Les défis européens à l’horizon 2020
L’extrême droite, mais aussi les écologistes ont engrangé des points. L’Europe se retrouve donc avec une nouvelle équipe à sa tête en 2020, une équipe tout aussi décidée à défendre au mieux les intérêts des Européens. Le premier test du nouveau Parlement européen, issu des élections du mois de mai dernier, a d’ailleurs été d’élire la nouvelle Commission. Après moult atermoiements et après l’abandon de facto du principe du Spitzenkandidat, l’ancienne ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, s’était vu sacrer à la tête de la Commission. Une première femme donc élue à la tête de l’Exécutif européen. Toujours en première, les équilibres en matière de genres, des zones géographiques et des familles politiques sont entrés en ligne de compte dans le processus de désignation des candidats aux postes de commissaires. La protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, la croissance économique, l’inclusion, l’innovation, la digitalisation de l’économie, la défense de la démocratie, des valeurs européennes, de l’Etat de droit et des droits des citoyens européens sont les priorités déclarées de cette nouvelle présidence de la Commission européenne, dont l’exercice a débuté le 1er décembre dernier. Le même jour a marqué la prise des fonctions du nouveau président du Conseil européen, l’ancien premier ministre belge Charles Michel, qui reprend le flambeau des mains du Polonais Donald Tusk. Charles Michel qui ne cache pas son ambition de voir l’Union assumer son rôle d’acteur majeur sur la scène internationale. Un acteur qui perd dans la foulée l’apport d’un membre de poids toutefois. Il s’agit, bien évidemment, du Royaume-Uni. En effet, prévu initialement pour le mois de mars 2019, repoussé à plusieurs reprises, le Brexit entre en ligne droite après l’aval par le Parlement de Londres de l’accord conclu entre la Grande-Bretagne et l’UE. L’analyste Andrei Ţărnea au micro de Radio Roumanie:
Corina Cristea, 03.01.2020, 15:24
« Le Brexit est devenu une certitude. Le 31 janvier prochain, selon l’accord avalisé par le vote du Parlement de Londres, la Grande-Bretagne sortira de l’UE. Une nouvelle étape de la négociation, elle aussi semée d’embûches, débutera à cette occasion : celle de la négociation d’un nouvel accord entre Bruxelles et Londres, accord censé définir leurs relations futures. Certes, ce sera un accord conclu entre des partenaires de longue date, des partenaires liés par la nécessité, mais aussi par leur histoire, par leur héritage culturel et par la tradition, mais tout cela devrait prendre la forme du langage juridique. Un langage qui va aider à codifier leurs relations économiques à venir, les liens qui seront tissés entre ces deux sociétés, un langage qui devra trouver des solutions à la multitude de sujets qui leur sont communs. Par ailleurs, le Royaume-Uni représente le premier contributeur en matière de défense de l’UE. Sans lui, l’Union sera un espace plus étriqué en matière de sécurité et de défense. Il s’agira d’un sujet important donc, et qui se retrouvera sur la table des négociations, car le Brexit ne change pas au fond les défis et les intérêts en matière de sécurité qui relient le Royaume-Uni au continent. Mais cela modifie la base légale sur laquelle est fondée cette coopération ».
Quant à la Roumanie, Etat membre à la fois de l’UE et de l’OTAN, 2020 sera également une année électorale. Les élections municipales sont attendues au mois de juin prochain, alors que les législatives sont prévues en novembre. Cela, pour autant que le scénario des élections anticipées, souhaitées par une bonne partie de la classe politique, ne se confirme. Le gouvernement libéral de Ludovic Orban, qui a succédé en octobre dernier au cabinet social-démocrate, dirigé par Viorica Dăncilă, renversé à la faveur d’une motion de censure, bénéficie lui aussi d’une majorité ténue. Il risque de se voir à son tour renverser par une autre motion de censure, surtout dans l’éventualité où il essayerait de pousser la modification de la législation électorale, pour passer d’un à deux tours de scrutin dans l’élection des chefs locaux, et notamment des maires. Pour éviter l’écueil en maintenant les engagements pris à l’égard de ses partenaires politiques, le gouvernement Orban pourrait essayer de passer la modification de la loi électorale soit en engageant la responsabilité du gouvernement devant le parlement, soit en passant la modification législative par le biais d’une ordonnance d’urgence. Néanmoins, les deux solutions envisagées ne pourraient probablement pas éviter de déclencher une crise politique, qui déboucherait alors sur des élections anticipées.
Pour l’instant, fin 2019, le gouvernement a passé en force son projet de budget pour l’année 2020, mais également la loi du budget de la sécurité sociale et d’autres modifications de la législation fiscale, en engageant sa responsabilité devant le parlement. Il a ainsi évité de faire passer ces lois entre les fourches caudines d’un parlement qu’il contrôle assez mal, une première dans la politique roumaine. Quoi qu’il en soit, le budget 2020 assume les engagements pris par le gouvernement antérieur, notamment en matière de majorations salariales et des retraites, tout en essayant de contrôler le déficit, exercice dangereux s’il en est, selon l’économiste Aurelian Dochia, au micro de Radio Roumanie :
« Cette solution que le gouvernement a trouvée, en limitant le déficit dans une fourchette de 3,58/3,59% du PIB, ne me semble pas très crédible, parce qu’elle est basée sur des prémices extrêmement optimistes. Selon moi, et selon la plupart des analystes, la croissance que la Roumanie va enregistrer en 2020 sera de 4,1%. Et je pense que le gouvernement devrait affiner sa politique en matière d’imposition, mais cela ne serait possible qu’après les élections, lorsqu’il va jouir d’un véritable mandat populaire. Parce que dans le cadre actuel, l’équilibre budgétaire à moyen et à long terme pose problème ».
Aurelian Dochia s’inquiète aussi du niveau de l’inflation, qui pourrait, selon lui, dépasser les chiffres avancés lors de l’élaboration du budget pour 2020, vu les pressions inflationnistes que la monnaie nationale roumaine semble subir ces derniers temps.
(Trad. Ionut Jugureanu)