Négociations visant la réduction du déficit budgétaire
Le déficit budgétaire record domine toujours les débats publics en Roumanie.
Alex Diaconescu et Bogdan Matei, 06.06.2025, 13:15
Conformément à l’analyse économique semestrielle de la Commission européenne, la Roumanie est l’unique Etat de l’Union confronté à des déséquilibres macroéconomiques excessifs. Le déficit budgétaire est le plus élevé de tout le bloc communautaire d’environ 9% et conformément à la Commission, les autorités roumaines n’ont pris aucune mesure efficace pour le corriger. Citée par le correspondent de la radio publique roumaine, l’analyse de l’Exécutif communautaire souligne que la détérioration de la situation en Roumanie a été provoquée en partie par la majoration des dépenses courantes, par la hausse des salaires dans le secteur public et des pensions de retraite. La Commission demande à la Roumanie de présenter des mesures rapides et efficaces puisqu’autrement elle pourrait ne pas remplir les objectifs de correction du déficit jusqu’en 2030 et se confronter à ces procédures qui conduiraient à la perte de certains fonds européens à compter de l’année prochaine.
Un paquet des mesures visant à réduire le déficit budgétaire pourrait être présenté lundi
Ce qui est sûr pour le moment à Bucarest, c’est qu’un paquet de mesures visant à réduire le déficit budgétaire pourrait être officiellement présenté lundi, à l’issue des négociations que le chef d l’Etat, Nicuşor Dan, déroule avec les leaders de quatre partis qui se déclarent pro-européens et qui sont susceptibles de constituer le futur gouvernement : le Parti social démocrate, le Parti national libéral, l’Union Sauvez la Roumanie et l’Union démocrate-magyare de Roumanie. D’ici là les négociations dans le cadre des équipes techniques constituées d’experts des partis politiques se poursuivent. Le président Dan a précisé qu’aucune des propositions fiscales publiées dans la presse, à commencer par la majoration du taux de la TVA de certains produits et jusqu’à l’impôt progressif des salaires n’est définitive jusqu’ici. Afin de réduire le déficit à 7,5% du PIB, il faut que l’Etat roumain trouve une trentaine de milliards de lei, soit l’équivalent de 6 milliards d’euros, par la coupe des dépenses dans le secteur public, par la majoration des taxes et impôts, ou bien par un mélange des deux méthodes.
Les différents partis et représentants politiques critiquent les mesures d’austérité.
Du côté de l’opposition, les nationalistes de l’AUR annoncent ne pas soutenir la majoration des taxes et impôts mais insisteront sur la baisse de 10% des dépenses de fonctionnement de l’Etat et par la suspension pour une période de cinq ans des facilités fiscales dont bénéficient certaines catégories de travailleurs de l’industrie, du bâtiment ou de l’agriculture. Entre temps, les représentants des partis pro-occidentaux n’ont pas hésité à critiquer les mesures planifiées d’austérité, qui pourraient toucher leur électorat. Le président du Conseil départemental de Timiş, le social-démocrate Alfred Simonis, a déclaré qu’il n’accepterait jamais une suspension du financement gouvernemental accordé aux travaux de construction du nouveau stade de Timisoara et qu’il était inacceptable que la ville la plus grande de l’ouest de la Roumanie souffre à cause d’erreurs commises ailleurs. Par ailleurs, la direction de l’Académie roumaine contredit catégoriquement et juge d’infondées les propos répandus dans l’espace public visant ses instituts de recherche et la recherche roumaine en général selon lesquels, ces entités ne feraient que gaspiller l’argent public sans produire grand-chose.