Quel avenir pour les timbres-poste?
Beaucoup
ignorent encore qu’il existe en Roumanie un Musée national philatélique qui a
ouvert ses portes en 2004. Aujourd’hui, bien qu’il ait conservé son nom, il constitue l’une des sections du
Musée national d’Histoire de la Roumanie. Alexandru Cristian Voicu, commissaire
d’exposition au sein du Musée national d’Histoire de la Roumanie, nous raconte
la genèse de ce projet :
Ana-Maria Cononovici, 22.08.2023, 13:06
Beaucoup
ignorent encore qu’il existe en Roumanie un Musée national philatélique qui a
ouvert ses portes en 2004. Aujourd’hui, bien qu’il ait conservé son nom, il constitue l’une des sections du
Musée national d’Histoire de la Roumanie. Alexandru Cristian Voicu, commissaire
d’exposition au sein du Musée national d’Histoire de la Roumanie, nous raconte
la genèse de ce projet :
« Le besoin de créer une telle
entité est née après que la Roumanie a intégré, en 1874, l’Union postale
universelle (UPU). Et au fil du temps, la Poste roumaine a continué de
compléter la collection avec de nombreux objets philatéliques, de Roumanie
d’une part, mais pas seulement. Elle a aussi récupéré beaucoup de timbres des
pays étrangers, des états membres de l’UPU. C’est suite à cette démarche qu’est
né, après 1990, le besoin de créer une institution spécialisée dans ce domaine
auxiliaire à l’histoire : la philatélie. La collection du Musée national
philatélique de Roumanie est l’une des plus importante au monde, on estime en
effet qu’elle regroupe près de 17 millions d’objets. Elle se compose
principalement de timbres roumains, à commencer par le célèbre « Cap de
bour », ainsi que de timbres étrangers, de tous les continents y compris
des îles du pacifique. A cela s’ajoutent une kyrielle d’effets postaux ou de
maquettes de timbres datant principalement de l’entre-deux guerres, des cartes
postales illustrées ou semi-illustrées, des modélisation en couleur et des
modèles de timbres couleur prêts à recevoir le « bon pour
impression ». Ces derniers servaient à se faire une idée du rendu des
couleur avant l’impression des timbres. On retrouve aussi les moules qui ont
servi à fabriquer les premiers timbres roumains comme « Cap de
bour », « Principautés unies », « Cuza », le roi Carol
avec une moustache ou avec une barbe. Tous ces timbres ont été confectionnés
grâce à des moules en métal ou à des pierres lithographiques. Des objets d’une
grande valeur historique pour la Roumanie, que l’on retrouve aussi dans la
collection du musée philatélique. »
Nous
avons demandé à Alexandru Cristian Voicu quelle valeur peut avoir aujourd’hui
un timbre alors que la plupart de nos échanges se font maintenant par voie
électronique :
« Les
vieux timbres, les timbres-poste classiques comme on les appelle, ont une
valeur monétaire assez importante, car ils sont un témoignage du passé, ils
racontent l’histoire de notre pays. Il ne faut pas oublier que comme la
monnaie, le timbre est l’un des premiers signes d’indépendance d’un Etat.
Ensuite, il faut aussi garder à l’esprit que ces deux objets sont des éléments
essentiels de propagande. Si l’on se penche sur les objets philatéliques émis
par les pays qui ont connu différentes formes de régime politique, comme c’est
le cas de la Roumanie, on constate les timbres reflètent les différents
changements de régime. En effet, les sujets représentés sur les timbres
changent de façon très nette en fonction des régimes politiques que connaît le
pays. On observe par exemple très bien le passage de la monarchie au régime
communiste dans l’évolution des timbres de l’époque. Soudainement vont
apparaître sur les timbres des éléments emblématiques du prolétariat ou du
monde paysan, ce qui n’était pas du tout le cas avant. »
Un
sujet d’étude qui fascine les plus passionnés mais pas seulement ! L’étude
des timbres-poste peut nous permettre de consolider nos connaissances dans de
nombreux domaines, même les plus inattendus ! « Athlètes médaillés
d’or de Roumanie », « Uniformes de la royauté roumaine »,
« Reines de Roumanie », vêtements traditionnels de différentes
régions du pays, pour ne donner que quelques exemples. Voilà ce que l’on peut
découvrir au musée.
Alexandru Cristian Voicu n’a pas encore de collection de
timbres préférée, mais il est personnellement très impressionné par les
maquettes et les moules exposés dans le musée :
« Lorsque je tiens ces
maquettes entre mes mains je mesure l’honneur que cela représente de pouvoir
les admirer, surtout lorsque l’on sait que celles réalisées pendant
l’entre-deux guerres ont été confectionnées par des artistes de renom, c’est un
savoir-faire qui ne pourra jamais être égalé. Si l’on revient à la question de
la valeur d’un timbre, sachez qu’un timbre actuel n’aura jamais la même valeur
qu’un timbre d’autrefois, même si de nombreuses années ont passé. J’aime toutes
les maquettes dont nous disposons, et je trouve que chaque timbre est
intéressant et d’une grande valeur, car tous donnent une indication sur leur
pays d’origine, sur leur société, sur la période à laquelle ils ont été conçus
et les mentalités de l’époque. Ce qui, selon moi, en fait des objets historiques
d’une importance capitale. »
Voilà
maintenant 18 ans que Romfilatelia est l’institution compétente désignée pour
l’émission de timbre et d’effets postaux roumains. Une institution qui a
toujours cherché à faire appel au savoir-faire historique de la confection de
timbre, en la transformant pour promouvoir l’identité postale roumaine,
véritable ambassadrice de notre pays.
(Trad :
Charlotte Fromenteaud)