La semaine du 6 au 12 octobre 2025
La Cour constitutionnelle de Roumanie a choisi, pour la deuxième fois, de reporter sa décision sur la réforme des retraites des magistrats / La ministre roumaine des Affaires étrangères, Oana Țoiu, en visite officielle à Washington / La Roumanie propose la création d’un centre de sécurité maritime en mer Noire qui serait coordonné par Bucarest / Le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, en visite en Roumanie pour discuter de la PAC
Corina Cristea, 12.10.2025, 11:00
Réforme des retraites des magistrats : la Cour constitutionnelle temporise à nouveau
La Cour constitutionnelle de Roumanie a choisi, pour la deuxième fois, de reporter sa décision sur la réforme des retraites des magistrats. Le projet de loi, pour lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité devant le Parlement, prévoit à la fois une réduction des pensions et un relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite, de 48 à 65 ans. En revanche, les juges constitutionnels ont rejeté les recours déposés par les partis d’opposition contre les réformes de la Santé et des entreprises publiques, ouvrant ainsi la voie à leur promulgation. Le Premier ministre roumain, Ilie Bolojan a salué ces décisions, estimant qu’elles offraient au gouvernement la possibilité de supprimer les postes redondants, de plafonner les indemnités, de corriger les salaires jugés excessifs et de renforcer l’efficacité du système public de santé. « Il n’est pas facile de corriger des dérives ancrées depuis des années, mais chaque jour, nous nous efforçons de redresser la situation », a encore déclaré le chef du gouvernement. Lundi, les partis de la coalition devraient présenter la version finale du plan de réforme de l’administration publique, une mesure-clé dans la stratégie de réduction du déficit budgétaire, jugé particulièrement élevé.
Washington et Bucarest renforcent leur partenariat stratégique
En visite officielle à Washington les 8 et 9 octobre, la ministre roumaine des Affaires étrangères, Oana Țoiu, a mené une série d’entretiens politiques et diplomatiques avec son homologue américain, Marco Rubio. Ce dernier a salué les efforts constants de la Roumanie pour honorer ses engagements en matière de dépenses de défense et son rôle de pilier sécuritaire dans la région de la mer Noire. Le renforcement du partenariat stratégique entre Bucarest et Washington, ainsi que l’exploration de nouvelles perspectives de coopération, ont constitué les axes centraux de cette première rencontre bilatérale. Les discussions ont porté sur des sujets clés — défense, sécurité, énergie et économie — mais aussi sur l’influence positive que les deux nations peuvent exercer dans leur voisinage commun. Les deux ministres ont également évoqué la participation des entreprises américaines aux grands projets roumains, notamment dans les secteurs nucléaire civil et gazier, ainsi que les opportunités d’élargissement des échanges économiques. Le dossier du Visa Waiver a été abordé en détail, Oana Țoiu soulignant les bénéfices que la suppression des visas apporterait en matière de sécurité frontalière et de développement touristique. Un point particulier de la rencontre a été consacré à la communauté roumaine installée aux États-Unis, considérée comme un pont vivant entre les deux sociétés et un acteur clé du resserrement des liens bilatéraux. Enfin, les deux responsables ont discuté de la visite que le président roumain Nicuşor Dan doit effectuer à Washington au premier trimestre de l’année 2026, une visite au cours de laquelle il devrait rencontrer le président Donald Trump, marquant ainsi une nouvelle étape dans le dialogue politique entre les deux capitales.
Bucarest plaide pour un centre européen de sécurité maritime en mer Noire
La Roumanie a soumis à l’Union européenne une proposition ambitieuse : la création d’un centre de sécurité maritime en mer Noire, que Bucarest se propose de coordonner. Cette structure inclurait également des pays non membres de l’Union, mais disposant d’un accès à la mer Noire, afin de renforcer la coopération régionale dans un espace géostratégique particulièrement sensible. Le ministre roumain des Investissements et des Projets européens, Dragoş Pîslaru, a précisé que l’objectif est de soutenir des projets à la fois dans le domaine de la défense et dans celui du développement de l’ensemble de la région :
« Un centre de sécurité maritime, qui se propose de mener des actions concrètes pour renforcer la sécurité, tant en ce qui concerne, bien sûr, les zones de défense, mais aussi en ce qui concerne les infrastructures critiques – n’oublions pas que nous avons Neptun Deep, nous avons la zone de protection du littoral, des drones volent autour de la mer Noire, mais aussi en ce qui concerne la protection du commerce, le port de Constanţa – ce sont des projets anciens, développons-les dans un contexte européen. Et maintenant, voilà, c’est le moment idéal pour le faire, surtout dans cette perspective de sécurité et, évidemment, dans la perspective plus large de développer toute la région. »
La proposition a été discutée jeudi à Bucarest, lors d’une conférence internationale consacrée à la mise en œuvre de la stratégie européenne pour la mer Noire.
La Roumanie plaide pour une PAC ambitieuse et mieux dotée
En visite officielle de deux jours en Roumanie, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, a rencontré des responsables gouvernementaux, ainsi que des représentants du monde agricole et des producteurs locaux. Au cœur des discussions : la future politique agricole commune (PAC) et la nécessité de garantir un équilibre entre ambition et financement. Le Premier ministre roumain Ilie Bolojan a rappelé mercredi que cette politique devait « rester équilibrée et bénéficier d’un budget adéquat », alors que certains États membres plaident pour une réduction des fonds européens. Selon les estimations présentées par Christophe Hansen, la Roumanie devrait percevoir au moins 16,6 milliards d’euros au titre de la future PAC, se plaçant ainsi au sixième rang des bénéficiaires de l’Union européenne. Lors de la conférence nationale sur l’agriculture, le ministre Florin Barbu a toutefois nuancé cet optimisme, précisant que le montant alloué reste inférieur de 5 milliards d’euros à celui prévu dans le programme stratégique 2014-2020. Il a également plaidé pour la mise en place de mécanismes d’indemnisation rapides et clairement définis en cas de catastrophes naturelles. En réponse, le commissaire Hansen a annoncé que la Roumanie bénéficierait d’une aide exceptionnelle de 11,5 millions d’euros issue de la réserve agricole européenne, destinée à soutenir les producteurs frappés par le gel printanier.