Nouveau tour du monde pour la violoniste Diana Jipa et le pianiste Ștefan Doniga
La violoniste Diana Jipa et le pianiste Ștefan Doniga sont repartis faire le tour du monde. Ils viennent ainsi de terminer leur tournée Musica Prohibita.
Ana-Maria Cononovici, 21.10.2025, 09:57
Au début de cette année, ils ont été reconnus comme les seuls musiciens au monde à avoir joué en moins de 100 jours sur les 7 continents et les premiers à avoir donné un concert professionnel de musique classique en Antarctique. Ils ont également reçu la certification officielle du Guinness des Records pour la tournée de concerts la plus rapide sur tous les continents. La violoniste Diana Jipa et le pianiste Ștefan Doniga, car c’est bien d’eux dont il s’agit, n’ont pas attendu longtemps et sont déjà repartis faire le tour du monde. Ils viennent ainsi de terminer leur tournée Musica Prohibita. Ștefan Doniga nous a confié à cette occasion :
« Cette fois-ci, nous avons consacré notre tournée à un sujet très sérieux, le 80e anniversaire de la fin de l’Holocauste et de la Seconde Guerre mondiale, afin de montrer que l’art n’est pas seulement un divertissement, mais qu’il fait partie intégrante de la réalité de la société actuelle. Nous avons présenté des œuvres signées par des compositeurs qui ont subi diverses formes de persécution tout au long de leur vie, et nous les avons présentées à travers le monde, dans des villes qui abritent des sièges des Nations Unies, également de manière symbolique, pour la lutte mondiale contre la persécution et l’oppression. »
Diana Jipa a précisé
« Comme le disais, cette fois-ci, nous nous sommes rendus dans les villes qui abritent des sièges de l’ONU. Nous avons été à Genève, à Vienne, à Nairobi, à Brisbane, où se trouve un siège destiné aux populations autochtones, mais aussi à New York. Et ce afin d’illustrer notre projet Musica Prohibita, consacré aux compositeurs opprimés par les régimes totalitaires. Ces concerts ont été accueillis avec enthousiasme et empathie. »
Ștefan Doniga a ajouté :
« Évidemment, le public vient aux récitals par plaisir, pour écouter de la belle musique, moins pour recevoir des messages d’une telle profondeur et qui évoquent même des choses assez graves. Mais ce qui est beau, c’est que ces compositeurs que nous avons inclus dans notre programme ont réussi à transformer les drames de leur vie en véritables miracles artistiques. Ainsi, le public a finalement rencontré la beauté, la richesse de l’âme, la richesse spirituelle, et cela a eu un impact positif et a généré une joie commune pour nous, les interprètes, et pour les auditeurs.»
Les deux musiciens se sont donné pour mission de sensibiliser le public de quatre continents à la manière dont la culture a représenté, au cours des moments les plus dramatiques de l’histoire, le dernier refuge et le dépositaire le plus complet des valeurs humaines, devenant ainsi la forme de résistance la plus puissante et la plus authentique face à toute forme d’oppression. Diana Jipa :
« Comme mon collègue aime à le dire, la culture est synonyme de vérité, car en fin de compte, la culture doit servir la vérité. Si l’on y réfléchit bien, on peut en conclure que, dans une certaine mesure, ces concepts sont synonymes. C’est pourquoi nous avons voulu donner un but à un beau répertoire. De nos jours, il ne semble plus suffisant de chanter, le public a besoin de sens, d’une raison pour se rendre au concert. Pour le conquérir, pour exposer nos idées, nos causes, nous essayons toujours de trouver ces prétextes, afin d’attirer le public et de le sensibiliser à certains thèmes très sérieux. »
Quant à la musique et aux histoires racontées à travers les morceaux présentés pendant la tournée, Ștefan Doniga nous a expliqué :
« Nous avons fait de la diffusion de la musique roumaine partout dans le monde, autour du globe, notre profession de foi. Il y avait donc des compositeurs roumains, comme Paul Constantinescu, Myriam Marbé et notre jeune et très talentueux ami Roman Vlad, qui a dédié une œuvre à notre tournée, une œuvre en première audition, mais aussi des compositeurs de musique universelle, qui ont été marqués par certains moments dramatiques de l’histoire. Le monde entier connaît le destin de Dmitri Chostakovitch, par exemple, et il était présent dans notre répertoire, tout comme Ernest Bloch, un compositeur juif d’origine suisse, né à Genève. Et nous avons été heureux de commencer notre tournée à Genève et d’évoquer sa personnalité, mais aussi celle, moins connue, de Sergei Bortkiewicz, un compositeur au destin particulièrement tumultueux, marqué par toutes ces vagues dramatiques de l’histoire du XXe siècle et qui transmet très bien, non seulement à travers sa musique, mais aussi à travers sa biographie, tous ces messages que nous avons intégrés dans notre projet. »
S’ensuit une tournée de promotion de la musique d’Enescu à Tokyo, avec trois concerts, puis un voyage musical à travers le pays, au départ de Cluj, révélant les valeurs de la musique populaire dans les créations, « D’Anton Pann à George Enescu ».