Le festival « News from Polska »
Le 29 avril la danse était à l’honneur à travers le Monde à l’occasion de la Journée internationale de la danse.
Ana-Maria Cononovici, 03.05.2025, 10:45
En marge de cette célébration, le Centre national de la danse de Bucarest (CNDB) accueille du 5 au 11 mai la 5e édition du Festival des arts performatifs « News from Polska » – organisé par l’Institut polonais de Bucarest dans le cadre de la saison culturelle Pologne – Roumanie 2024 – 2025. La commissaire du festival, Andreea Andrei, évoque la spécificité de l’édition de cette année de l’événement : « La 5e édition du Festival des arts performatifs « News from Polska » met au premier plan une thématique ancrée dans la réalité sociale actuelle, à savoir le thème « Resisting bodies » (des corps qui résistent), justement parce que nous avons souhaité explorer le corps en tant qu’espace de la résistance, de la transformation et de l’émancipation. Cette année, pour la 5e édition de cet évènement, nous avons voulu mettre en avant l’idée que la danse contemporaine et les arts performatifs ne sont pas uniquement des formes artistiques, mais ils peuvent aussi servir d’instruments de réflexion critique sur le monde dans lequel nous vivons. »
Les nouveautés
Que propose cette année le festival au public passionné des arts performatifs ? Quelles en sont les nouveautés ? Andreea Andrei : « L’édition de cette année propose quatre spectacles de danse contemporaine et autres spectacles produits en Pologne ces trois dernières années, mais aussi un événement spécial. Il s’agit du spectacle « Cesary goes to war »/ « César va à la guerre », réalisé par le chorégraphe Cezary Tomaszewski, un spectacle produit en 2017, mais que nous avons tenu absolument à inviter cette année, justement parce qu’il porte sur un thème très actuel : la guerre. S’y ajoutent deux événements importants pour la communauté de la danse contemporaine, à savoir deux ateliers de danse contemporaine pour les professionnels du domaine ».
Des corps…qui résistent
Quelle est plus concrètement la signification du thème « Resisting Bodies » et comment est-il reflété dans la sélection des spectacles présentés ? C’est la commissaire du festival Andreea Andrei qui nous répond : « Le titre « Resisting Bodies » reflète l’idée centrale de cette édition : le corps en tant que forme de résistance, de revendication, en tant qu’espace d’opposition et de contestation de toute force oppressive, mais aussi en tant qu’espace de guérison, de reconnexion, d’affirmation identitaire et pas en dernier lieu d’émancipation. »
Résister, résistons
Comment s’articule la danse contemporaine en tant que forme de résistance dans un monde en crise ? Andreea Andrei explique : « Effectivement, nous nous retrouvons dans un contexte social marqué par de multiples crises. Nous avons la guerre tout autour de nous. Nous sommes confrontés à une grave crise climatique, à une montée de l’extrême droite partout dans le monde. Dans tout ce contexte, nous pensons qu’il est très important de parler de toutes ces choses, mais aussi de redécouvrir notre espoir et notre capacité de faire de ce monde un endroit meilleur. Et montrer aussi que nous pouvons le faire même à travers nos corps ».
Les spectacles du festival semblent remettre en question les normes et les conventions sociales.
Andreea Andrei nous parle du spectacle présenté en ouverture du festival « News from Polska » : « Valeska » créé par Dominika Knapik :
« Les quatre spectacles présentés explorent, chacun à sa manière, ce potentiel protestataire du corps. Il s’agit de quatre productions qui remettent en question des paradigmes dominants et offrent au public une expérience qui, selon nous, allie sensibilité et engagement social. Le festival s’ouvre le 5 mai, à 19h30, au Centre National de la Danse de Bucarest, par « VALESKA VALESKA VALESKA VALESKA », inspiré de la vie et de l’œuvre de l’artiste d’avant-garde Valeska Gert, une artiste allemande des années 1920 et 1930, considérée comme le précurseur de l’art performatif moderne et reconnue pour son approche critique radicale, voire excentrique. Domnika Knapik réinterprète en quelque sorte ces aspects à travers un collage d’extraits documentaires et fictionnels et crée une sorte de capsule temporelle, à travers laquelle elle nous donne l’accès à l’œuvre fascinante de cette artiste. »
La critique des normes sociales
Et pour la fin de cette chronique, la commissaire Andreea Andrei nous a partagé sa vision sur la manière dont la danse contemporaine est conceptualisée en 2025. « Généralement nous voyons dans la danse contemporaine un moyen par le biais duquel le corps peut s’exprimer librement. La danse contemporaine devient ainsi plus qu’un simple geste artistique. Elle se transforme pratiquement en une forme de résistance physique, politique, émotionnelle. Le corps du danseur n’est plus uniquement un moyen esthétique, mais un instrument de contestation, de confrontation, un moyen par lequel nous pouvons nous exprimer d’une manière critique envers ces normes sociales qui nous dictent toujours comment il faut vivre, comment il faut s’afficher, comment il faut s’identifier… La danse nous aide à nous reconnecter à nos corps et ceci est particulièrement important dans le contexte actuel, puisqu’on peut s’offrir un espace où nous pouvons imaginer aussi d’autres moyens d’exister. » a expliqué Andreea Andrei, commissaire du festival de danse « News from Polska », organisé par l’Institut polonais de Bucarest dans le cadre de la saison culturelle Pologne – Roumanie 2024 – 2025.