Balkans – le grec
et le néogrec, l’albanais, le serbo-croate et le roumain. Comme vous le savez, à
cette époque-là, il était quasi impossible de sortir de Bulgarie pour étudier
une langue étrangère. Mais une possibilité s’est créée et j’ai passé un mois à
Timișoara, où ma coordinatrice a été l’écrivaine Adriana Babeți et tout a été
magnifique. La plupart de mon temps, je l’ai passé à la faculté, mais j’ai également
eu la chance d’assister à plusieurs spectacles de théâtre, présentés dans le
cadre d’un festival pour les étudiants. J’y ai vu pour la première fois des
pièces de Matei Vișniec et je me suis dit que si un dramaturge d’une telle qualité
existait dans cette littérature, il était impératif de mieux la connaître.
C’est comme ça que, avant de rentrer dans mon pays, j’ai acheté un grand nombre
de livres, pratiquement une bibliothèque entière. Je me suis donc mise à lire
de la littérature roumaine, que je trouve très vivante et diverse ; et les
découvertes ne s’arrêtent pas. J’aime aussi, et beaucoup, l’attention portée
aux questions sociales. En tant que traductrice, je suis très intéressée par
cet aspect, par le sujet du livre, car je ne regarde pas un texte uniquement du
point de vue du style. Et puis, la littérature écrite par des femmes
m’intéresse aussi.
La dernière traduction en bulgare d’un livre roumain, signée
par Lora Nenkovska, est celle du roman « Le vent, l’esprit, le souffle »
(« Vântul, duhul, suflarea ») d’Andreea Răsuceanu, parue aux éditions
bulgares ICU Publishing. La traductrice prépare aussi une étude consacrée aux
traumatismes abordés dans la littérature roumaine contemporaine écrite par des
femmes. (Trad. Ileana Ţăroi)