Objectif : zéro déchets
La protection, tant de l’environnement que de la santé, par un mode de vie aussi simple que possible et non polluant, plus proche de la nature, c’est en égale mesure la responsabilité des autorités publiques et des simples citoyens. En Roumanie, où l’économie circulaire n’est toujours pas trop encouragée par les décideurs politiques, l’activisme civique au bénéfice de l’écologie se développe lentement, mais sûrement. De nombreuses associations non-gouvernementales ont vu le jour au cours des dernières années. Mais il y a aussi des initiatives strictement individuelles, qui ont déjà attiré pas mal d’adeptes. Une de ces initiatives appartient à Corina Ciurea, qui – à l’aide d’un blog et d’un vlog – partage avec le public la manière dont elle vit en consommant aussi peu de plastic que possible et en générant aussi peu de déchets que possible. Pour Corina, ce mode de vie suit la relation proche avec la nature, qu’elle a eue depuis son enfance, vécue à la campagne. Par la suite, au cours de ses années de lycée, ses premières décisions ont visé justement la protection de la nature. Ecoutons Corina Ciura : « A la fin de mes études au lycée, j’ai commencé la collecte sélective des déchets. J’amenais des objets en plastique, verre, papier, etc, aux grands contenerus en forme de cloche qui se trouvaient dans la rue à cette époque-là. Ensuite, au fur et à mesure que j’apprenais d’informations, j’essayais d’en réduire la consommation et de diminuer le nombre de sacs que j’amenais au recyclage. L’idéal que je vise est toujours « zéro déchets ». En fait c’est plutôt un désir d’être plus proche de la nature. Quand même, dans notre société, il est presque impossible de vivre sans générer un minimum de déchets. En Roumanie, nous n’avons pas d’économie circulaire, qui puisse faciliter la circulation de tous les déchets, de sorte qu’ils soient « upcycled » et donc qu’ils aient une valeur ajoutée. Alors, j’ai conclu que le mieux serait de réduire la consommation. Pourtant, il ne faut pas se stresser, parce qu’il est impossible de vivre d’une manière parfaite, l’important c’est de faire de son mieux. »
Christine Leșcu, 15.02.2023, 15:27
Qu’est-ce qu’il faut faire afin de vivre d’une manière aussi soutenable que possible ? Corina Ciurea nous offre l’exemple de sa propre expérience : « Le premier objet que j’ai remplacé ou que je n’ai plus acheté était le sac plastique. Comme tous les Roumains, j’avais chez moi un sac rempli d’autres sacs, qui devenait de plus en plus lourd. Alors, pourquoi en prendre d’autres ? J’ai décidé de les utiliser jusqu’à ce qu’ils se sont complètement détériorés. Ensuite, je les ai fait recycler, si c’était possible. Après, je les ai remplacés par des sacs en coton ou de matériaux durables, qui ne se détruisaient pas facilement. Après ce premier changement, je n’ai plus acheté de bouteilles d’eau en plastique et je les ai remplacées par les bouteilles en aluminium ou en verre et j’ai commencé à utiliser des filtres à eau. Un autre changement fut de m’acheter un sac en tissu. Comme ce n’était pas un produit trop populaire à ce moment-là, je devais expliquer au marché ou au magasin que je ne voulais pas de sac plastique, même si c’était gratuit. Le pas suivant a été de remplacer le savon liquide, qui était vendu dans des récipients en plastique, avec un autre, solide, qui était soit emballé dans du carton, soit non emballé. J’ai changé aussi ma brosse à dents en plastique avec une brosse à dents en bois de bambou. Je ne recommande pas de faire touts les changements tout à coup, mais un jour après l’autre de les intégrer dans notre routine, afin que notre système d’habitudes ne succombe pas et, pour ne pas avoir l’impression que c’est quelque chose d’impossible. »
