La Roumanie et la majorité numérique
Pour la première fois en Roumanie, une loi a été adoptée, introduisant le concept de maturité numérique à l'âge de 16 ans et protégeant les mineurs dans l'environnement en ligne.
Fromenteaud Charlotte, 07.10.2025, 12:35
La Roumanie se positionne à l’avant-garde européenne en matière de protection des mineurs dans l’espace numérique. Le Sénat de Bucarest a adopté, par 123 voix contre 6 abstentions, une loi instaurant la « majorité numérique » à 16 ans. Ce texte inédit fixe un cadre juridique précis pour l’accès des enfants aux plateformes en ligne : création de comptes soumise à l’accord parental, obligation pour les fournisseurs d’appliquer des filtres d’âge et interdiction de la publicité personnalisée visant les mineurs. Les parents disposeront également du droit de restreindre ou de supprimer les comptes de leurs enfants. La loi entrera en vigueur après son adoption définitive par la Chambre des députés.
Une régulation inédite pour une enfance connectée
Portée par la sénatrice libérale Nicoleta Pauliuc, présidente de la commission de la défense et de la sécurité nationale, cette initiative marque un tournant dans la régulation du numérique. « Les enfants roumains ont le droit d’être protégés dans le monde digital comme dans le monde réel », a déclaré la sénatrice, soulignant que le texte « ne censure pas, mais responsabilise ». La loi impose aux plateformes une série d’obligations : filtrage par âge, classification du contenu, protection renforcée des données et interdiction de la publicité ciblée. « Grâce à cette loi, les parents retrouvent le droit d’être parents et les enfants ont la chance d’être des enfants, en toute sécurité », a insisté Nicoleta Pauliuc.
Un mouvement européen en faveur de la maturité numérique
L’adoption de cette loi intervient dans un contexte de préoccupations croissantes liées à l’exposition des mineurs aux risques en ligne — défis dangereux, accès à des substances illicites ou troubles psychologiques. La Roumanie rejoint ainsi la France, la Grèce et l’Espagne, qui militent pour un âge de maturité numérique commun à l’échelle de l’Union européenne. Le Danemark, à la tête du Conseil de l’UE, en a fait une priorité, tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite favorable à une régulation européenne des réseaux sociaux pour les enfants.