Journée mondiale des enfants nés prématurément
Le 17 novembre est consacré, chaque année, à la Journée mondiale de la prématurité. À Bucarest, le palais Cotroceni s’est paré de violet en signe de solidarité avec les familles concernées, une illumination à laquelle a assisté l’épouse du chef de l’État.
Roxana Vasile, 03.12.2025, 11:00
Chaque année, près de 140 millions d’enfants viennent au monde. Parmi eux, environ 15 millions naissent prématurément, soit près d’un bébé sur dix. Un chiffre qui masque toutefois d’importantes disparités entre pays, où les taux oscillent entre 5 % et 18 %. La prématurité demeure l’un des enjeux majeurs de santé publique : elle représente la deuxième cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans, juste après la pneumonie. Beaucoup de ces nourissons conserveront des séquelles durables (atteintes physiques, troubles neurologiques ou difficultés d’apprentissage) et auront besoin de soins de longue durée.
Pour attirer l’attention sur l’ampleur du phénomène et sur les complications qui y sont liées, le 17 novembre est consacré, chaque année, à la Journée mondiale de la prématurité. À Bucarest, le palais Cotroceni s’est paré de violet en signe de solidarité avec les familles concernées, une illumination à laquelle a assisté l’épouse du chef de l’État.
Le président roumain partage son expérience personnelle
Nicușor Dan et Mirabela Grădinaru sont eux-mêmes parents de deux enfants nés prématurés. « Je connais intimement ce sentiment d’impuissance, ces heures suspendues où l’on se demande si le monde commence ou s’effondre », a confié le président dans un message diffusé à l’occasion de la cérémonie. Il a rappelé qu’en Roumanie, un enfant sur dix naît avant terme, soit environ 14 000 par an. « Pour près de 14 000 familles, la vie débute en unité de soins intensifs néonatals. Ces bébés sont fragiles, vulnérables, et ont besoin d’une prise en charge médicale rapide, mais aussi d’un accompagnement social pour grandir en bonne santé et espérer mener une existence normale. Et, tout aussi essentiel, ils ont besoin de réconfort et d’amour dès leur premier souffle », a conclu le président roumain.
En Roumanie, il est nécessaire de créer des centres interdisciplinaires dédiés aux soins des nouveau-nés prématurés. Un registre national doit également être mis en place pour recenser ces enfants, a ajouté sa compagne, Mirabela Grădinaru :
« La Journée de la prématurité nous sensibilise à l’importance de l’empathie. Elle nous rappelle que chacun compte et que c’est ensemble que nous pouvons devenir forts. Toute vulnérabilité, qu’elle soit personnelle ou collective, peut être guérie si nous la reconnaissons et mettons tout en œuvre pour la transformer. C’est pourquoi chacun d’entre nous doit puiser dans sa force intérieure pour découvrir ses qualités et les partager au service du bien commun. Aujourd’hui, nous insistons sur la nécessité de créer des centres multidisciplinaires spécialisés au sein des maternités, dédiés à l’accompagnement de cette population vulnérable. Nous parlons d’espaces offrant une prise en charge intégrée (médicale, psychologique et sociale), de la mise en place d’un registre des prématurés et de la mise en œuvre de la méthode kangourou, afin qu’aucun enfant prématuré ne soit laissé pour compte. Il est essentiel pour nous, en tant que société, de cultiver l’empathie et le soutien mutuel. »
Une réforme de fond nécessaire
Selon le ministre de la Santé, Alexandru Rogobete, le Registre national des bébés prématurés (RNBP) est en cours de déploiement. Cet outil doit permettre de centraliser des données essentielles (fonctions vitales, pathologies associées et autres indicateurs clés) afin d’assurer un suivi annuel rigoureux des enfants nés avant terme. Le ministre a également souligné que, pour soulager les centres hospitalo-universitaires, le RNBP a déjà permis d’accroître la capacité des unités de soins intensifs néonatals de 65 lits l’an dernier, et qu’une extension supplémentaire de 50 lits est prévue d’ici à 2028. Enfin, Alexandru Rogobete a évoqué une modification de la loi permettant aux parents de bébés prématurés d’interagir physiquement avec eux pendant plus de 10 minutes, comme c’est le cas actuellement. Ecoutons-le :
« La nécessité de réformer a été évoquée, précisément pour faciliter l’accès à certaines thérapies modernes en soins intensifs néonatals. Ces thérapies sont pratiquées en Roumanie dans quelques maternités, mais de manière insuffisante. Il s’agit notamment d’une interaction rapide entre la mère ou le père et le nouveau-né, une interaction physique qui ne se limite pas au biberon de l’incubateur. Concrètement, nous avons discuté d’un assouplissement des procédures administratives et de certains protocoles, afin de permettre aux mères et aux parents d’accéder au service d’anesthésie des soins intensifs néonatals non pas pendant 10 minutes, comme le prévoit actuellement la législation roumaine, mais par une adaptation concrète de cette législation aux normes européennes, où cette pratique est courante. »
Les premiers mois de vie d’un bébé prématuré se déroulent généralement sous couveuse, au milieu d’appareils destinés à soutenir ses fonctions vitales. Dans certains cas, ces nouveau-nés demeurent hospitalisés pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que leur état permette un retour à domicile. Les soins requis pour un prématuré présentant des complications sévères peuvent atteindre un coût d’un million de dollars sur l’ensemble de son hospitalisation.
Cătălin Cîrstoveanu, président de la Commission de néonatologie du ministère de la Santé et figure de référence dans son domaine, connaît intimement cette réalité hospitalière. Il se félicite de la baisse notable de la mortalité néonatale observée en Roumanie au cours de la dernière décennie, un progrès rendu possible par des investissements conséquents. Il estime toutefois que des améliorations restent à accomplir.
Sur le plan international, un Objectif de développement durable fixe par ailleurs l’ambition d’éliminer les décès néonatals évitables. Tous les États sont ainsi tenus de réduire la mortalité des nouveau-nés à moins de 12 décès pour 1 000 naissances vivantes d’ici à 2030.