RRI Live!

Écoutez Radio Roumanie Internationale en direct

L’histoire d’un métier en voie de disparition

Les métiers traditionnels sont en voie de disparition alors que la production de série a accaparé le marché mondial. Et pourtant, il y a encore des régions où un homme affirme sa résistance par la pratique d’un métier ancien. C’est aussi le cas de Petru Chincea, le dernier ceinturier du département de Caraș-Severin.

Foto: pixabay.com
Foto: pixabay.com

, 20.05.2025, 10:49

Les métiers d’autrefois ont quasi disparu. Quelques personnes seulement les pratiquent encore, ce qui rend leur art d’autant plus précieux et leurs histoires d’autant plus intéressantes. C’est le cas de notre invité du jour, Petru Chincea, ceinturier. Originaire des Monts du Banat (ouest), cela fait 60 ans déjà qu’il travaille le cuir de ses propres mains, avec la même passion, en fabriquant des ceintures et autres objets similaires. Un métier qu’il a appris dès son enfance et qu’il perpétue à la lettre.

 

Un métier hérité de son grand-père

Petru Chincea raconte :
« J’ai hérité ce métier de mon grand-père maternel. Il était paysan, mais il travaillait à l’usine sidérurgique. Là-bas, il y avait plein de ceintures qui étaient tout simplement jetées à la poubelle, bien qu’encore en bon état. Mon grand-père, lui, s’est alors demandé : qu’est-ce que je pourrais en faire ? Et il a commencé à fabriquer des harnais d’attelage pour les chevaux. Le soir, il essayait de me convaincre de l’aider, puisqu’il aurait aimé que son petit-fils suive ses pas et perpétue sa passion. Car c’était bien une passion, pas un métier. Lui, il travaillait à l’usine et le soir, il fabriquait des ceintures. Il en faisait pour les gens du village, étant payé par journée de travail. Et il me disait : « Mon petit-fils, viens voir comment je travaille et ton Papy te récompensera ». – ‘Mais comment vas-tu me récompenser ? » je lui demandais. Il me disait : « Je te donne un leu et tu achètes des bonbons avec ! » Pour moi, c’était vraiment fantastique ! »

 

Le père de Petru Chincea aurait aimé que son fils travaille comme lui, à l’usine. Mais le jeune Petru n’a pas été attiré par cette activité, puisqu’il voyait chaque jour son père porter ses vieilles salopettes sales, comme il nous l’a raconté. Alors, après avoir fini 10 années d’étude, il a quitté sa ville natale de Resita pour se rendre à Iasi (est) et suivre une école professionnelle. Il en est revenu après trois mois, pour travailler dans un atelier qui appartenait à un autre ouvrier de l’usine sidérurgique et où les maîtres ceinturiers étaient formés.

Petru Chincea poursuit son histoire :

« C’est ainsi que j’ai commencé mon métier. J’ai passé deux ans au sein de cet atelier, j’étais sous contrat. C’est mon père qui a dû signer un contrat sur 5 ans. Pourtant, au moment où je suis parti pour faire mon service militaire obligatoire, j’étais plutôt attiré par le travail dans l’industrie sidérurgique, car il était payé le triple du salaire que je touchais à l’atelier. En revanche, l’atelier me permettait d’avoir plus de liberté, des horaires plus flexibles, mais le salaire était trop faible. Mais moi, je me suis marié avant mon service militaire et j’avais besoin d’argent. Mes camarades ceinturiers qui travaillaient à l’usine me tenaient au courant des postes disponibles : quelqu’un est parti à la retraite, un autre est parti travailler en Allemagne, venez les remplacer si vous voulez. Alors, une fois le service militaire terminé, je les ai rejoints ».

 

Au début, l’usine sidérurgique embauchait uniquement des Allemands et des Hongrois, deux ethnies très bien représentées dans l’ouest de la Roumanie. Ce n’est que plus tard que les Roumains ont appris des métiers, comme celui de ceinturier ou cordonnier. Puis, vers la fin des années 80, l’usine comptait 14 ceinturiers, par rapport aux 40 mentionnés dans les archives d’après la Seconde guerre mondiale.

 

Les temps changent, il faut s’adapter

Et comme les temps étaient en train de changer, notre invité a dû lui aussi s’adapter. Il a donc ouvert son propre atelier. Petru Chincea se souvient :

« En 2000, je me suis rendu compte que l’usine allait bientôt ne plus avoir besoin de ceinturiers. Alors, j’ai commencé à ramasser des outils pour mettre sur pied un petit atelier. Tous les outils étaient fabriqués à l’usine, c’était comme ça. C’est donc en 2001 que j’ai ouvert mon propre atelier. J’y travaillais 10 heures par jour. Aujourd’hui je regrette ne pas pouvoir le laisser en héritage, puisque je n’ai pas d’enfants et que personne ne souhaite plus apprendre ce métier ».

