« Dambovita, eau douce » édition 2025

Un programme plus ample qui s’étale sur l’ensemble de l'année et propose de faire de la rivière une ressource urbaine de nature écologique, culturelle et sociale, essentielle pour le développement durable de la ville et le bien-être de ses citoyens.

Ana-Maria Cononovici, 29.07.2025, 13:25

La Journée internationale des Rivières est célébrée chaque année à la mi-mars. A cette occasion, à Bucarest, a débuté une action visant à revitaliser la Dâmbovița, la rivière qui traverse la capitale. Il s’agit d’un projet intitulé « Dambovita, eau douce », un programme plus ample qui s’étale sur l’ensemble de cette année et propose de faire de la rivière une ressource urbaine de nature écologique, culturelle et sociale, essentielle pour le développement durable de la ville et le bien-être de ses citoyens. A l’origine du projet, l’on retrouve l’Association « Ivan Patzaichin – Mila 23 » et « Nod Makerspace ».

Pour commencer nous avons demandé à Teodor Frolu, vice-président de l’Association « Ivan Patzaichin – Mila 23 » de nous raconter les débuts de cette initiative :

« Notre histoire a commencé en 2015, lorsque la Bibliothèque nationale a organisé une première intervention sur les bords de la rivière. Une portion de quelques centaines de mètres a été équipée de pontons pour la période estivale. C’est l’Association « Ivan Patzaichin – Mila 23 » qui s’en est chargée, aux côtés de la Mairie de la Capitale. C’était un premier exemple pour montrer aux habitants ce que l’on pourrait faire de la Dâmbovița. Plus tard, nous avons organisé différents événements, des rencontres et des conférences, pour présenter des exemples de ce qui est fait dans d’autres capitales européennes. Nous avons commencé à collaborer avec la Mairie de Bucarest et avec toutes les autres autorités en charge des différents secteurs de la ville traversés par la Dâmbovița. » 

Vers un renouveau écologique et sociale

Effectivement, entamer une collaboration avec les 14 entités administratives en charge des différents secteurs traversés par la rivière est l’un des plus grands défis de cette démarche dont l’objectif est de revitaliser les berges de la rivière, affirme notre invité. Car la Dâmbovița s’inscrit dans les infrastructures majeures de la capitale roumaine. Teodor Frolu explique :

« Ces 5 dernières années après la pandémie, aux côtés de « Nod Makerspace » nous avons mise en place un festival appelé « Dâmbovița Delivery ». Il se tient chaque automne au cours de la Semaine du Développement Durable. Notre objectif est de rapprocher  les bucarestois de leur rivière. C’est pourquoi les 5 pontons qui y ont été aménagés seront réhabilités de sorte à accueillir des activités tout le long de l’été. Ils seront dotés de barques et les espaces qui maintenant sont abandonnés ou tout simplement ignorés par la ville retrouveront une nouvelle vie ».

Et ces événements rassemblent chaque année de plus en plus de participants. Si l’édition 2022 de « Dâmbovița Delivery » a réuni à l’époque quelques milliers de visiteurs, l’année dernière, selon Teodor Frolu, l’événement a accueilli entre 15 000 et 20 000 visiteurs en seulement deux jours. Tamina Lolev, architecte et présidente de l’Association Nod Maker Space, a ajouté:

« Nod Makerspace, hub culturel et créatif, s’est installé sur les rives de la Dâmbovița depuis une dizaine d’années. Depuis 5 ans nous organisons des activités et des projets sur les berges. Nous sommes tombés amoureux de la Dâmbovița, à l’instar du grand canoéiste Ivan Patzaichin. Peu à peu nous nous sommes rendus compte que cette ressource inutilisée de la ville avait en effet un potentiel fantastique et ce n’est qu’une question de temps et d’alignement des acteurs autour de la Dâmbovița pour que la rivière se développe d’une manière saine à l’avenir. Et par acteurs, j’entends toutes les parties de la société, en effet, plusieurs institutions gèrent le boulevard, les trottoirs, l’eau ou encore les espaces verts. Nous avons créé ce programme « Dâmbovița eau douce » pour plusieurs raisons : pour que les gens et les habitants de Bucarest puissent se rapprocher de la rivière, puissent avoir une perception positive de celle-ci, parce qu’elle contient en réalité de la vie et même si à première vue elle n’est pas visible, la végétation est bel et bien présente le long de la rivière. Il y a toute sorte de poissons, d’insectes, de petits animaux, d’oiseaux. Et à l’avenir nous souhaiterions que cette vie se développe et s’enrichisse, parce que nous pouvons estimer que d’ici 5 à 10 ans, le festival « Dâmbovița delivery » se transforme en un couloir émeraude rafraichissant la ville. »

De nombreux évènements à venir

Nous avons appris que l’événement de ce mois de mars avait réuni une centaine de bénévoles, ce qui est beaucoup pour une action d’écologisation, preuve d’une implication croissante des habitants dans ce type d’initiatives. Quelles sont les prochaines étapes envisagées pour continuer à développer ce projet ? Réponse avec Tamina Lolev:

 « Le 12 avril, dans le quartier des « Nations-Unies », au niveau du débarcadère en béton, actuellement inutilisé, nous allons installer deux pontons flottants et une barrière pour filtrer les déchets flottant dans le cadre de l’événement « rues ouvertes ». Plus tard, du 6 au 8 juin, dans le quartier de Timpuri Noi, nous organiserons l’édition estivale de « Dâmbovița Delivery ». Dans ce contexte, nous allons également célébrer l’accès à l’eau. A cette occasion, le débarcadère en béton de Timpuri Noi sera aménagé alors que sur la terre ferme le boulevard sera aménagé pour les piétons et nous organiserons des activités sur l’eau et sur les berges. Enfin l’édition d’automne de « Dâmbovița Delivery » se déroulera les 20 et 21 septembre, à l’Opéra de Bucarest. Il s’agira d’un événement sur deux jours, pendant tout un weekend, avec un accès à l’eau dans le quartier de l’Opéra, avec des activités organisées avec des embarcations, ainsi que des ateliers artistiques et ludiques sur la terre ferme. »

L’association Ivan Patzaichin – Mila 23, baptisée en hommage au légendaire canoéiste roumain et multiple champion olympique, s’investit activement dans la mise en valeur des cours d’eau en Roumanie. À travers l’organisation d’un festival dédié aux canots à rames et de compétitions fluviales, elle entend promouvoir les richesses naturelles et culturelles des rivières roumaines tout en soutenant le développement local. Elle cherche ainsi à illustrer l’importance de préserver et de réhabiliter ces écosystèmes urbains. Au-delà de leur valeur écologique, ces cours d’eau constituent en effet une ressource précieuse pour le bien-être des habitants, appelés à redécouvrir leur rôle essentiel dans l’équilibre et l’attractivité des villes.