Evaluation des agences de notation internationale
Le déficit budgétaire de la Roumanie ne diminuera pas autant que prévu en début d'année 2026, selon les prévisions des analystes financiers internationaux

Alex Diaconescu, 13.10.2025, 12:58
Le gouvernement roumain, engagé dans une course contre la montre pour préserver la confiance des marchés, guette avec une attention fébrile toute évaluation des agences de notation internationales. Une dégradation de la note souveraine plongerait la Roumanie dans la catégorie des pays « non recommandés » aux investisseurs, compliquant considérablement son accès aux marchés financiers et alourdissant le coût de l’endettement. Pour l’heure, ce scénario a été évité grâce aux premières réformes fiscales et budgétaires engagées par l’exécutif. Mais l’accalmie reste fragile : l’agence Fitch Ratings a publié vendredi une révision prudente de ses estimations concernant le déficit public. Selon son rapport, celui-ci devrait se réduire à 8,5 % du PIB en 2025, contre 9,3 % l’an dernier, avant de se stabiliser autour de 7 % en 2026 et 6,5 % en 2027 — un rythme de consolidation jugé encore insuffisant au regard de la situation budgétaire.
Des finances publiques sous pression
Dans son analyse, Fitch avertit que le récent collectif budgétaire illustre les difficultés auxquelles Bucarest est confrontée pour enrayer la dérive de ses finances publiques et engager un assainissement crédible à moyen terme. « Les mesures fiscales supplémentaires pourraient également rencontrer des obstacles dans leur mise en œuvre, dans un contexte de lassitude face à l’austérité, de croissance modérée et d’incertitude politique persistante », notent les analystes. D’après la révision budgétaire du 1er octobre, le déficit attendu pour cette année atteindra 8,4 % du PIB, au lieu des 7 % initialement prévus. Cette aggravation découle principalement de la hausse des dépenses publiques, estimées à 1,6 % du PIB supplémentaire, notamment sous l’effet de l’augmentation des intérêts de la dette, des dépenses de santé et des aides sociales. Fitch estime que cette rectification ne permettra au déficit global de se réduire que de 0,3 point de PIB.
Un équilibre budgétaire encore lointain
Malgré le gel des dépenses instauré en janvier 2025 par l’ancien gouvernement et le paquet fiscal adopté en juillet par la coalition actuelle — censé rapporter 1,1 % du PIB —, la réduction du déficit reste freinée par des pressions sociales croissantes, des coûts d’emprunt en hausse et une croissance économique atone. Ces facteurs rendent difficile toute trajectoire compatible avec la stabilisation de la dette publique. Fitch rappelle que la réduction durable des déficits est une condition essentielle pour lever la perspective négative associée à la note « BBB- » attribuée à la Roumanie. « Compte tenu de l’ampleur du déficit et du processus de consolidation pluriannuel, le principal défi sera de restaurer la crédibilité de la politique budgétaire, notamment après les multiples révisions des objectifs de 2024, qui ont fait passer le déficit de 5 % à 8,7 % en trésorerie », souligne l’agence. Les nouveaux plans budgétaires devront, selon elle, démontrer clairement l’engagement du gouvernement à redresser les comptes publics et à contenir la dette dans des proportions soutenables. (trad. Charlotte Frommentaud)