Vifs débats autour du déficit budgétaire
Parallèlement avec les négociations en vue de la création d’un nouveau gouvernement, les autorités de Bucarest cherchent des solutions pour réduire les dépenses publiques.

Roxana Vasile, 29.05.2025, 13:17
Mercredi, 10 heures de consultations politiques
Une fois installé dans le fauteuil présidentiel, le nouveau chef d’Etat de la Roumanie, le pro-occidental Nicusor Dan a invité tout de suite les partis représentés au Parlement à des consultations informelles. A l’ordre du jour, deux objectifs : d’une part négocier la création du futur Exécutif, d’autre part – identifier d’urgence des solutions responsables pour remédier au déficit budgétaire énorme de la Roumanie.
Mercredi, au bout de plus de 10 heures de consultations, il a été convenu qu’en parallèle avec les négociations sur le futur gouvernement, les partis pro-européens élaborent un plan de mesures visant à réduire les dépenses publiques qui soit assumé et mis en œuvre par le nouvel Exécutif.
Pour ce faire, un groupe technique de travail a été créé, réunissant des représentants du Parti Social-Démocrate (PSD), du Parti National Libéral (PNL) et de l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR), qui formaient l’ancienne coalition gouvernementale, et des membres de l’Union sauvez la Roumanie (USR) et du Groupe des minorités nationales autres que celle magyare. Des représentants de l’Administration Présidentielle participeront aussi aux travaux de ce groupe.
Réduire les personnels des institutions publiques
Tout cela, puisque « la situation économique et financière de la Roumanie est compliquée et puisqu’il est possible que le pays ne puisse pas éviter d’augmenter certaines taxes et impôts », comme l’a averti le chef par intérim du PNL, Ilie Bolojan, celui que le président Nicusor Dan aimerait avoir au poste de premier ministre.
Ilie Bolojan a énuméré plusieurs solutions aux problèmes budgétaires de la Roumanie :
« Principalement, il faut réduire les dépenses de fonctionnement de l’Etat roumain, analyser chaque institution et réduire les personnels, là où c’est possible. A mon avis une réduction des personnels s’impose, tout comme l’élimination des sinécures, de toute dépense injustifiée, de sorte à offrir des services de la même qualité, mais avec un volume beaucoup plus réduit de dépenses de la part de l’Etat »
Supprimer des bonus au lieu d’augmenter la TVA
A son tour, le chef de file par intérim de l’Union Sauvez la Roumanie, Dominic Fritz, estime qu’il faut couper certains bonus, avant de penser à la hausse de la TVA :
« Avant d’augmenter la TVA, même d’un seul point de pourcentage, et d’en gagner 7 milliards de lei, vaut mieux couper le bonus d’antenne, par exemple, qui est de 6 milliards de lei. Et ce n’est pas le seul exemple. Le budget du pays est le résultat de la volonté politique de ceux qui la gouvernent. A mon avis, c’est le moment de montrer notre volonté politique, de ne pas dépenser plus d’argent que l’on a. »
A préciser que le « bonus d’antenne » est un supplément de 15% ajouté au salaire des employés de la fonction publique travaillant dans des bâtiments considérés comme exposés au risque de radiation car étant dotés d’une antenne.
Une attention accrue aux futures mesures
Et pas en dernier lieu, le président de l’UDMR, Kelemen Hunor, plaide pour une attention accrue portée aux futures mesures de redressement économique :
« Notre principal défi est d’apporter cette année des recettes supplémentaire de près de 30 milliards de lei, si l’on veut avoir un déficit de 7 %. Mais cela n’est possible ni par la croissance des impôts et des taxes, ni par la coupe des dépenses. Opter uniquement pour une de ces approches, cela entraînerait un déséquilibre budgétaire et des tensions au sein de la société. »
Enfin, du côté de l’opposition parlementaire ultra-nationaliste, seuls les représentants du Partis des Jeunes (POT) ont participé aux consultations avec le chef de l’Etat ce mercredi, en plaidant pour une meilleure collecte des taxes. Pour leur part, l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) et SOS Roumanie ont refusé l’invitation du président Nicusor Dan de participer aux consultations. (Trad. Valentina Beleavski)