 

Dans son propre atelier, Petru Chincea a appris à tout faire, tout ce qui lui était demandé, même des chaussures. Il y passait le plus clair de son temps, beaucoup plus qu’à l’usine. Et il a aussi dû mettre à l’épreuve sa créativité, explique-t-il :

« Effectivement, il faut avoir un peu de créativité, tout comme un peintre ou un sculpteur. Quand on m’a demandé de faire des chaussures, j’en ai fait. Et bien d’autres objets. Un beau jour, ces métiers en voie de disparition seront de nouveau recherchés, et, à ce moment-là, il n’y aura plus personne pour répondre à la demande, car on ne forme plus les jeunes. Les jeunes d’aujourd’hui, ils préfèrent la technologie, Internet. Moi, je fais des ceintures pour les pantalons, des ceintures épaisses comme celles portées par les bergers ou celles que les vieux du village utilisaient autrefois lorsqu’ils allaient travailler dans les champs, des ceintures pour les sportifs ou ceux qui ont des maux de dos. Je fabrique aussi des étuis à couteau en cuir, des laisses pour chiens, des chaussures pour le costume traditionnel dont le cuir est plus fin … Bref, un peu de tout. »

 

L’atelier, un lieu de patrimoine vivant

 

Jadis, le travail du cuir était un métier essentiel pratiqué dans les villages roumains, car les paysans avaient besoin d’équipements durables pour le travail des animaux et autres produits quotidiens comme ceux mentionnés par notre invité. Aujourd’hui, les produits de Petru Chincea sont surtout appréciés en tant qu’objets d’art traditionnel lorsqu’ils sont exposés aux foires et festivals traditionnels ou parfois dans des collections privées. Chaque objet est unique, car fait à la main et décoré de motifs traditionnels spécifiques de la région du Banat. En tant que l’un des derniers représentants de son art, pour ses confrères, Petru Chincea est plus qu’un maître artisan. Il est un symbole de sa communauté, un témoin vivant d’un monde en voie de disparition, alors que son atelier est un véritable lieu de patrimoine vivant. (trad. Valentina Beleavski)

Кібербезпека на фестивалі!
La Roumanie chez elle mardi, 17 juin 2025

Le festival CyberSea 2025

L’été rime avec vacances à la plage, au bord de la mer. Mais en Roumanie cela peut rimer aussi avec cyber-sécurité ! Eh oui ! C’est bien...

Le festival CyberSea 2025
Foto: facebook.com/FormareCulturala
La Roumanie chez elle mardi, 10 juin 2025

Quand art et histoire s’entrechoquent

La Plateforme roumaine de formation culturelle a annoncé le lancement du projet « Nordic Insights : addressing cancelled culture in public spaces...

Quand art et histoire s’entrechoquent
“We are Romania! You are welcome”
La Roumanie chez elle mardi, 03 juin 2025

“We are Romania! You are welcome”

Ces événements, à caractère tant social qu’économique et scientifique, mettront en valeur la spécificité de la gastronomie et du vin...

“We are Romania! You are welcome”
(foto: JochenEhnes / pixabay.com)
La Roumanie chez elle mardi, 27 mai 2025

L’api-thérapie, un domaine qui a le vent en poupe en Roumanie

L’api-phytothérapie est une forme de médecine traditionnelle qui combine plantes médicinales et produits de l’abeille (miel, cire,...

L’api-thérapie, un domaine qui a le vent en poupe en Roumanie
La Roumanie chez elle mardi, 13 mai 2025

Bruncher dans la région du Banat ? C’est possible !

Découvrir la cuisine du Banat   L’association My Banat organise cette année une nouvelle série d’événements autour de la culture et...

Bruncher dans la région du Banat ? C’est possible !
La Roumanie chez elle mardi, 06 mai 2025

Le défilé des « Juni » à Brasov

Un superbe défilé équestre à travers la ville   La fanfare ouvre la colonne. Les « Junii Tineri », les « Junii Bătrâni », les «...

Le défilé des « Juni » à Brasov
La Roumanie chez elle mardi, 29 avril 2025

Maison Capșa, l’âme gourmande de Bucarest

À l’époque où Bucarest était surnommée le « Petit Paris », la Casa Capșa régnait en maître sur la vie mondaine de la capitale. Fondée au...

Maison Capșa, l’âme gourmande de Bucarest
La Roumanie chez elle mardi, 22 avril 2025

Les rites orthodoxes du printemps entre foi, folklore et traditions pascales

Partout dans le monde chrétien, Pâques est célébrée selon des coutumes propres à chaque culture : en Suisse, on orne les fontaines, en...

Les rites orthodoxes du printemps entre foi, folklore et traditions pascales

Partenaire

Muzeul Național al Țăranului Român Muzeul Național al Țăranului Român
Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS
Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online
Institului European din România Institului European din România
Institutul Francez din România – Bucureşti Institutul Francez din România – Bucureşti
Muzeul Național de Artă al României Muzeul Național de Artă al României
Le petit Journal Le petit Journal
Radio Prague International Radio Prague International
Muzeul Național de Istorie a României Muzeul Național de Istorie a României
ARCUB ARCUB
Radio Canada International Radio Canada International
Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti” Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti”
SWI swissinfo.ch SWI swissinfo.ch
UBB Radio ONLINE UBB Radio ONLINE
Strona główna - English Section - polskieradio.pl Strona główna - English Section - polskieradio.pl
creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti
italradio italradio
Institutul Confucius Institutul Confucius
BUCPRESS - știri din Cernăuți BUCPRESS - știri din Cernăuți

Affiliations

Euranet Plus Euranet Plus
AIB | the trade association for international broadcasters AIB | the trade association for international broadcasters
Digital Radio Mondiale Digital Radio Mondiale
News and current affairs from Germany and around the world News and current affairs from Germany and around the world
Comunità radiotelevisiva italofona Comunità radiotelevisiva italofona

Diffuseurs

RADIOCOM RADIOCOM
Zeno Media - The Everything Audio Company Zeno Media - The Everything Audio Company