La Roumanie court le risque de perdre des fonds européens importants
A défaut de prendre des mesures rapides de redressement budgétaire, la Roumanie pourrait perdre des fonds européens importants.
Ştefan Stoica, 05.06.2025, 13:18
Les mesures pour réduire le déficit, une priorité
Pour la première fois dans l’histoire post-communiste de la Roumanie, les discussions en vue de la création d’une large coalition gouvernementale ne commencent pas à Bucarest par la négociation des postes des futurs ministres, mais par les débats concernant le futur programme de gouvernance, et notamment par les mesures à mettre en place d’urgence pour réduire le déficit budgétaire excessif. C’est une bonne chose, mais cela n’exclut pas la nécessité d’avoir un cabinet au plus vite, à même d’adopter des mesures pour redresser l’économie nationale. C’est d’autant plus urgent, qu’en l’absence de telles mesures, la Roumanie fera l’objet d’une procédure européenne qui pourrait lui causer de perdre des fonds européens importants à compter de la fin 2026.
La Roumanie est le seul Etat-membre qui affiche des déséquilibres macro-économiques excessifs
C’est la Commission européenne qui a présenté mercredi une radiographie économique de l’UE, selon laquelle, la Roumanie est le seul pays du bloc communautaire qui affiche des déséquilibres macro-économiques excessifs. Son déficit budgétaire est le plus élevé de l’UE, car, selon la Commission, Bucarest n’a pris aucune mesure efficace pour le réduire, alors qu’il en avait assumé plusieurs en janvier dernier. Plus concrètement, la réforme fiscale promise n’est toujours pas entrée en vigueur, alors que sa date butoir était le 1e avril dernier.
La situation budgétaire du pays s’est détériorée
La Commission pointe aussi du doigt la détérioration de la situation budgétaire de la Roumanie, causée entre autres par la majoration des dépenses courantes, notamment par la hausse des salaires et des pensions de retraite. Cela fait que la dette publique du pays a augmenté à près de 55 % du PIB en 2024 et atteindra les 60 % cette année. C’est pourquoi, Bruxelles demande à la Roumanie de présenter d’urgence des mesures rapides et efficaces, sinon le pays court le risque de ne pas atteindre son objectif de corriger le déficit excessif à l’horizon 2030. Et c’est toujours en raison de ces décalages et retards, que la Roumanie est le seul Etat-membre de l’UE pour lequel la Commission européenne présentera au Conseil un document stipulant que le pays n’a pris aucune mesure efficace pour remédier à la situation.
Le risque d’une procédure compliquée
La date butoir en est le 20 juin ou éventuellement le 8 juillet prochain, lorsque sont prévues les réunions du Conseil économique et financier. Si les Etats-membres valident l’opinion de la Commission, en effet une procédure européenne s’ouvrira, à la fin de laquelle la Roumanie pourrait perdre des fonds. Ce sera une procédure de longue durée, avec différentes étapes qui incluent des communications et des décisions entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen d’une part et le Gouvernement roumain de l’autre.
La vice-présidente exécutive de la Commission européenne, la Roumaine Roxana Mânzatu, demeure quant à elle optimiste et affirme que, même si la situation est des plus sérieuses, les risques peuvent être éliminés si le nouveau gouvernement de Bucarest propose des mesures pour réduire le déficit et conclut rapidement un accord avec la Commission.
Le PNRR accumule aussi des retards
Pour ce qui est des mesures concrètes pour la réduction du déficit, des sources à l’intérieur de la Commission affirment que le la situation impose des mesures dures à effet rapide, dont la majoration de la TVA. Hormis les déséquilibres, la Roumanie doit aussi remédier aux retards du Plan national de relance et de résilience, puisqu’elle n’a pas réalisé 80 % des réformes assumées. La date butoir pour tous les Etats-membres demeure inchangée, soit le 31 août 2026, pour la mise en œuvre des mesures du PNRR et le 31 décembre pour le dernier paiement.