« TATA / Papa », un documentaire multi-récompensé
Une histoire personnelle qui a ému le public lors de festivals et a été récompensée par de nombreux prix, « TATA / Papa », le documentaire écrit et réalisé par Lina Vdovîi et Radu Ciorniciuc, vient de sortir dans les salles de cinéma à travers la Roumanie. Présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto, ce film a déjà été sélectionné dans de nombreux festivals internationaux et a remporté de nombreuses distinctions.
Corina Sabău, 27.09.2025, 10:44
Une nouvelle collaboration Lina Vdovîi – Radu Ciorniciuc
Une histoire personnelle qui a ému le public lors de festivals et a été récompensée par de nombreux prix, « TATA / Papa », le documentaire écrit et réalisé par Lina Vdovîi et Radu Ciorniciuc, vient de sortir dans les salles de cinéma à travers la Roumanie (distribué par Culoar Films). Présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto, ce film a déjà été sélectionné dans de nombreux festivals internationaux et a remporté de nombreuses distinctions.
De nombreuses récompenses
Parmi elles, mentionnons : le Prix « Silver Horn » accordé aux réalisateurs de films à thématique sociale dans le cadre du Festival International du Film de Cracovie, le prix « Human Rights in Motion » du Festival International du Film Documentaire de Biarritz, la distinction « Alpe Adria Cinema » du meilleur documentaire et le Prix du Public du Festival du film de Trieste, ou encore le Prix du meilleur documentaire sur les Droits de l’Homme, décroché en Hongrie. En Roumanie aussi, la production « TATA / Papa » a été récompensée du Prix de la meilleure réalisation au Festival Astra et du Prix du Public du festival « Les Films de Cannes à Bucarest » en 2024.
Lina Vdovîi et Radu Ciorniciuc reviennent ainsi sur les grands écrans, avec une nouvelle création qui met à profit leur solide expérience de journalistes et la maturité de leur approche cinématographique.
Une histoire personnelle et émouvante
« TATA / Papa » est une histoire sur les traumas hérités, sur les silences au sein d’une famille, sur les abus vécus par les Roumains partis travailler à l’étranger et sur l’espoir dans une vie meilleure.
Tout commence par une enquête à la caméra cachée, menée en Italie, où Lina Vdovîi a documenté les abus soufferts au travail par son père. A part l’enquête elle-même, le film propose une double exploration : celle du présent tendu et du passé douloureux, qui les a séparés pendant des années. Ce documentaire devient ainsi une radiographie intime des relations de famille et de la manière dont les traumas peuvent se transmettre ou peuvent être affrontés.
Une enquête à la base du film
Nous avons demandé Radu Ciorniciuc comment a vu le jour ce deuxième documentaire écrit et réalisé aux côtés de Lina Vdovîi. Il nous a parlé aussi des risques que les deux ont assumés en filmant cette histoire :
Radu Ciorniciuc : « Le fait d’être journalistes à la base et d’avoir déjà traité des sujets qui se développent dans le temps, à mesure que l’on les documente, cela nous a aidés en quelque sorte à ne pas nous paniquer au moment où l’histoire que nous voulions filmer en Italie a commencé à changer. Initialement, on voulait mener une investigation pour trouver une solution à un problème auquel le père de Lina était confronté au travail : un chef violent qui ne le payait qu’au noir. Il s’agit là, en fait, d’esclavage moderne. Et nous avons investi tous nos équipements et toute notre énergie dans ce sujet. On a donné une caméra cachée au père de Lina, pour qu’il puisse documenter tous ces abus. On lui a appris comment faire cette documentation, pas seulement d’un point de vue technique, mais aussi éthique, un autre aspect très délicat. Au moment où nous avons eu les enregistrements faits par le père de Lina, une autre approche nous est venue à l’esprit. Nous avons constaté qu’il avait transformé la caméra, cet appareil d’investigation, en un journal, un outil de communication directe avec sa fille. Avant cela, leur relation n’était pas extraordinaire. Et au moment où nous avons vu ces enregistrements destinés à Lina, on s’est rendus compte que le film avait pris une tournure assez dramatique et qu’il ne pouvait pas exister en l’absence de cette composante de la relation entre la fille et son père. »
La relation père – fille sous les projecteurs
« Une exploration puissante des relations toxiques entre les générations et une réflexion profonde sur les manières d’y échapper, si l’on peut y échapper. Ayant des fois la caméra tournée vers elle-même (grâce à Radu Ciorniciuc), Lina Vdovîi s’adresse des questions incommodes sur son propre passé, sur son père et sur les femmes de sa famille. Finalement, une fois devenue mère, elle semble préparée à se détacher de son passé et à avancer. Finalement elle s’est réconciliée », ont conclu les journalistes de « Hammer to Nail », une plateforme en ligne dédiée à la critique et à la découverte de films ambitieux.
Le public est touché
Au micro de RRI, Radu Ciorniciuc nous parle des retours du public au sujet de ce film :
« Nous avons eu des expériences extraordinaires dès les premières projections du film, à Toronto. Nous avions, bien sûr, l’expérience de notre film antérieur, « My home/ Acasa » avec lequel nous avons voyagé et eu beaucoup de belles opportunités de rencontrer le public. Mais, une chose qui ne nous est jamais arrivée auparavant, s’est passé plusieurs fois cette fois-ci : après chaque représentation et session de questions-réponses, le public nous approchait pour nous raconter des histoires de leur vie, des détails avec lesquels ils avaient résonné grâce à ce film. C’est le signe absolu que notre film est universel et qu’il réussit à communiquer de la manière dont nous souhaitions. C’est-à-dire que nous avons réussi à appuyer sur le bon bouton pour que les gens puissent s’ouvrir et communiquer eux aussi des détails difficile à dire ».
Produit par Monica Lăzurean-Gorgan, de Manifest Film, « TATA / Papa » n’est pas le seul succès de l’équipe Lina Vdovîi – Radu Ciorniciuc. En 2020, ils avaient lancé « My home/ Acasa/ Chez moi », le premier documentaire roumain sélectionné et récompensé dans la compétition World Cinema Documentary au Festival du Film Sundance aux Etats-Unis. Il a été aussi sélectionné aux Prix de l’Académie des Films Européens (EFA 2020) et a remporté une quarantaine de prix nationaux et internationaux. (trad. Valentina Beleavski, Andra Juganaru)