Souvenons-nous d’Ecaterina Teodoroiu
Ion Puican, 01.02.2022, 12:18
Nous l’avons invitée au micro de RRI pour nous présenter
plus en détail cette exposition : « Effectivement, c’est une
exposition consacrée à Ecaterina Teodoroiu, à l’occasion du lancement du billet
de banque de 20 lei, le premier à porter l’effigie d’une personnalité féminine.
A l’époque de la Première Guerre mondiale, il y a avait des billets de banque
aux figures féminines, mais c’étaient des représentations symboliques,
allégoriques, pas de personnalités. Il faut mentionner aussi qu’en 2018, la
Banque centrale avait lancé une coupure anniversaire de 100 lei, destinée aux
collectionneurs et représentant les portraits du roi Ferdinand et de la reine
Marie. On pourrait donc dire que c’est la reine Marie qui est la première femme
à figurer sur un billet de banque roumain, mais c’était une pièce de
collection, qui n’était pas destinée à la circulation. »
Que peut-on découvrir en visitant
l’exposition temporaire consacrée à Ecaterina Teodoroiu à la Banque nationale
de Roumanie ? La vie de cette héroïne, entre autres, nous dit Ruxandra
Onofrei : « Nous avons souhaité surprendre quelques éléments
importants de la vie d’Ecaterina Teodoroiu. Nous avons plusieurs photographies
qui ont servi de source d’inspiration pour le portrait se trouvant sur le
billet. Son passé militaire est plus connu, mais on en sait assez peu sur ses
origines. Elle est née dans un village près de la ville de Târgu Jiu
(sud-ouest). En fait, ce village fait partie actuellement de la ville même.
Elle fut le 3e des 8 enfants de la famille. Elle a voulu vivement
avoir une éducation et ses parents l’ont encouragée en ce sens. Elle a fait le
collège à Târgu Jiu, à l’école roumano-allemande, puis elle s’est rendue à Bucarest
pour faire ses études à l’Ecole « Elena Doamna » et à l’école
d’infirmières. Elle s’est aussi inscrite dans le scoutisme roumain. Cette
dernière idée lui est venue à l’esprit en 1913, durant la Guerre balkanique.
Elle était menée par son sentiment patriotique et souhaitait lutter pour sa
patrie. Lorsque la Roumanie est entrée dans la Première Guerre mondiale,
Ecaterina Teodoroiu s’est portée volontaire et a lutté aux côtés des troupes
stationnées dans la zone de la rivière Jiu. Ses actes ne sont pas du tout à
ignorer. Par exemple, à un moment donné, elle est devenue prisonnière aux côtés
de son commandant et de 15 autres soldats. Elle a tué les sentinelles et a
libéré ses camarades. Elle fut blessée, refusant au début les soins médicaux.
Elle a fini par être soignée, et au moment où elle était guérie, les
principales institutions de l’Etat avaient été transférées de Bucarest à Iaşi, puisque
Bucarest avait été occupée par les troupes allemandes. Pour la période où
Ecaterina fut membre des scouts de Roumanie, ce qui reste, ce sont sa tunique
et sa ceinture, que nous avons exposées dans notre musée. S’y ajoute la blouse
roumaine et une partie du costume traditionnel qu’Ecaterina Teodoroiu emmenait
dans son coffre de campagne et auxquels elle avait renoncé en faveur de
l’uniforme militaire, dont nous exposons le casque militaire et les lunettes
qui l’ont rendue célèbre. »
Durant sa courte vie, Ecaterina
Teodoriu a eu la chance de rencontrer la reine Marie, 2e reine de
Romanie, épouse du roi Ferdinand Ier (1875-1938). C’était à l’époque où la
reine elle-même offrait son aide en tant qu’infirmière de charité dans la
Première Guerre mondiale. Les actes d’Ecaterina Teodoroiu ne sont pas passés
inaperçus, affirme Ruxandra Onofrei : « Après sa rencontre avec la reine
Marie, en février 1917, Ecaterina est décorée par le roi Ferdinand, en mars
1917, de la décoration de la Vertu militaire. Le même mois, Ecaterina Teodoroiu
est avancée en grade de sous-lieutenant, devenant la première femme officier de
Roumanie. Sa personnalité a été appréciée et respectée par ses
compatriotes. »
C’étaient quelques mots sur le
destin de cette brave jeune femme roumaine dont on a trop peu parlé jusqu’ici.
Il est grand temps de rendre hommage aux femmes de l’histoire roumaine sans
lesquelles, sans doute, notre présent n’aurait pas été le même. (Trad.
Valentina Beleavski)