Le marché roumain de l’emploi sous la loupe
Main d'oeuvre étrangère en Roumanie/ Déficit de main d'oeuvre/ Une nouvelle plateforme pour les contrats individuels/ Une subvention pour les employeurs pour chaque personne vulnérable embauchée/ Relocalisation de 300 réfugiés en Roumanie/ Le coût du travail augmente
Sorin Iordan, 30.09.2025, 09:29
Main d’oeuvre étrangère en Roumanie
La Roumanie est insuffisamment représentée dans les principaux pays fournisseurs de main-d’œuvre étrangère, et en particulier dans le sous-continent indien, d’où proviennent près de 80 % des travailleurs issus de pays tiers. C’est ce qu’indique une lettre adressée au président de la Roumanie, Nicușor Dan, et à la ministre des Affaires étrangères, Oana Țoiu, par un groupe de plus de vingt associations de la société civile actives dans le domaine des droits humains et des services sociaux. Selon les signataires, en 2025, les premiers pays d’origine des travailleurs étrangers présents sur le territoire roumain étaient le Népal, le Sri Lanka, l’Inde, le Bangladesh et la Turquie. Or, dans ces pays, il n’existe toujours pas de représentation diplomatique roumaine, aucun ambassadeur n’a encore été désigné, les missions diplomatiques n’apportent pas d’assistance en matière de travail, et dans la plupart de cas il n’existe pas d’accords bilatéraux sur la main-d’œuvre. D’après la lettre, d’autres pays pourvoyeurs de travailleurs extracommunautaires pour la Roumanie sont l’Éthiopie, les Philippines, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. Les signataires proposent notamment l’ouverture de nouvelles ambassades au Népal, au Bangladesh et au Sri Lanka, l’initiation de démarches pour conclure des accords bilatéraux avec les États fournisseurs de main-d’œuvre, un soutien accru aux agences de recrutement ainsi que le renforcement du cadre politique pour protéger les droits des travailleurs migrants.
Déficit de main d’oeuvre
En effet, depuis plusieurs années, la Roumanie fait face à un déficit de main-d’œuvre, en particulier dans les secteurs de la production, de la construction, du commerce, de l’Horeca et des services de soutien aux personnes. Bucarest accorde chaque année des quotas croissants de visas de travail aux ressortissants de pays tiers. Le contingent annuel d’autorisations pour les travailleurs étrangers admis sur le marché roumain a été multiplié par cinq depuis 2021, et s’élève, ces deux dernières années, à 100.000 personnes par an.
Une nouvelle plateforme pour les contrats individuels
Aussi, à partir du 1er octobre, toutes les déclarations des contrats individuels de travail devront être effectuées exclusivement via la nouvelle plateforme numérique Reges Online. En septembre, les employeurs roumains doivent compléter dans le système toutes les données des contrats de travail actifs non encore enregistrés dans l’ancienne plateforme, la Revisal. Le non-respect de cette obligation jusqu’au 30 septembre sera sanctionné par une amende comprise entre 15.000 et 20.000 lei, soit entre 3 et 4.000 euros. Le ministre du Travail, Florin Manole, a précisé que la plateforme Reges Online garantit une transparence accrue, un accès permanent à l’historique des contrats et une meilleure sécurité des données. Il encourage les employeurs à créer leur compte à l’avance afin d’éviter blocages et sanctions.
Une subvention pour les employeurs pour chaque personne vulnérable embauchée
Par ailleurs, les employeurs bénéficieront d’une subvention mensuelle de 2.250 lei, soit environ 440 euros, pour chaque personne vulnérable enregistrée comme demandeur d’emploi qu’ils embauchent. La mesure vise à encourager les entreprises à favoriser la réinsertion professionnelle et sociale de personnes en difficulté, y compris des victimes de violences domestiques ou de la traite des êtres humains.
Relocalisation de 300 réfugiés en Roumanie
Le gouvernement roumain a également approuvé la relocalisation de 300 réfugiés en Roumanie au cours des deux prochaines années. Ils proviendront du Soudan, de l’Érythrée ou du Soudan du Sud, et seront transférés d’Égypte et du Kenya. Bucarest réaffirme de la sorte sa volonté de contribuer volontairement au plan européen de relocalisation, conformément au Pacte européen sur la migration et l’asile.
Le coût du travail augmente
Bon à savoir, le coût du travail continue d’augmenter en Roumanie. L’heure de travail a ainsi progressé de plus de 1,5 % au deuxième trimestre 2025 par rapport aux trois premiers mois de l’année. Par rapport à la même période de 2024, la hausse est de plus de 10 %, selon l’Institut national de statistique. Les secteurs enregistrant les augmentations les plus marquées du coût horaire sont la construction, plus de 15 %, les services, près de 14,4 %, et l’industrie manufacturière, 13,4 %.
L’analyste financier Dragoș Cabat estime pour sa part que cette évolution reste en ligne avec l’inflation, dans le contexte du nouveau paquet législatif adopté par le gouvernement pour équilibrer le budget du pays. Selon lui, les hausses de coûts salariaux seront limitées dans le secteur public, tandis que dans le privé les salaires ne devraient pas monter compte tenu du rythme modéré de la croissance économique. À plus long terme toutefois, ajoute Dragoș Cabat, le coût horaire du travail poursuivra sa hausse, car, pour retenir la main-d’œuvre en Roumanie, les employeurs devront offrir des salaires et avantages plus compétitifs.