Le Festival international du Film Ecoperformance de Valea Jiului
Aujourd’hui nous parlons arts et écologie. Oui, c’est bien possible de marier ces deux domaines apparemment très différents. Résultat : le Festival international du Film Ecoperformance de « Valea Jiului », qui en est déjà à sa 5e édition.

Ana-Maria Cononovici, 09.09.2025, 10:34
Mission : explorer les tensions existantes entre l’environnement, le corps et l’ancestralité, les paysages urbains et virtuels
Lancé en 2021 à São Paulo, au Brésil, comme réponse artistique aux défis éco-politiques du 21e siècle, ce festival réunit les films des artistes indépendants qui travaillent au croisement de plusieurs disciplines, dont l’art cinématographique, les arts du spectacle et l’écologie. Leur mission : explorer les tensions existantes entre l’environnement, le corps et l’ancestralité, les paysages urbains et virtuels. Le tout – afin de sortir des paradigmes anthropocentriques du spectacle et du cinéma. A l’origine de ce festival pas comme les autres l’on retrouve la compagnie de théâtre Taanteatro, qui a mis en théorie et développé le concept d’ « éco-performance » en tant que pratique artistique relevant des arts du spectacle, à commencer par les années 1990, sous la baguette artistique et théorique de deux artistes de Sao Paolo : Maura Baiocchi et Wolfgang Pannek. Au fil du temps, le Festival international du Film Ecoperformance a présenté deux centaines de courts-métrages réalisés par des artistes consacrés et débutants de 50 pays, sur 6 continents, dans le cadre d’éditions itinérantes organisées au Brésil, en Argentine, en Australie, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Thaïlande.
Petrosani, ville minière de la vallée de Jiu
Cette année, donc, le festival débarque en Roumanie, dans le sud-ouest du pays, à Petrosani, une ville située dans la vallée de la rivière de Jiu, connue pour son exploitation minière.
Alina Tofan, co-organisatrice du festival pour la Roumanie nous donne plus de détails sur cette édition :
« Cette année, nous avons choisi Petrosani pour accueillir le festival, puisque nous avons voulu emmener l’éco-performance à un endroit où la nature et l’intervention humaine partagent le même espace et d’une manière très visible. Car on connaît très bien l’histoire des mines de la zone et la manière dont la région tente de se développer et de se transformer à l’aide, à la fois, de la culture et des interventions écologiques. Les organisations qui nous ont rejoints cette année, à savoir Urban Lab, Analog Valley, l’Imprimerie Coworking Space et l’Agence pour le développement territorial intégré Valea Jiului (ADTI) – toutes sont des associations très proches de la communauté, très impliquées, qui connaissent très bien la communauté locale. Ce fut un véritable plaisir de répondre à leurs besoins et en même temps d’apporter quelque chose de nouveau au sein cette communauté, quelque chose du jamais vu pour eux. »
Plein d’activités
C’est l’ancienne imprimerie de Petroșani, appelée aujourd’hui Coworking Space, qui a accueilli cette édition du festival, tant dans ses locaux que qu’à l’extérieur. Trois jours durant, les habitants de la vallée de Jiu ont eu droit à une multitude d’activités en plein air : projections de film, spectacles, installations, randonnées, débats, foire aux produits locaux.
Alina Tofan nous fournit des détails :
« Il y a eu plein de discussions, de rencontres, de randonnées, une foire des produits réalisés par les maîtres artisans locaux, un repas pour toute la communauté. Ce fut un programme très chargé. Andrada Spafiu et moi, nous avons créé une installation performative à l’aide de pigments naturels issus du sol de la vallée de Jiu. J’ai bien aimé pouvoir redonner à la communauté un peu de ce que nous avons reçu ici. Et puis nous avons eu aussi des projections réalisées par le groupe Plastic Art Performance Collective, dont la première d’une vidéo-performance portant sur la fast-fashion (la mode rapide). On a pu également échanger avec la seule femme qui a fait le tour du monde à pied, Maria Crâşmaru. Ce fut un véritable plaisir de nous laisser inspirer par son histoire et son conseil de ne jamais cesser de rêver ».
« Sedimentum » une rencontre entre le corps humain et le sol
« Sedimentum » – c’est le nom de l’installation mentionnée par notre invitée, Alina Tofan, réalisée aux côtés de la paysagiste Andrada Spafiu. Sur toile de fond de la riche histoire de la vallée de la rivière Jiu, une zone marquée par l’exploitation minière et par les transformations écologiques, le projet a voulu explorer la relation complexe entre l’intervention humaine, la mémoire écologique et la transformation du sol en pigment. Les deux artistes ont proposé une immersion dans la peinture à base de pigments obtenus du sol local, en tant que geste symbolique de la renaissance et à la fois de la décadence. Les textures du sol, les mouvements du corps humains, le paysage environnant et le monde imaginaire créé par les deux artistes – autant d’éléments réunis dans cette installation – performance artistique.
Plus qu’un festival du film
Par conséquent, bien qu’à la base il s’agisse d’un festival du film écologique, l’événement de Petrosani a franchi les barrières du cinéma, comme nous l’explique Alina Tofan :
« Le programme de cette année, ne s’est pas limité aux films. Il s’est aussi traduit par des randonnées en nature pour voir de nos propres yeux l’écart entre la ville et la nature. Cela a été possible grâce à nos mais d’Analog Valley qui ont organisé un tour guidé, une immersion totale dans la nature doublée de l’analyse de photographies analogues. Bref ! C’était tellement bien que nous attendons déjà avec impatience l’édition de l’année prochaine. Cela nous paraît encore incroyable, d’avoir pur réaliser tant de choses et tout est dû à la communauté locale ! »
Comme d’habitude l’entrée au festival a été gratuite, afin de permettre à tout le monde d’en profiter au maximum et de réfléchir plus en profondeur à sa propre connexion avec l’environnement. Sans doute, le Festival international du Film Ecoperformance est un moment incontournable pour tous les passionnés du cinéma et tous ceux qui se préoccupent de l’environnement. (trad. Valentina Beleavski)