Les étudiants protestent pour défendre leurs bourses
Les étudiants roumains ont manifesté jeudi contre la décision de réduire leurs bourses d’études annoncée par le ministre de l’Education.
Ştefan Stoica, 27.06.2025, 13:33
Les mesures d’austérité ne contournent pas les étudiants
Les mesures d’austérité commencent déjà à nous parvenir et une période difficile s’annonce en Roumanie. Et le nouveau gouvernement de Bucarest ne le cache pas. Des coupes budgétaires sont prévues partout dans le système public, étant donné que l’année dernière, une année électorale bien fournie, a été aussi marquée par d’énormes dépenses qui ont causé des déséquilibres majeurs dans les finances publiques. C’est aux Roumains d’en payer la note, d’une manière ou d’une autre.
Les étudiants n’y font pas exception. Déjà, ils ont appris que la future manière de calculer leurs bourses entraînera une diminution considérable des sommes. C’est la principale raison pour laquelle l’Alliance nationale des organisations étudiantes de Roumanie a organisé jeudi à Bucarest et dans les autres grands centres universitaires, des manifestations de protestation contre cette intention de l’Exécutif.
Les fonds des bourses diminueront de 40 %
Dans la nouvelle variante proposée par le gouvernement, il s’agit d’allouer 10 % du salaire minimum net à chaque étudiant, soit environ 220 lei (44 €). À comparer avec la somme actuelle de 370 lei (74 €), calculée par rapport à 10 % du salaire minimum brut. Si cette mesure entre en vigueur, le fonds alloué aux bourses des étudiants diminuera d’environ 40 % et implicitement le nombre de bénéficiaires baissera aussi.
Les bourses des étudiants, déjà insuffisantes
Les étudiants tirent donc la sonnette d’alarme et affirment que la réduction des fonds alloués à l’Education ne fera qu’accentuer les iniquités qui existent déjà au sein du système éducationnel et limitera l’accès des personnes issues de milieux sociaux et économique précaires aux études supérieures. Quelles que soient les circonstances, cette initiative ne doit pas représenter une option, insistent les étudiants. Et pour cause : la réduction du déficit budgétaire de la Roumanie ne sera pas résolue en limitant les mécanismes de soutien et d’insertion concernant les étudiants. D’ailleurs, les actuelles bourses sont insuffisantes selon les étudiants :
Une étudiante : « La bourse que nous avons actuellement ne couvre même pas les dépenses de base. Par exemple, cela ne suffit même pas pour payer un loyer à Bucarest. Donc, un étudiant doit s’assurer tout seul des services de base, il doit avoir accès à la nourriture et à autres services. Nous avons de nombreux collègues qui sont forcés de prendre un deuxième travail, puisque la bourse ne leur suffit pas. Tout cela fait, évidemment, baisser la performance académique et favorise le décrochage universitaire. Cela peut aussi créer un précédent, puisque ils ont déjà coupé les subventions des transports, maintenant ils diminuent les bourses. Alors qu’est-ce qui va suivre ? »
Un ajustement est nécessaire, selon le ministre
En réplique le ministre de l’Education, Daniel David déclare que la Roumanie est un des pays ayant le meilleur mécanisme de bourses du système public. Il est aussi d’accord, que pour des raisons financières, ce mécanisme doit être dimensionné d’une manière acceptable.
Daniel David : « En ce qui concerne la réduction du fonds destiné aux bourses, certes, il est inférieur à l’année 2024, mais il est à 10 % plus élevé que celui de l’année 2023. »
Les bourses universitaires ne sont pas les seules visées. Il s’agit aussi de réduire le nombre des bourses allouées aux élèves du système pré-universitaire. Questionné à ce sujet, le président de la Roumanie Nicusor Dan a déclaré que l’actuel système était déséquilibré et qu’il était en fait anormal d’allouer des bourses dites « de mérite » à 30 % des élèves, comme c’est le cas actuellement. (trad. Valentina Beleavski)