Maintenant, Corina n’utilise presque plus le plastique. Si elle ne peut pas l’éviter, elle utilise des produits emballés en plastique recyclable. Heureusement, maintenant, en Roumanie il y a des magasins en ligne ou physiques qui vendent des produits organiques, en vrac, non emballés. Ce sont les endroits où les adeptes du mouvement « zéro déchets » font leurs achats. Corina a encouragé elle aussi ce mouvement, en organisant en Roumanie des campagnes internationales, telle « Juillet sans plastique ». C’est la manière dont elle a contribué à l’agrandissement de la communauté « zéro déchets » en Roumanie. Ecoutons encore Corina Ciurea : « En Roumanie, la communauté a grandi, mais elle est encore timide. Elle a peu d’adeptes, mais ils sont forts el ils ne renoncent pas. Un nouveau membre nous rejoint chaque année. La pandémie a mis des obstacles, car avant 2019 la situation était meilleure et nous organisions des événements plus visibles, les compagnies étaient plus impliquées. Maintenant, avec les directives de l’Union Européenne, je pense que la situation deviendra meilleure, donc je suis optimiste. »
L’exemple de Corina Ciura n’est pas isolé. Les Roumains qui ont opté pour un mode de vie durable et non polluant peuvent s’informer grâce à un autre projet déroulé par la société civile. L’Association ViitorPlus organise aussi beaucoup de programmes concernant le recyclage et le tri sélectif des déchets. Un de ces projets est « La Carte du Recyclage », dont le directeur de communications Mihail Tănase, nous offre des détails : « La Carte du Recyclage » est une plateforme en ligne. Le projet existe depuis 10 ans mais la forme actuelle a 4 ans. Maintenant, nous avons des points de collecte partout en Roumanie. Il s’agit de plus de 15 000 points, tels des conteneurs placés dans les rues par les autorités locales ou les opérateurs de salubrité, ou bien les points de collecte dans les magasins, les pharmacies et les stations-service. Il y a aussi des centres de collecte indépendants. Nous les organisons en fonction des types de matériaux. Donc, il y a de points de collecte classiques, pour touts les matériaux recyclables (plastique, papier, carton, verre) et il y a aussi des points où l’on peut amener séparément des déchets qui consistent en équipement électrique ou électronique, des textiles qui peuvent être donnés ou recyclés, l’huile alimentaire usée ou les médicaments périmés, qui sont des déchets dangereux. Le trafic sur notre site ne cesse de croître. Depuis le lancement du projet, nous avons réuni plus de 700 000 utilisateurs. L’année dernière nous avons eu plus de 200 000 utilisateurs et plus de 550 000 accès. Ce qui plus est, la carte est conçue comme une plateforme participative, c’est-à-dire chaque utilisateur qui s’enregistre peut y ajouter des nouveaux points de collecte. »
Pour que le phénomène se développe, l’éducation est un aspect essentiel, explique encore Mihail Tănase : « L’Association « ViitorPlus » a plusieurs missions d’entrepreneuriat social, de bénévolat dans l’environnement et d’éducation environnementale. Premièrement, nous le faisons à l’aide de notre carte, qui est notre instrument principal, mais nous avons aussi d’autres méthodes. Nous avons des démarches visant à informer les adultes à éveiller les consciences. Il s’agit des articles postés sur notre site, non seulement concernant la collecte, mais aussi sur la réduction et la réutilisation des produits – des pratiques qui aident l’environnement encore plus que le recyclage, parce qu’elles préviennent la consommation excessive et la production des déchets. Nous avons aussi une démarche visant l’éducation environnementale pour les enfants et nous déroulons des sessions éducationnelles pour les enseignants. Nous mettons à leur disposition de leçons informelles sur l’environnement et eux, à leur tour, ils les enseignent en classe. »
Ce ne sont que deux exemples d’activisme civique et écologique en Roumanie. Nous vous invitons à suivre et rejoindre les projets déroulés par Corina Ciurea et Mihail Tănase sur la page Facebook de l’initiative « Zéro déchets » et sur la plateforme « ViitorPlus » https://www.viitorplus.ro/ (trad. Andra Juganaru)